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avantages, j'ai l'ame affez noble pour préferer fes interêts aux miens, s'il m'avoit inftruit de ce qui fe paffoit; mais l'infidele ne m'en a parlé que lorsque tout a été conclu. Oui, je le hais par ceque je l'ai trop aimé, & que je ne fçaurois demeurer dans l'indifference pour un homme qui m'avoit infpiré tant d'amour. Finiffez donc cette fois avec lui, répondit Mademoiselle d'Aleya rac, faites une réponse qui l'o blige à vous laiffer en repos, plus vous en entendrez parler & plus votre tranquilité s'éloignera vous avez trop de raison pour qu'il puiffe vous refter des efperances; dans les premiers tems je tâchois de l'excufer, pour ne point aigrir votre douleur, vous étiez moins agitée avant que fon Valet de chambre eût parû, ce qui le rappelle dans votre fou venir, ne fert qu'à vous tour

menter; il n'y a donc de reffour ce pour vous, qu'en oubliant cet ingrat. Helas! je ne dois donc compter fur aucun foulagement, répondit Mademoiselle de la Charce, car je ne me fens pas de difpofition à le chaffer de ma memoire, il y eft trop bien gravé, ce n'est pas ce meffager feul qui me le rappelle, tout y contribue jufqu'au ramage des oi. feaux, j'éprouve toutes les hor reurs qui fuivent une paffion malheureuse; & ce qui me touche encore, c'est l'ennui que je vo cause par mes plaintes. Ne parlez point de cette façon, ma chere fœur, repartit Mademoifelle d'Aleyrac, il eft inutile de vous renouveller les affurances de ma tendreffe, elie doit vous être connuë auffi bien que le defir que j'aurois de contribuer à votre fatisfaction; fervez-vous de votre courage en cette occa

fion, le tems ne vous refufera pas le fecours qu'il accorde à tous les mortels, il vient à bout des choses les plus difficiles, il guérira vos maux, comme il a fait ceux de beaucoup d'autres; répondez comme fi vous aviez furmonté votre amour, marquez plus de fermeté que je ne vous en trouve > & rompez entierement un commerce qui vous fe roit à present plus de tort que d'honneur. Mademoiselle de la Charce ne put retenir ses larmes pendant cette conversation, le foin que le Comte avoit pris d'envoyer un meffager de fi loin pour fçavoir de fes nouvelles, n'avoit trouvé que trop de fenfibilité dans fon cœur ; mais les raisons que lui alléguoit Mademoiselle d'Aleyrac, paroiffoient fi folides, qu'elle n'auroit ofé les combattre, quand même elle en auroit eu quelques tentations; de plus,

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lorfqu'elle penfoit que le Comte s'étoit donné à une autre, fon dépit fe ranimoit; ce fut dans un de ces mouvemens qu'elle écrivit ces mots:

» Vivez pour profiter des avan » tages dont vous joüiffez par la » poffeffion d'une jeune & belle » femme, & des grands biens

رو

pour

qu'elle a joints aux vôtres; je » croyois qu'il y avoit affez d'an» tres & de cavernes dans 1U»nivers fe dérober aux » yeux du monde, plutôt que » de meriter volontairement les » titres d'ingrat & de parjure; » pour moi, qui fouffriroit la » mort avant que de manquer à » ma parole, je tiendrai celle » que je vous donne de ne ja» mais lire aucunes de vos let» tres par quelques voyes qu'el» les me viennent, & vous affure »que celle-ci fera la derniere » que vous aurez de moi.

Hé bien, ma Sœur, dit Mademoiselle de la Charce à Mademoiselle d'Aleyrac, que pensezvous de ce que je mande au Comte le mépris qu'il merite de ma part est il affez marqué? paroît il autant d'indifference que je devrois en fentir pour cet infidele, & dont j'avouë à ma confufion que je fuis bien éloignée ? je ne veux pas même revoir fon envoyé, vous lui donnerez cette lettre, & vous lui direz qu'elle contient ma derniere volonté, qu'il peut en affurer fon Maître. Mademoiselle d'Aleyrac fe chargea de la lettre

& fe rendit le lendemain à l'endroit où elle avoit donné rendez vous à l'Hermite déguifé. Il reçut la dépêche, changea d'habit dans la Ville où il s'étoit métamorphofé, & reprit la route de Vienne. Le Comte connut par la réponse de Mademoi

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