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»poids un peu confidérable, l'on comprime trop les vertebres du cou. Cette pyramide peut fe déjeter de » côté, fi ce qu'on porte n'eft pas » parfaitement à plomb; alors la moël»le alongée fouffre beaucoup de ce » dérangement.

» Auffi ai-je vu plufieurs femmes → qui avoient pratiqué cette mauvaise » méthode, avoir, quoique jeunes en» core, des foibleffes de nerfs, des » tremblemens de tête & le cou de » travers. >>

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CHAPITRE VIII.

Des exercices de l'efprit relativement aux femmes du peuple.

IL n'eft pas de mon fujet d'examiner jufqu'à quel point la culture de l'efprit peut devenir utile aux femmes, ou pour dire peut-être mieux, jufqu'à quel point elle eft capable de leur nuire.

Mais quelle qu'en foit l'influence fur la conduite & fur les moeurs des femmes du monde, il est évident qu'il faut abfolument l'interdire aux femmes du peuple. Pour partager les travaux d'un époux, foigner fes enfans, conduire le ménage, à quoi fervent les connoiffances de l'efprit? Voilà pourtant quels font les devoirs de la femme du péu ple, & quelle doit être fon unique fcience.

C'est à elle fur-tout que s'applique ce mot fi fenfé de François duc de Bre O A

tagne: «Comme on lui parla de for mariage avec Ifabeau fille d'Efcoffe, » & qu'on lui adjoufta qu'elle avoit »eté nourrie fimplement & fans au»cune inftruction de lettres, refpon» dit, qu'il l'en aymoit mieux; & qu'une femme eftoit affez fçavante, quand elle fçavoit mettre difference entre la chemife & le pourpoint de fon mary (1). Cependant les foins du ménage & les détails de la plupart des profeffions que le peuple exerce, fe trouvant liés à la lecture, à l'écriture & à l'arithmétique, j'en donnerois volontiers des leçons aux femmes du peuple. Mais je m'en tiendrois rigoureusement là; encore ne laifferois-je à ces connoiffances, que le degré d'étendue qu'exige la néceffité. Tout ce qui eft par-delà eft fuperflu ou dangereux; il ne fauroit en réfulter aucun bien. Quand nous n'aurions

(1) Effais de Montaigne, liv. 1, chap. 248

pas les ouvrages de la belle cordiere (1), notre littérature n'en feroit pas moins: riche, & fon ménage en auroit certainement valu mieux.

CHAPITRE IX.

Des talens.

POUR elles-mêmes, pour leurs maris,

les femmes du monde ne fauroient trop cultiver les talens agréables.

Pour elles, ce font les reffources les plus fûres contre cet ennui & contre ces vapeurs auxquelles un défœuvrement prefque forcé dévoue parmi nous leur existence.

Pour leurs maris, ce font d'heureux délaffemens qui les empêchent de chercher loin de leurs foyers domeftiques,

(1) Voyez les différentes Vies de Louife Labbé, appellée la belle cordiere, parce qu'elle étoit à Lyon la femme d'un faifeur de cordes

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22 DE L'ÉDUCATION

des diftractions que le travail du cabi net rend abfolument néceffaires.

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Mais l'ouvrier, en quittant fon atte lier ou fon établi, n'a befoin que

d'un repas bien apprêté. Les talens agréables feroient alors pour lui ce que les mets transformés en or étoient fur la table de Midas.

Que lui ferviroient auffi ces mêmes talens, lorfque fes vêtemens délabrés offrent mille iffues à la rigueur des faifons?

Quand elle fait bien foigner for ménage, une femme du peuple fait tout. L'art de coudre & l'art de filer feront les feuls auxquels on la formera dans fes écoles. Sur ces deux arts feulement s'exerceront & fe développeront fes talens. Ils furent autrefois ceux des femmes les plus diftinguées. Alexandre & Augufte ne portoient que des habits filés & faits par leurs foeurs, leurs meres ou leurs époufes. Confervons du moins parmi les femmes du peuple, non ce foible refte de la fimplicité

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