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goûts & la peine: & je vous dirai que les moments que j'ai employés à badiner avec cet aimable enfant, font ceux que j'aiem ployés le plus utilement,

La Comteffe. Il n'y a que trop de gens qui badinent: mais il y en a bien peu qui badinent avec efprit, qui mettent du deffein dans leurs jeux, & qui tendent à la vertu par le plaifir.

Le Chev. Il faut, Madame, que je vous dife un nouveau trait de la façon de Monfieur le Prieur. Après m'avoir expliqué hier toutes les pièces du métier de Tifferand, & m'en avoir montré le jeu, voyons, me dit-il, qui de nous deux faura le mieux faire aller les marches & la navette. Je m'oblige à payer dix fols pour chaque fil que je romprai. Voulez-vous travailler à ce prix? J'y confens. Nous nous mettons à l'ouvrage tour-à-tour,

La Comteffe, Ne gâtâtes-vous point

tout?

Le Chev, Nous payâmes plufieurs fois l'amende dont on étoit convenu. Nos bonnes gens étoient charmés de nous voir fi gauches, Chaque fil rompu étoit pour eux une conquête; mais en mettant la main à l'œuvre, je compris tout autrement le jeu & l'effet de toute la machine.

Le Prieur, Croyez-moi, laiffons-là &

LES prieur & tifferands: parlons d'une toile INSEC- d'une autre fabrique, où il ne faut ni méTES. tier ni navette. Madame ne trouvera pas

Mémoires de

Scienc. 1708.

mauvais que je faffe la defcription de l'araignée, & de fes outils, avant que de parler de fon ouvrage.

La Comte fe. Bon, vous parleriez de dragons & de ferpents, que je n'en aurois pas plus mal au cœur. La peinture des objets les plus affreux eft capable de faire plaifir.

Le Prieur. Il y a cinq fortes d'araignées: Académ. des 1, L'araignée domestique, qui fait fa toile M. Homberg. dans les appartements négligés. 2°. L'araiLoeevunhoek gnée des jardins, qui fait en plein air une 3. ep. 135. petite toile ronde, au centre de laquelle Lifter de elle fe tient durant le jour. 3°. L'araignée

Arcan. nat.

Arcax.

Le devant de l'araignée

noire des caves, qui demeure dans les trous des vieux murs. 4°. L'araignée vagabonde, qui ne se tient pas dans un nid comme les autres. 5. L'araignée des champs qu'on appelle le faucheur, On en pourroit compter bien d'autres. Bornonsnous à celles-là,

Toutes ces araignées ont quelque chofe de commun entr'elles: elles ont auffi quel que chofe qui les diftingue. Voyons d'abord ce qui leur convient à toutes,

Toute araignée à deux parties, dont celle de devant, qui contient la tête & la poitrine, eft féparée de celle de derrière,

ou

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ou du ventre par un étranglement, ou par
un filet fort menu. La partie antérieure et
couverte d'une écaille très-dure, auffi-
bien que
les pattes qui tiennent à la poi-
trine. La partie postérieure est couverte
d'une péau fouple: le tout eft revêtu de
poil. Elles ont en différens endroits de la
tête plufieurs beaux yeux, ordinairement
au nombre de huit, quelquefois de fix
feulement, deux fur le devant, deux fur
le derrière, les autres fur les côtés de la
tête. Tous font fans paupières & couverts
d'une croûte dure, polie, & transparente.
Comme ces yeux font immobiles, ils ont
été multipliés de la forte pour les informer
de toutes parts de ce qui a rapport à elles.
Elles ont toutes fur le devant de la tête
deux éguillons ou plutôt deux branches
hériffées de fortes pointes ou dentelées
comme deux fies, & terminées par un
ongle fait comme celui du chat. Un peu
au-deffus de la pointe de l'orgle eft une
petite ouverture par où il paroît qu'elles
verfent un poifon très-agiffant. Elles n'ont
point d'arme plus terrible contre leur en-
nemi: elles ouvrent ou étendent ces deux
branches au befoin. Quand elles ne font
plus ufage des deux ongles, elles les abaif-
fent & les couchent chacun fur fa bran-
the, comme une serpette fur fon manche.
Tome L

E

LES ARAI

GNEES.

Les yeux

Les éguillons.

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