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pour les Lettres, où la Nation femble avoir choisi l'Académie Françoife (qui n'a jamais été plus glorieufe de porter ce nom) pour offrir à un autre Sage (1) plus patriote encore, plus intéreffant dans l'infortune, plus indulgent pour la foibleffe des hommes, & fur-tout à un Citoyen plus éloquent & plus éclairé, une efpece de couronne civique, qui eft en même temps pour lui celle des talens & des lumieres; jour heureux, où nous pouvons tous nous écrier comme ce Philofophe qui venoit d'entendre applaudir Ariftide par les Athéniens : Je rends grace au Ciel de voir enfin aujourd'hui la Vertu courageufe & modefte obtenir fa récompenfe.

(1) Cet Eloge fut lu à la réception de M. de Malesherbes.

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CQUES-BENIGNE BOSSUET

naquit à Dijon le 27 Septembre 1627, d'une famille diftinguée dans le Parlement de Bourgogne. Il fe livra dès fon enfance à l'étude avec l'avidité d'un génie naiffant, qui faififfoit & dévoroit tout. Les Jéfuites, fes premiers Maîtres, ne tarderent pas à voir dans un tel Difciple les prémices d'un Grand Homme. Auffi mirent-ils en œuvre, fuivant leur ufage, les plus adroites infinuations l'attirer dans leur Compagnie, à laquelle ils ont acquis par ce moyen tant

pour

d'Hommes célebres dans les Lettres, dont les Ouvrages font aujourd'hui tout ce qui refte à cette Société de fon ancien éclat, comme il ne réste de tant d'hommes puiffans qui ont difparu, que

le peu de bien qu'ils ont fait à leurs femblables. Déjà ces Peres fe flattoient d'ajouter à leurs nombreufes conquêtes celle du jeune Boffuet, la plus brillante peut-être dont ils euffent jamais pu s'honorer; mais un oncle très-éclairé qui qui veilloit fur lui, & qui connoiffant a fond fes inftituteurs, weilloit en même temps fur eux, diffipa tout-àcoup dette vocation factice, en faisant partir fon neveu pour Paris.

Comme il fe deftinoit à l'état eccléfiaftique, il embralla toutes les études qu'il crut néceffaires ou fimplement utiles à cet important miniftere, depuis la lecture de la Bible jufqu'à celle des Auteurs Profanes, & depuis les Peres de l'Eglife jufqu'aux Théologiens de Ecole & aux Ecrivains Myftiques. Le goût vif & l'efpece de paffion qu'il prit pour les Livres facrés, annonçoit à la Religion le Prélat qui devoit la precher avec le zele des Apôtres, & la célébrer avec l'éloquence des Prophetes.

Parmi les Docteurs de l'Eglife, Saint Auguftin étoit celui qu'il admiroit le plus. Il le favoit par cœur, le citoit fans ceffe, trouvoit, difoit-il, dans Saint Augustin la réponse à tout, & le portoit toujours avec lui dans fes voyages. Quant aux Auteurs de l'antiquité profane, où fon éloquence cherchoit déjà des Maîtres & des Modeles, il donnoit la préférence à Homere, dont le génie élevé, mais fans contrainte, avoit le plus de rapport avec le fien. I fe plaifoit auffi beaucoup à la lecture de Ciceron & de Virgile, il faifoit moins de cas d'Horace, qu'il jugeoit plus en Chrétien févere qu'en Homme de goût;. la morale de l'Epicurien effaçoit à fes yeux le mérite du Poëte, & le rendoit infenfible à des graces qui ne lui paroiffoient faites que pour féduire ou alarmer fa vertu. Il portoit encore plus loin l'austérité de fes principes. On fait que des Cafuiftes rigides ont regardé comme une forte d'apoftafie la liberté que fe font donnée la plupart des Poëtes Chrétiens, d'employer dans leurs Vers le nom des Divinités Payennes. Boffuet faifoit à ces Docteurs inexorables l'honneur d'être de leur avis. Defpréaux leur

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