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CHAPITRE
I.

ARTICLE

VII.

IV.

ont été les nôtres. Agiffez en braves gens, & allez les ataquer.

Selon les plus habiles Chronologif

- I. Rois tes, vingt-fept ou vingt-huit ans s'étoient écoulés depuis les reproches, que Dieu avoit faits à Héli par la bouche de Samuel, & qu'il avoit fait précéder par le miniftére de l'homme de Dieu. Sa longue patience avoit fufpendu les éfets de fa jufte colere, pour donner le tems aux coupables de la défarmer par leur converfion. Néanmoins cette longue impunité n'avoit fervi qu'à les raffurer contre les menaces. Ils ne pensoient plus aux châtimens, & encore moins à la pénitence qui les auroit détournés. Enfin les délais expirent les momens marqués pour l'éxécution des menaces arrivent. Alors tout s'ébranle, tout s'arme pour venger fa bonté méprisée.

Jufqu'à ce jour Dieu couvroit Ifraël contre les ataques étrangeres, & tenoit les Philiftins en refpect. Il calmoit l'animofité des deux peuples jaloux, & les rendoit diftraits fur leurs anciennes querelles. Mais auffi-tôt qu'il retire fa main invifible, les paffions fet réveillent, le goût des armes s'empase de tous les efprits, fans qu'ils dé

CHAPITRE

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I. Rois IV.

tes encore plus funeftes. Au lieu de s'apliquer sérieufement à l'apaiser par une fincére pénitence & par la réfor- ARTICLE me des abus, qui coûte trop à des cœurs corrompus, ils imaginent une voïe plus facile pour fe réconcilier avec Dieu. Ils font venir fon Arche dans le camp; & ils fe flatent que, fans changer de meurs, le figne fenfible de fa préfence fufira pour leur rendre fa protection, & pour leur mériter les mêmes prodiges qu'il avoit faits pour leurs peres. Mais ce fut cette témérité même qui leur atira des malheurs encore plus funeftes, que ceux d'où ils prétendoient fortir par fon fecours. C'est encore l'erreur de bien des Chrétiens, qui au lieu de revenir à Dieu par une fincére converfion, mettent toute leur confiance en des fignes vifibles, & en des pratiques extérieures, fans y aporter les difpofitions qu'elles demandent; & qui croïent fe procurer une entiere fureté contre les dangers qui les menacent, s'ils peu vent faire venir en eux l'Arche de la nouvelle alliance, qui eft le Corps de JESUS-CHRIST, dont la préfence au contraire ne fait que hâter leur perte & la jufte vengeance du Ciel, par l'abus qu'ils en font.

Tome I.

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I. Rois

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Les deux fils d'Héli Ophni & Phinées CHAPITRE étoient avec l'Arche. Dieu avoit arrêté ARTICLE dans fes confeils éternels qu'Ophni & Phinées, pour réparation publique de leurs facriléges, feroient tués par les mains des incirconcis en préfence de l'Arche qu'ils avoient déshonorée, & à la vûë de tout le peuple qu'ils avoient fcandalisé. On ne peut nier que ces événemens fi fagement concertés, ne fuffent des éfets d'une volonté trèsparticuliere & très-diftincte en Dieu. Mais pour éxécuter ce deffein, qui ne peut être une fuite des Loix générales, combien a-t-il de caufes libres à remuer? Il faut qu'il agiffe fur l'efprit des Philiftins pour les dégoûter de la paix, & leur faire défirer la guerre: qu'il fortifie le courage de chacun des Soldats de leur armée, pour leur faire remporter la victoire : qu'il jéte la terreur & l'éfroi dans le cœur de tous les Ifraëlites, pour leur faire prendre la fuite en même-tems: qu'il tourne la délibération des anciens d'Ifraël vers le deffein de faire venir l'Arche au milieu d'eux, contre la coutume: qu'il agiffe fur le cœur d'Héli pour le faire confentir à cette demande extraordinaire, & fur celui d'Ophni & de Phinées pour les engager tous

deux à acompagner l'Arche à l'armée, & à mourir plutôt que de l'abandon

ner.

CHAPITRE 1.

ARTICLE

VII.

La réunion fi jufte de tant d'agens libres pour l'éxécution précise d'un I. Rois événement réglé par l'ordre de Dieu I V. avant le tems, prouve évidemment ces deux grandes vérités : l'infaillibilité des décrets divins, & la liberté des volontés humaines; on voit ici un modéle éclatant de leur parfait acord, quand même on n'en pourroit pénétrer le miftere. Des millions de volontés, pouffées par une infinité de yûës diférentes, & agitées par des paffions tumultueules, bien loin d'aporter le moindre retardement, ou le changement le plus léger dans l'acompliffement du décret divin concourent toutes, fans fe concerter, à l'éxécuter dans toutes fes circonftances. D'un autre côté, la certitude de ce décret immuable n'ôte rien à la mobilité de ces millions de volontés. Elles fuivent chacune de plein gré leur penchant, leur intérêt, leur paffion, leur caprice, fans éprouver la moindre gêne ni contrainte. Et néanmoins par tant de routes arbitraires, indépendantes, contraires, elles fe trouvent réunies dans le même terme qu'une volonté fupérieure

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leur avoit marqué. * Sur la nouvelle de

CHAPITRE l'arrivée de l'Arche dans le

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d'If

ARTICLE raël, & fur le bruit des cris de joïe camp VIL que jete toute l'armée, les Philiftins 1. Rois ne doutent point que le Dieu même des Hébreux ne foit venu en perfon* 6-2. d'éclat la gloire de fa prefence. Cette ne, & qu'il ne releve par des coups. pensée les faifit tous de fraïeur, & les jére dans un découragement univerfel. L'image des plaies dont il a acablé l'Egypte, fe préfente à leur efprit.. Ils font frapés du fouvenir des merveilles qu'il a faites dans le défert. Par ces fentimens des infidéles, Dieu commence par faire rendre hommage à la préfence de Sa Majefté fouveraine ; & i avertit Ifraël que s'il avoit laiffé fortifier ces réfléxions défolantes, ils feroient demeurés dans une confternation générale, qui ne leur auroit permis de foutenir la vûë d'un ennemi pas fi bien protégé. Mais Dieu arrête tout d'un coup cette impreffion, contraire à la réfolution qu'il avoit prise de faire remporter aux. Philiftins fur fon peuple une victoire fignalée. Pour cer éfet, il leur ôte de l'efprit ces fouvenirs éfraïans. Il les rend diftraits, fur la grandeur du péril préfent. Il laiffe tourner leurs penfées fur des objets.ca

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