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cheffe de Nemours, qui fe connoiffoit en merite & en efprit, fouhaita qu'elles fuffent de fa Cour; elle les traita fi gracieusement, qu'elles fe rendirent trèsaffidues chez cette Princeffe, qui goûta fort les ouvrages de Mademoiselle d'Aleyrac. Madame de Clairville qui fe trouva à Paris dans ce tems-là, voulut se mettre à la mode, en fe van. tant d'être des anciennes amies de ces Dames, elle alla leur rendre vifite; Mademoiselle de la Charce la reçut avec une civilité froide, pour la Normande, comme fon humeur n'étoit pas fi changée que fon vifage, elle avoit oublié le Comte lorfqu'elle eut perdu l'esperance de le revoir,ainfi elle fit fon poffible pour renoüer la liaison qui étoit autrefois entr'elles;mais Mademoiselle de la Charce, dont le cœur n'étoit pas fi libre, ne la voyoit qu'a

V

vec peine, lorfqu'elle fe fouvenoit de tous les chagrins qu'elle lui avoit caufé; le Marquis de Parville ne put auffi refifter à la curiofité que lui inspirerent toutes les louanges que l'on donnoit à Mademoiselle de la Charce, il arriva chez elle fans lui en faire demander la permiffion; il connut aisément qu'un procedé si libre ne lui plaifoit pas, elle le traita avec tant de fierté, qu'il n'ofa y retourner une feconde fois, il eft vrai qu'il n'étoit plus conduit par l'amour, l'absence & l'éloignement l'avoit détruit, `mais rien n'avoit pû vaincre l'averfion que Mademoiselle de la Charce avoit conçûë pour lui, en le regardant comme l'auteur des fourberies qu'elle avoit ef fuyée : les deux Normands n'infifterent pas davantage, & délivrerent cette Compagnie de leur importune présence. Madame &

Mademoiselle de la Charce refterent quelques mois à Paris, avec la fatisfaction d'être gracieufées de tout le monde; mais la derniere ne pouvoit fentir de veritable joye; le tumulte de la Cour & de la Ville ne fervoit qu'à aigrir ses peines; la folitude de la Campagne convenoit mieux à la fituation de fon cœur, dont elle ne pouvoit effacer l'idée du Comte: elle pria donc fa mere de retourner en Dauphiné, puifqu'a près avoir remercié le Roi des graces qu'il lui avoit fait, elle n'avoit plus autre chose à fouhaiter. Madame de Nemours les preffa fort de refter, mais n'aïant rien gagné fur la mere & fur Mademoiselle de la Charce, elle fe retrancha à garder Mademoiselle d'Aleyrac, qui avoit moins de goût pour la Province que les deux autres; ce fut une dure féparation pour ces tendres fœurs:

mais enfin Madame de la Charce partit & mourut peu de temps après. Mademoiselle de la Charde accablée de ce nouveau déplaifir, ne lui furvêquit pas de beaucoup, & Mademoiselle d'Aleyrac a fini fes jours à Paris,quelques années après fa mere fa foeur. Voilà, Madame, un recit très-fincere de la vie de Mademoiselle de la Charce, tel que vous l'avez fouhaité; j'ai peutêtre trop circonftancié des chofes de petite importance, mais j'ai cru ne devoir rien negliger de ce qui a rapport à ce que vous vouliez apprendre, je regarderai comme un grand bonheur pour moi, fi cette occafion vous per fuade du respect & de l'attaches ment avec lequel je suis, &c. ~

FIN.

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