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Empereur, & d'un

pere

abfolu

» & violent, pour me contrain»dre à manquer aux paroles que »je vous avois donné, mon » intention & ma felicité me per» fuadoient que je pourrois les » mettre à execution, mais on »m'a lié malgré moi à la per» fonne que mon pere me defti» noit; cependant toute leur. puiffance ne fera pas capable » de diminuer la paffion que j'au›› rai toute ma vie pour vous: » m'est-il permis de me flatter » que vous ne m'oublierez point, » & que vous ferez affez bonne » pour me donner quelquefois de » vos nouvelles; je fupplie Made» moiselle votre Sœur de me con »tinuer fa protection auprès de » vous, foyez perfuadées toutes » deux que perfonne n'est plus digne de vôtre pitié que le trifte » Comte de Caprara.

دو

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Monfieur de la Charce étoit

dangereusement malade, lorfque Mademoiselle de la Charce reçut cette lettre; le défespoir qu'elle lui caufa lui fit honneur, tout le monde l'attribua à l'extrémité où étoit fon pere, ainsi elle fe trouva en état de donner un libre cours à fa douleur, fans que perfonne en foupçonnât la veritable raison; il est certain que la fituation où elle voyoit fon pere, qui mourut quelques jours aprés, la toucha vivement, ainfi on peut dire qu'elle étoit accablée de tous côtez. Mademoi felle d'Aleyrac ne l'étoit gueres moins, la perte de M. de la Char& la compaffion que lui infpiroit fa focur, la rendoient peu differente de fon aînée, qui ne pouvoit trouver d'adouciffement à fes maux,qu'ens'entretenantavec Mademoiselle d'Aleyrac. L'auriez vous crû,ma chere focur,lui difoitelle, que le Comte ne fût qu'un

ce,

parjure & un infidele? vous êtes témoin des affurances qu'il me donnoit de la durée de fa ten. dresse; il devoit résister aux volontez de fon pere & à tous les obstacles qui auroient pû fe prefenter, dans le dessein de se conferver pour moi. Quoi ! ajoûtoitelle, après des paroles aufquelles il ne devoit jamais manquer, il m'abandonne, le perfide, & fe donne à une autre; y a t'il fous le Ciel une trahison plus horrible? la maniere dont je l'aimois meritoit-elle un pareil traitement? moi qui depuis le premier moment que je l'ai connu, je n'ai fongé qu'à lui plaire ; j'aurois dédaigné tous les Monarques de l'Univers pour m'artacher à lui, & l'ingrat me quitte fans peine. Pourquoi, interrom pit Mademoiselle d'Aleyrac, penfez-vous qu'il vous quitte fans peine, je fuis persuadée qu'il a

combattu avec vigueur, autant qu'il lui a été poffible; mais les puiffances qui s'oppofoient à vôtre bonheur, étoient trop redoutables pour entreprendre de les vaincre, je le crois auffi à plaindre que vous. Ah ma foeur, répondit Mademoiselle de la Charce, vous connoiffez mal fon cœur & le mien, ils ne doivent point entrer en comparaifon, s'il m'a aimée, ce n'eft que lorfqu'il me voyoit, & moi je fens que je ferai affez malheureuse pour l'aimer jufqu'au tombeau; mais il ignorera ma foibleffe, car il n'aura jamais de mes nouvelles, il a la hardieffe de demander votre protection, quel ufage prétend il en faire? que veut-il que vous me difiez en fa faveur que je dois continuer d'aimer un inconftant ? à quoi lui ferviroit ma tendresse pendant qu'il eft entre les bras

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d'une autre? Non, il ne merite que ma haine, la raifon me défend d'avoir d'autres fentimens pour lui; mais ma funeste étoile veut que ce qui devroit être mépris & avertion, fe change en un cruel dépit qui me perfecutera tant que je vivrai, malgré la juftice & malgré moi. Mais, répondit Mademoiselle d'Aleyrac, que pouvoit-il alléguer contre les ordres abfolus dont il s'eft vû tyrannisé ? Ah : ne l'excufez point, interrompit Mademoifelle de la Charce, il auroit dû aller au bout du monde, plutôt que de manquer à fa parole. En pouvoit-il donner de pofitives, reprit Mademoiselle d'Aleyrac, puifqu'il dépendoit d'un pere impérieux? Il n'a donc fongé qu'à me tromper, pourfuivit Mademoiselle de la Charce, s'il n'étoit pas fon maître, pourquoi a-t'il engagé ma liberté ? on ne

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