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tes,pour la croire capable d'un véritable attachement ; il penfa que toutes les avances qu'elle lui faifoit tomberoient aifément fur un nouvel objet, contant que les perfonnes de l'humeur dont elle paroiffoit,faifoient plus de cas des derniers venus, que des premieres connoiffances. Il refolut donc de prier Madame de la Charce de permettre qu'il lui presentât un de fes meilleurs amis, & fon proche parent; c'étoit le Comte de Velfbergt Allemand comme lui, à peu près de même âge, & d'une figure affez agréable pour obliger une coquette à faire diverfion; il choisit celui-ci, parce que fon caractere avoit du rapport avec celui de Madame de Clairville, il étoit grand débiteur de fleuretes, il alloit juf qu'aux proteftations de fçavoir aimer mieux qu'un autre: mais ce n'étoit que pour le moment

présent qu'il tenoit ses discours à la perfonne à qui il parloit, car il auroit affirmé les mêmes chofes à trente dans une journée, s'il les avoit trouvés à portée de l'écouter, & il avoit le bonheur que pas une ne troubloit fon repos d'un inftant. Le Comte de Caprara le crut très digne d'amufer la veuve Normande, il lui propofa donc de l'accom pagner chez Madame de la Charce, il lui parla en plaifantant de la conquête qu'il lui deftinoit, mais il avoit trop de prudence pour lui apprendre le motif qui le faifoit agir avec tant de charité, & à contribuer avec un pareil foin à fon plaifir. Le Comte de Velfbergt étoit trop diffipé, pour s'en informer, il fut content de fçavoir qu'il trouveroit une perfonne qui écouteroit fes douceurs d'auffi bon cœur qu'il les débiteroit, il ne lui en

falloit pas davantage, pour le faire marcher : les Dames le reçurent fort gratieusement, le Comte de Caprara lui avoit fi bien dépeint Madame de Clairville, qu'il n'eut pas de difficulté à la démêler; ses manieres évaporées étoient trop differentes de celles de Mesdemoiselles de la Charce, pour s'y méprendre : les dernieres avoient un air no. ble & modefte, qui infpiroit le refpect & la retenue, celui de Madame de Clairville promettoit peutêtre plus de liberté qu'elle n'en auroit donné vérita blement. Le Comte de Velfbergt s'attacha donc à lui faire fa cour elle ne le rebuta point, quoiqu'elle ne laiffât pas d'agaffer de tems en tems le Comte de Caprara on joua comme à l'ordinaire, la promenade suivit les jeux, cette journée ne déplut point au Comte de Velsbergt, mais Caprara

ne fut pas plus heureux qu'il l'a: voit été jufqu'ici, il ne fe préfenta aucunes occafions qui lui permit d'entretenir Mademoiselle de la Charce, il s'imagina qu'u ne partie de campagne pourroit lui fournir plus de commodité pour parvenir à ce qu'il defiroit; dans cette vûë il propofa un jour à Monfieur &à Madame de laCharce d'aller voir le Château & les Jardins de Saint Cloud, & de trouver bon qu'il leur donnât à fouper en ce lieu. Ils ne voulurent point refuser une personne à qui ils avoient tant d'obligations; les fervices effentiels qu'ils en avoient reçûs avoient donné occafion à la connoiffance; & le merite reconnu de part & d'autre, avoit formé la liaison : ainfi la

partie fut arrêtée pour le lende main. Le Comte de Caprara demanda la permiffion d'augmen ter la Compagnie par la préfen

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ce d'un de fes amis plus âgé que en lui & que le Comte de Velsbergt, d'une humeur toute differente de celle du dernier ; il avoit des emplois confiderables dans les Troupes de l'Empereur, la curiofité l'avoit amené à Paris comme les autres. Le Comte de Caprara l'engagea à être de cette promenade, dans la vûë qu'il étoit tel qu'il convenoit pour ocuper Monfieur & Madame de la Charce, ainfi il fe flatta de pro. fiter de quelques momens de converfation avec Mademoiselle de la Charce, laquelle ne marquoit ni empreffement ni peines, pour les plaifirs où on la menoit. Lorfque l'on fut dans les Jardins de Saint-Cloud, le Comte de Rofembourg s'attacha à caufer avec Monfieur & Madame dela Charce, quoiqu'il n'eût aucune connoiffance des deffeins du Comte de Caprara, mais le fé

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