Après quoi, de nouveau, le foc y paffera; » Et de rechef auffi ma terre enfemencée, » Si j'en crois ma pensée, » Produira, par mon soin, » Légumes que l'on vend & dont on a befoin: » Un troifiéme labour pourra fe faire enfuite, » Et d'autres légumes encor » Quantité me fera produite : » J'en ferai de l'argent pour groffir mon tréfor. Fort bien; c'est le moyen de n'être point à vuide : Mais à la troifiéme moiffon, Le champ fe récria...» Villageois trop avide; دو Que fais-tu ? L'intérêt eft un bien mauvais guide; » Reconnois ton erreur & reçois ma leçon. » Grace à ton nouveau plan, chaque jour je m'épuife, » Et mon fonds, loin qu'il reproduife, »Ne vaut pas même la façon. A ces mots, le manan voit quelle eft fa folie La terre par l'art affoiblie, Par le fecours de ce même art, Un pédant hériffé de grec & de latin, Le tourmente comme un lutin. Quoi qu'il arrive, il veut qu'à fon troifiéme luftre L'éléve qu'il inftruit, brille en docteur illuftre : Il le gonfle trop tôt de latin & de grec; Il veut, bon gré, mal gré, qu'il fache tout produire Et ne ceffe enfin de l'instruire, Que lui-même ne foit à fec. Qu'arrive-t'il? La terre trop hâtée 2 Par un fatras de mots, la cervelle gâtée, Ne forcez jamais la nature, Vous, de qui la jeunesse implore le fecours; Et fachez au terrein mesurer la culture. FABLE IV. Efculape & tes Graces. A Mr. POISSONNIER, docteur & profeffeur royal en médecine. JE te dois une fable, & voici mon tribut; Puiffe-t'il, cher ami, mériter ton fuffrage! Lorfque du féjour du tonnerre, Efculape fut député Pour aller être fur la terre Le défenfeur de la fanté, Contre les maux qui font la guerre Jupiter voulut que les Graces Se fiffent un plaifir d'accompagner fes traces Momus, ariftarque éternel, Trouva, dans ce choix-là, matiere à railleries ; Par cet oracle folemnel. » Le corps, chez les mortels, n'eft pas le plus malade; » J'ai remarqué dans la plûpart, 8 D Que l'efprit, d'ordinaire, a la plus forte part, رو Les Graces rempliront dignement cet office. Ainfi fut fait; dont bien nous prit, Qu'il faut des agrémens l'innocent artifice, Sur l'effet du reméde envain l'on nous éclaire; Avance bien la guérison. FABLE V. La Perdrix, le Pigeon & le Paon: Quoique tu fois funeste à mille autres oiseaux, Je ne tomberai point, amour, dans tes réseaux, Et que l'on avoit élevée Sous les loix du devoir, dans la crainte des dieux, Il fallut cependant qu'elle effuyât l'hommage Et d'un paon au riche plumage : Ce dernier-là, furtout, lui parut dangereux. Ce Le paon a de, grands airs; Jupiter l'a fait naître que l'on nomme un petit maître. Un petit maître. Bon!... Eh! Qu'est-ce que cela?... Ce que c'eft, cher lecteur?... Allez à l'opera, Un jour de Tancrede, ou d'Armide; |