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avec tant de fermens, vous ve. nez encore pour accabler ma famille & détruire fes biens ; que vous refte-t'il à faire pour me marquer votre haine ? Le Comte étoit demeuré en la pofture d'un fuppliant devant Mademoiselle de la Charce, il n'avoit pas eu la force de dire une feule parole; mais ces derniers reproches, qu'il ne croyoit pas meriter, le tirerent du ravil fement où il étoit : Ah! Made. moiselle, lui dit.il, ne troublez pas un bonheur fur lequel je comptois fi peu par des difcours abfolument éloignez de la veri té: quoi j'ai la fatisfaction de vous revoir encore, ajoûta-t'il avec un air tendre, & je ne meurs pas de joye à vos pieds. Vous ne devez pas craindre un pareil accident, répondit Mademoi felle de la Charce, votre fenfibilité fur ce qui me regarde ne

va pas affez loin pour déranger un moment votre repos; je fçai le cas que je dois faire de vos paroles, ainfi il est inutile de vous fatiguer à vouloir me prouver le contraire de ce que je pense fur votre chapitre, vous êtes engagé à une autre, par conféquent je ne ne dois jamais avoir de commerce avec vous, je vous l'ai affez mandé, pour qu'il foit inutile de vous le repeter. Les violences que l'on m'a faites, repartit le Comte, & les réfiftances que j'y ai oppofées ne m'ont donc point fervi d'excuses auprès de vous ? que puis-je faire pour meriter quelque place. dans votre fouvenir, n'ofant plus. en demander dans votre cœur? Vous auriez bien mauvaise opinion du dernier, interrompit Mademoiselle de la Charce, fi vous le croyiez affez lâche pour yous donner des marques d'une

tendreffe qui doit en être bannie pour toujours le premier ne fçauroit vous être avantageux, puifque je ne peux me fouvenir de vous, que comme d'un parjure que j'ai aimé de trop bonne foi, & que je voudrois n'avoir jamais connu. Vous conferverez toujours, répondit le Comte, des droits pour difpofer de mon fort, il ne tient qu'à vous de les mettre en pratique à prefent, je me déclare votre prifonnier, conduisez-moi où il vous plaira. Je fuis trop genereuse, repartit Mademoiselle de la Charce,pour profiter de l'offre que vous me faites, je n'ai nulle envie de dé. ranger votre réputation dans l'efprit de ceux de qui vous dé pendez, faites feulement retirer vos troupes de ce lieu, leur approche a caufée tant de frayeur à ma mere, que je craindrois pour la vie, fi elle alloit plus

avant. Vous ferez obéie, répondit le Comte; je ne peux cependant me repentir de leur avoir fait prendre cette route, puifqu'elle me procure l'extrême felicité dont je joüis dans ce moment: m'eft-il permis de vous demander, continua t'il, par quelle

avanture vous vous trouvez en cette contrée ? Mademoiselle de la Charce lui expliqua les raifons qui avoient obligé fa mere de venir dans cette terre, fans lui dire l'efperance qu'elle avoit eûë de le rencontrer ou d'en entendre parler; elle ajoûta même, qu'elle n'avoit marché que dans la vûë de deffendre ce paffage contre qui que ce fût qu'il l'eût attaqué qu'ainfi s'il s'opiniâ troit à s'en rendre maître, il falloit qu'il perça fon cœur avant que de pourfuivre fa route. Je facrifierois mon fang, ajoûta le Comte, pour le conferver, ainfi

vous aurez la gloire d'avoir fait tourner le dos à notre armée & d'avoir fauvé le Dauphiné au Roi de France; cette condefcendance ne me tiendra-t'elle lieu d'aucun merite auprès de vous? Mon deffein, repartitelle, eft de me deffendre fi vous m'attaquez, mon cœur ne fe fent point de la foibleffe de mon sexe. Après ces paroles, poursuivez fi vous l'ofez, vous m'avez fait affez d'autres maux, terminez-les tous en cette occafion. Ah! je mourrois plutôt mille fois, répondit le Comte, que de fonger davantage à un projet qui peut vous déplaire; non, Mademoifelle, on n'ira pas plus loin, quoi que mes envieux en puiffent dire, trop heureux de vous prouver en cette occafion ce que j'aurois voulu faire pour vous,fi j'en avois été le maître. Mademoiselle de la Charce n'étoit pas indifferente

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