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du Marquis de Los Balbaffés Ambaffadeur d'Espagne, qui parut au deffus de toutes celles que l'on avoit vûes jufques là : il avoit grand nombre de Seigneurs Efpagnols à fa fuite, entre autres le Duc de Saint Pierre fon Gendre, lequel après la mort de sa femme, fille du Marquis de Los Balbaffés, a épousé à la Cour de France la Veuve du Marquis de Refnel, fœur du Marquis de Torcy Secretaire d'Etat.

Le Roi déclara que Monfieur le Prince de Conti, qu'il deftinoit à Mademoiselle de Blois, épouferoit Mademoiselle avec la Procuration du Roi d'Espagne, que la célébration fe feroit au mois de Septembre à Fontaine, bleau.

&

Chacun fe difpofa pour ce Voyage, en attendant, notre il. luftre troupe profitoit des promenades de Paris, & de celles

S

des environs de cette grande Ville.

Une jeune Veuve qui étoit logée à l'Hôtel de Tours comme elle, lia une grande amitié avec Mefdemoiselles de la Charce, ou pour parler plus jufte, cette perfonne fe jetta, comme on dit vulgairement, à leur tête, car dès le premier moment qu'elle les vit, elle leur fit des avances & des proteftations de tendreffe, que l'on ne sçauroit fentir fi promptement; ces prudentes perfonnes la traiterent avec toute la politeffe & l'hon. nêteté poffible, fans marquer autant d'empreffement, voulant la connoître avant que de l'aimer; elle étoit de Normandie, & fe nommoit Madame de Clair

ville: on ne peut pas affurer que ce fut une beauté, mais l'envie qu'elle avoit de paffer pour telle,

& l'air de coquetterie qui lui étoit naturel, joint à la fraicheur de fon teint, faifoit un compofé qui la rendoit très-capable de plaire. Comme elle n'avoit point d'équipage, & qu'elle avoit beaucoup d'envie d'aller partout où le monde fe rencontroit, elle offrit à Mefdemoiselles de la Charce d'être de toutes leurs promenades & de toutes leurs Parties, leur perfuadant qu'elle leur feroit très-utile, parce qu'elle connoiffoit Paris depuis longtems, & qu'elle les inftruiroit de ce qui étoit digne d'être remarqué; que de plus, des perfonnes comme elles, devoient examiner les gens avec qui elles fe roient quelque liaison; enfin elle leur donna beaucoup de confeils, qui tendoient tous à éloigner ceux qui pourroient occuper la place qu'elle s'étoit destinée dans

le Caroffe de Madame de la Charce.

La rufée Normande fit fi bien, qu'elle s'infinua dans les bonnes graces de la mere & des filles ; de maniere qu'elles ne pouvoient plus fe paffer d'elle.

Un jour qu'il faifoit très-beau tems, elle propofa à ces Dames d'aller fe promener à Vincennes. Madame de la Charce qui étoit la complaifance même, voulut

bien donner cette fatisfaction à fes filles & à Madame de Clairville; la journée étoit fi belle, qu'ils rencontrerent un nombre infini de Caroffes, ce qui caufa beaucoup d'embarras quand on voulut revenir, celui de Madame de la Charce fe trouva dans le plus grand; & quand on voulut le dégager, il fut accroché par un autre qui le renverfa ; les quatre Dames qui étoient dedans, firent des cris fi éclatans,

qu'elles épouvanterent les che vaux, de maniere qu'ils prirent mords aux dents; elles auroient couru un danger manifefte, fans le fecours de plufieurs jeunes hommes qui fe promenoient à pied; il y en eut un entre autres pouffé par un présentiment qu'il ne connoiffoit point, qui s'expofa plus que fes camarades, il se jetta à la bride des chevaux, quoique le péril parût évident & s'y attacha avec tant de force & d'adreffe, malgré les conseils de ceux de fa compagnie, qui trembloient pour l'état où ils le voioient, qu'enfin il eut le bonheur de les arrêter fans qu'ils lui fiffent aucun mal; il ordonna auffitôt que l'on coupât les traits, puis il alla au Carosse où il trouva les Dames à demi mortes: la feule Mademoiselle de la Charce montra de la fermeté en cette occafion : elle avoit remar

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