페이지 이미지
PDF
ePub

ble combien la diverfité & la régularité LES de leurs opérations vous paroîtront amu- CHENILfantes.

LES.

La Comteffe. Il me femble déja voir Monfieur le Chevalier coller fes yeux fur les coques les plus avancées, & attendre avec impatience le moment de la réfurrection. Le Pr. Hé qui pourroit n'être pas Leur métafrappé de ce petit miracle de la nature ? morphofe. Qu'on ouvre une de ces chryfalides, vous croirez n'y voir qu'une forte de pourriture où tout eft confondu. C'est cependant dans cette pourriture apparente qu'eftle germe d'une meilleure vie.Cefont des liqueurs nourricières qui donnent l'accroiffement à un animal plusparfait.Le tems de fa délivrance arrive enfin.Il perce la prifon qui le retient. La tête fe dégage par l'ouverture. Les antennes s'allongent: les pattes & lesaîles s'étendent: le papillon vole, & ne conferve rien de fon premier état. La chenille qui s'eft changée en nymphe, & le papillon qui en fort, font deux animaux totalement différens.Le premier n'avoit rien que de terreftre, & rampoit avec pesanteur; le fecond eft l'agilité même, il ne tient plus à la terre: il dédaigne en quelque forte de s'y pofer. Le premier étoit hériffé, & fouvent d'un aspec hideux: l'autre eft paré des plus vives cou

TES.

LES leurs. Le premier fe bornoit ftupidement INSEC- à une nourriture groffière: celui-ci va de fleur en fleur: il vit de miel & de rofée, & varie continuellement fes plaifirs: il jouit en liberté de toute la nature, & il l'embellit lui même.

La Comteffe. Monfieur le Prieur, voilà une image bien agréable de notre propre réfurrection.

Le Pr. Toute la nature eft pleine de traits qui nous aident à concevoir les chofes céleftes & les vérités les plus fublimes. Il y a un profit certain à l'étudier, & c'est une théologie qui eft toujours bien reçue. Le plus grand de tous les maîtres ou plûtôt notre unique maître nous a enfeigné cette méthode, en tirant la plupart de fes inftructions des objets les plus communs, que la nature lui préfentoit, & il nous a montré en particulier l'image du fruit de fa mort dans le grain de froment qui deJoan. 12. 24. meure feul, tant qu'il ne meurt pas'; mais qui étant pourri & morten terre, produit beaucoup de fruits.

La Comteffe. Quand l'étude des changemens qui arrivent aux insectes ne vous auroit valu qu'une comparaison sensible, ce n'eft pas perdre vos peines. Mais on rous apporte la caiffe que je voulois vous faire voir. Monfieur le Chevalier, en voi

oi la clef: ouvrez, & divertiffez-vous.

LES PALe Chev. Sont-ce des chenilles qui tra- PILLON 3. vaillent là-dedans ?

La Comteffe. Non, ce font des reffufci* tés du peuple chenille, mais des ressuscités à qui l'on n'a pas accordé l'immortalité avec la nouvelle vie.J'ai raffemblé & collé ici fur différentes tablettes toutes les espè ces de papillons que j'ai pu avoir. Comme on m'a enfeigné le deffein d'affez bonne heure,j'ai repréfenté fous chaque tablette les mêmes papillons d'après nature, en les accompagnant chacun de la chenille & de la chryfalide qui y ont rapport, felon leur couleur & leur grandeur naturelle. Ces tablettes vont & viennent fur leur couliffe.. Tirez-en une à l'avanture.

Le Chev. Oh les charmantes couleurs ! voyons ces tablettes de fuite, je vous prie, & commençons par la première.

La Comteffe. J'y ai rangé fur un fatin blanc les papillons de nuit. Les couleurs & les nuances en font douces & agréables, mais peu éclatantes pour l'ordinaire, & ont-befoin du relief que leur donne le blanc pour être mieux apperçues. Comme tous ces papillons ne volent que dans les ténébres, je les appelle mes papillons hibous. Les voicien peinture fous la tablette dans le même ordre, Ceux de la première Les Teignes,

LES INSEC

TES.

Mémoires de PAcadém. des

[ocr errors]

route vous repréfentent les teignes qui rongent les étoffes.

Le Chev. Elles font dans une espèce de manchon hors duquel elles allongent la tête & le corps.

La Comteffe. Ce manchon eft une loge Scienc. 1728. qu'elles fe fabriquentelles-mêmes. Au forM. de Reau- tir de l'œuf qu'un papillon a pofé fur une étoffe, ou fur une peau bien propre & bien dégraiffée, le petit trouve fur l'étoffe ou fur la peau, de quoi fe nourrir & fe loger. Il ronge le poil ou le flot du drap : il s'en nourrit, & en forme autour de lui ce logis que vous lui voyez, avec porte de devant & porte de derrière : le tout bien attaché fur le fond de l'étoffe avec différens filets & un peu de colle. La teigne met la tête tantôt à une ouverture, tantôt à l'autre : elle continue à abattre toujours & à vivre de ce qu'elle trouve aux environs. Ce qu'il faut bien remarquer, c'eft que fa tente eft toujours de la même couleur que ce qu'elle ronge. Lorfqu'elle a fait place nette autour d'elle, elle lève tous les piquets de cette tente: elle la tranfporte fur fon dos un peu plus loin, & l'attache avec fes petits filets fur un nouveau terrain. Si après avoir rongé une laine rouge, elle fe trouve placée fur une laine verte, fa loge qui jufques-là étoitrouge, prend un nou¬

« 이전계속 »