PHILOSOPHIQUES.

PREMIERE PARTIE:

DEMONSTRATION
DE L'EXISTENCE
DE DIEU,

TIRE'E DE L'ART DE LA NATURS,

SECONDE PARTIE:

DEMONSTRATION

DE LEXISTENCE DE DIEU
ET DE SES ATTRIBUTS,

TIRE'E DES PREUVES PUREMENT INTELLECT
TUELLES, ET DE L'IDE'E DE L'INFINI MESME.

Par feu Meffire FRANÇOIS DE SALIGNAC DE LA
MOTTE FENELON, Précepteur de Meffeigneurs
Les Enfans de France, & depuis Archevêque Duc
de Cambray, Prince du faint Empire, &c,

Ex Libris

francisci

nicolai

Wateble

A PARIS, 1733

Chez FLORENTIN DEL AULNE,
S. Jacques, à l'Empereur.

M. DCC. XVIII.

Avec Approbation, & Privilege du Roy.

ruë

PREFACE.

A premiere Partie de ces Oeuvres Philofophiques qu'on donne ici auPublic,avoit déja pa

ru fous le Titre de l'Art de la Nature ou de l'Existence de Dieu, elle avoit été écrite par feu M. l'Archevêque de Cambray, pour ceux à qui les démonstrations purement Métaphyfiques de l'Exiftence de Dieu, paroiffent trop abftraites. L'Auteur leur rend cette grande verité palpable par des reflexions fimples & fenfi. bles fur la ftructure de l'univers, dont les refforts admirables portent le caractere d'un Créateur fage & Tout-puiffant.

On y a ajoûté une feconde Partie, où notre Auteur démontre la même verité par des preuves purement intellectuelles, tirées de l'idée de l'infini même. De forte que les efprits de tous les differents caracteres,trouveront ici des preuves de l'Existence de Dieu, accommodées à leur goût & à leur capacité.

Au refte cette feconde Partie n'eft que l'ébauche d'un grand ouvrage que feu M. l'Abbé de Fenelon avoit entrepris dans fa jeuneffe, & qu'il n'acheva pas, On n'y trouvera peut-être point toute l'exactitude & la précision que l'Auteur y auroit pu donner s'il l'avoit retouché. On a crû pourtant ne devoir point le refu fer au Public, à caufe de la fecondité des principes fublimes & de la beauté des veritez lumi. neufes qu'on y trouve,

Pour faire appercevoir la certitude des preuves Metaphyfiques de l'Existence de Dieu,l'Au teur nous conduit d'abord dans le doute universel, mais d'une maniere bien differente de celle de quelques autres Philofophes qui ont fuivi cette route.

Le doute de notre Auteur n'eft pas un jeu fubtil de l'efprit, où après avoir douté de tout on paroît l'inventeur d'un nouveau systême rempli de belles idées, mais feches, fteriles & purement fpeculatives. Le doute de notre Philofophe a tout un autre but ; il nous conduit à des veritez plus folides. Il l'emploïe d'abord à nous faire fentir la foibleffe humiliante de l'efprit humain, & nous infpire enfuite l'ardent defir de rechercher une lumiere fuperieure pour nous éclairer. L'Auteur ne nous conduit dans