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fuppofition. Si au contraire il le pouvoit indépendemment l'un de l'autre, le premier qui commenceroit à produire des êtres, détruiroit fon égal; car cet égal ne pourroit pas produire ce que le premier auroit produit: donc fa puiffance feroit bornée par cette restriction. Borner fa puiffance ce feroit borner fa perfection, & par conféquent fa fubftance même. Donc il eft clair que le premier des deux qui agiroit librement fans l'autre, détruiroit l'infini de fon égal. Que fi on fuppofe qu'ils ne peuvent agir l'un fans l'autre, je conclus que ces deux puiffances réciproquement dependantes l'une de l'autre, font imparfaites & bornées l'une par l'autre, & qu'el les font un compofé fini. Il faut donc revenir à une puiffance veritablement une & indivifible,

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pour trouver le veritable infini. Il n'y auroit pas plus de raison à admettre deux êtres infinis, qu'à en admettre cent mille, & qu'à en admettre un nombre infini. On ne doit admettre l'infini qu'à caufe de l'idée que nous en avons. Il n'eft donc queftion que de trouver ce qui remplit cette idée. Or eft - il, qu'un feul infini la remplit toute entiere; qu'un infinité d'infinis n'y ajoûte rien; qu'au contraire ils fe détruiroient les uns les autres, & que leur collection ne feroit plus qu'un tout fini, par une contradiction manifefte. Donc il est évident qu'il ne peut y avoir qu'un feul infini.

Quelle folie donc d'adorer plufieurs dieux. Pourquoi en croirai-je plus d'un? L'idée de la fouveraine perfection ne fouffre que l'unité. O vous, Etre infini

qui vous montrez à moi, vous. êtes l'Etre par excellence; & il ne faut plus rien chercher aprés vous ! Vous rempliffez toutes chofes, & il ne refte plus de place ni dans l'univers ni dans mon efprit même pour une autre perfection égale à la vôtre. Vous épuisez toute ma pensée. Tout ce qui n'eft pas vous, eft infini. ment moins que vous. Tout ce qui n'eft pas vous-même, n'est qu'une ombre de l'être, un être à demi tiré du néant, un rien dont il vous plaît de faire quelque chose. O Etre feul digne de ce nom! Qui eft femblable à vous ? Où font donc les vains fantômes de divinité, que l'on a ofé comparer à vous ? Vous êtes, & tout le reste n'est point devant vous. Vous êtes, & tout le refte qui n'eft que par vous, eft comme s'il n'étoit pas. C'est

vous qui avez fait ma pensée: C'est vous feul qu'elle cherche & qu'elle admire. Si je fuis quel que chofe, ce quelque chofe fort de vos mains: Il n'étoit point, & par vous il a commencé à être: Il fort de vous, & il veut retourner à vous. Recevez donc ce que vous avez fait : Reconnoiffez votre ouvrage. Periffent tous les faux dieux qui font les vaines images de votre grandeur. Periffe tout être, qui veut être pour foi-même, ou qui veut que quelque autre être foit pour .Periffe, periffe tout ce qui n'eft point à celui qui a tout fait pour lui-même. Periffe toute volonté monftrueuse & é. garée, qui n'aime point l'uni que bien, pour l'amour duquel tout ce qui eft a reçû l'être,

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Simplicité.

E conçois clairement par toutes les reflexions que j'ai déja faites, que le premier être eft fouverainement un & fimple; d'où il faut conclure que toutes fes perfections n'en font qu'une; & que fi je les multiplie, c'eft par la foibleffe de mon efprit, qui ne pouvant d'une feule vûë embraffer le tout qui eft infini & parfaitement un, le multiplie pour fe foulager & le divife en autant de parties qu'il a de rapport à diverses chofes hors de lui. Ainfi je me reprefente en lui autant de degrez d'être qu'il en a communiqué aux créatures qu'il a produites, & une infinité d'autres qui correfpondent aux créatures plus parfaites en remontant

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