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animaux nuifibles à l'homme font les moins féconds, & que les plus utiles font ceux qui fe multiplient davantage. Ôn tuë incomparablement plus de bœufs & de moutons qu'on ne tuë d'ours & de loups. Il y a néanmoins incomparablement moins d'ours & de loups, que de bœufs, & de moutons fur la terre. Remarquez encore avec Cicéron, que les fémelles de chaque efpece ont des mammelles, dont le nombre eft proportionné à celui des petits qu'elles portent ordinairement. Plus elles portent de petits, plus la Nature leur a fourni de fources de lait pour les allaiter.

,

Pendant que les moutons

font croître leur laine pour nous, les vers à foie nous filent à l'envi de riches étoffes, & fe

confument pour nous les don ner. Ils fe font de leur coque une espece de tombeau, où ils fe renferment dans leur propre ouvrage ; & ils renaisfent fous une figure étrangere, pour fe perpetuer. D'un autre côté, les abeilles vont recueillir avec foin le fuc des fleurs odoriférantes, pour en compofer leur miel; & elles le rangent avec un ordre, qui nous peut fervir de modele. Beaucoup d'infectes fe transforment tantôt en mouches, & tantôt en vers. Si on les trouve inutiles, on doit confidérer que ce qui fait partie du grand fpectacle de la Nature, & qui contribue à fa variété, n'est point fans ufage pour les hommes tranquilles, & attentifs. Qu'y a-t-il de plus beau, & de plus magnifique, que ce grand

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nombre de républiques d'animaux fi bien policées, & dont chaque efpece eft d'une conf truction différente des autres ? Tout montre combien la façon de l'ouvrier, furpaffe la vile matiere qu'il a mife en œuvre. Tout m'étonne jufqu'aux moindres moucherons. Si on les trouve incommodes, on doit remarquer que l'homme a befoin de quelques peines mêlées avec fes commoditez. Il s'amolliroit, il s'oublieroit lui-même, s'il n'avoit rien qui modérât fes plaifirs, & qui exerçât fa patience.

XX.

Arrangement admirable de tous les corps qui compofent l'Univers.

: Confidérons maintenant les merveilles qui éclatent égale

ment dans les plus grands corps, & dans les plus petits. D'un côté je vois le foleil, tant de milliers de fois plus grand que la terre ; je le vois qui circule dans des efpaces, en comparaifon defquels, il n'eft lui-même qu'un atôme bril lant. Je vois d'autres aftres peut-être encore plus grands que lui, qui roulent dans d'autres espaces, encore plus éloignez de nous. Au-delà de tous ces efpaces, qui échapent déja à toute mefure, j'apperçois encore confufément d'autres aftres, qu'on ne peut plus conter, ni diftinguer. La terre où je fuis, n'eft qu'un point, à proportion de ce tout, où l'on ne trouve jamais aucune borne. Ce tout eft fi bien arrangé qu'on n'y pourroit déplacer un feul atôme, fans déconcerter

toute cette immenfe machine, & il fe meut avec un fi bel ordre , que ce mouvement même en perpétuë la variété, & la perfection. Il faut qu'une main, à qui rien ne coûte, ne fe laffe point de conduire cet ouvrage depuis tant de fiecles,

orbe terra

& que fes doits fe jouent de Ludens in l'Univers, pour parler comme l'Ecriture.

rum.

XXI.

Merveilles des infiniment petits.

D'un autre côté, l'ouvrage n'est pas moins admirable en petit, qu'en grand. Je ne trouve pas moins en petit, une ef pece d'infini, qui m'étonne, & qui me furmonte. Trouver dans un ciron, comme dans un éléphant, ou dans une baleine, des membres parfaitement or

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