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te unité où eft-elle, fi non en Dieu ? O Dieu! il n'y a que vous. Moi-même, je ne fuis prefque point: Je ne puis me trouver dans cette multitude de pensées fucceffives qui font tout ce que

puis trouver de moi. L'unité qui eft la verité même, se trouve fi peu en moi, que je ne puis concevoir l'unité fuprême, qu' en la divifant & en la multipliant, comme je suis moi-même multiplié. A force d'être plufieurs pensées dont l'une n'eft point l'autre, je ne fuis plus rien; & je ne puis pas même voir d'une feule vûë celui qui eft un, parce qu'il eft un, & que je ne le fuis pas. O qui me tirera des nombres, des compofitions & des fucceffions qui fentent fi fort le néant! Plus on multiplie les nombres, plus on s'éloigne de l'être précis & réel

qui n'eft que dans l'unité : Les compofitions ne font que des affemblages de bornes; tout y porte le caractere du néant ; c'eft un je ne fçai quoi, qui n'a aucune confiftance, qui échappe de plus en plus à mesure que l'on s'y enfonce, & qu'on y veut regarder de plus près: Ce font des nombres magnifiques, & qui femblent promettre les unitez qui les composent; mais les unitez ne fe trouvent point: Plus on preffe pour les faifir, plus

elles s'évanouiffent: La multitude augmente toûjours; & les unitez feules, veritables fondemens de la multitude, femblent fuïr & fe jouer de notre recherche: Les nombres fucceffifs s'enfuient auffi toûjours: Celui dont nous parlons, pendant que nous en parlons, n'est déja plus: celui qui le touche, à peine est-il, &

il finit, trouvez-le, fi vous pouvez: le chercher, c'eft l'avoir déja perdu. L'autre qui vient, n'est pas encore : il fera, mais il n'eft rien; & il fera néanmoins un tout avec les autres qui ne font plus rien. Quel affemblage, de ce qui n'eft plus, de ce qui ceffe actuellement d'être, & de ce qui n'eft pas encore ! C'est pourtant cette multitude de néans qui compose mon éxiftence; de ce moi qui contemple l'être, qui le divife pour le contempler, & en le divifant qui confeffe que la multitude ne peut atteindre l'unité indivisible.

O

Eternité.

Uoique je ne puiffe voir d'une vue affez fimple la fouveraine fimplicité de Dieu, je conçois néanmoins comment

toute la varieté des perfections que je lui attribuë, se réünit dans un feul point effentiel. Je conçois en lui une premiere chofe; qui eft lui-même tout entier, fi je l'ofe dire ; & dont toutes les autres réfultent. Pofé ce premier point, tout le refte s'enfuit clairement & immediatement. Mais quel eft-il ce point? C'est celui-là même par lequel nous avons commencé, & qui m'a découvert la neceffité d'un premier être. Etre par foi-même, c'est la source de tout ce que je trouve en Dieu : c'est parlà que j'ai reconnu qu'il eft infiniment parfait. Ce qui a l'être par foi, éxifte au fuprême degré, & par conféquent poffede la plenitude de l'être. On ne peut atteindre au fuprême degré & à la plenitude de l'être que par l'infini, car aucun fini

n'eft jamais ni plein ni fuprême, puifqu'il y a toûjours quelque chofe de poffible au deffus. Donc il faut que l'être par foimême foit un être infini: s'il eft un être infini, il eft infiniment parfait, car l'être, la bonté & la perfection font la même chofe d'ailleurs on ne peut rien concevoir de plus parfait, que d'être par foi; foi, & toute perfection d'un être qui n'eft point par foi, quelque haute qu'on fe la reprefente, eft infiniment au deffous de celle d'un être qui eft par lui-même : Donc l'être qui eft par lui-même & par qui tout ce qui n'eft pas lui, exifte, eft infini ment parfait. Il faut même pour faciliter cette difcution, en reglant les termes dont je fuis obligé de me fervir, arrêter une fois pour toutes, qu'à l'avenir les manieres de m'exprimer, être par

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