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ce papier étoit rempli, en même tems il lui donna la lettre du Comte, qui étoit cachetée & où il n'y avoit point d'adresse; fa distraction, plutôt que fa curiofité, l'engagerent à l'ouvrir mais fi-tôt qu'elle eut jetté les yeux deffus, il ne lui fut pas difficile d'en reconnoître l'écriture, ce qui avoit rapport au Comte étoit trop bien gravé dans fa memoire, pour la laiffer un mo. ment en doute. Quoi s'écriat'elle, tout ce qui fe montrera devant moi fous une figure humaine, n'y vient que pour me faire une trahifon; eft-il poffible que l'habit le plus fimple, & qui doit couvrir des corps dont l'ame doit être innocente, foit mis en ufage pour me tourmenter; enfuite ayant regardé & re. connu le faux Hermite, allez, poursuivit-elle, en lui jettant la lettre, reportez à votre perfide

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Maître, ce qui ne peut être que la continuation de fes parjures. De grace, Mademoiselle, répondit le messager, ne refusez point de vous inftruire des mal. heurs qui l'accablent, fi vous en étiez témoin comme moi, vous lui accorderiez au moins votre pitié, fi vous ne vouliez pas lui rendre quelque chofe de plus, je n'oferois dire votre tendreffe, c'est une derniere faveur qu'il vous demande, car je ne doute pas que le mépris que vous marquez pour tout ce qui vient de fa part, ne le mette hors d'état d'en exiger d'autres, étant perfuadé que la douleur dont il fera pénétré le réduira bientôt au tombeau. Vous peignez fa dou leur, interrompit Mademoiselle de la Charce, avec des couleurs qui ne lui conviennent point; vous le fçavez auffi bien que moi, ainfi je vous regarde comme un

agent affectionné à fon maître, fans faire cas de la verité, mais qui n'aura pas le don de me perfuader des chofes qui n'ont aucune vraisemblance; je ne veux. point même en entendre parler davantage, ajoûta-t'elle avec un air fier, il m'a oubliée dans le tems qu'il devoit le plus penfer à moi, qu'il me laiffe la liberté de tâcher de ne me plus fouvenir de lui; d'ailleurs que prétendroit il à present ? puis-je avec honneur conferver quelques liaifons avec un homme qui m'a trompée fi indignement ? fi j'avois une pareille foibleffe, je meriterois les traitemens que j'éprouve. Le meffager fit encore beaucoup d'inftances pour obtenir ce qu'il defiroit, il implora, le fecours de Mademoiselle d'A. leyrac, qui prit la lettre, & lui promit de faire fon poffible pour obliger fa fœur de la lire, qu'il

fe trouvât le lendemain au même endroit, qu'elle lui rendroit réponse de fa négociation; enfuite elles rentrerent dans le Châreau, & l'Hermite se retira. Mademoiselle de la Charce vouloit réfifter aux follicitations de fa focur, mais fon cœur n'étoit pas d'accord avec fa gloire; enfin elle ne pût s'empêcher d'écouter la lecture que Mademoiselle d'Aleyrac fit de cette lettre, qui

étoit en ces termes.

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» Vous me traitez comme le

plus criminel de tous les hom» mes, lorsque vous devriez me regarder comme le plus malheureux; j'étois livré entre les » mains de ceux de qui je dépend,& par les droits de la na »ture & par ceux du devoir, » mon amour m'a fait réfifter à » leurs volontez beaucoup plus long tems que la raison ne le » demandoit ; j'avoue que je de

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» vois mourir plutôt que de man» quer à ce que je vous avois pro »mis; le porteur vous affurera qu'il me reftoit fi peu de liberté, que les moyens de finir mes jours m'étoient refufez; » à prefent que mon obéissance forcée me laiffe maître de ma » destinée, je fuis prêt à vous fa»crifier ma vie, ordonnez de » mon fort, il n'y a rien que je » ne faffe pour n'être point haï » de vous,

Il est bien tems, s'écria Mademoiselle de la Charce, de me dire d'ordonner de fon fort quand il n'eft plus ni à fa dispo fition, ni à la mienne; romprat'il son mariage? m'a-t'il consultée avant que de le faire? m'at'il offert de se foûmettre à ma décifion avant que de fe livrer à une autre ? j'aurois peut-être été affez genereuse pour lui confeiller ce qui auroit contribué à fes

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