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Roi de Nolpoge offre le plus beau triomphe de la vertu. Les Nations étonnées demandent par quelle politique Tafflnis a fu placer fa fille fur le plus beau Trône du Monde? Toujours modefte, toujours religieux, Taffalnis répond qu'il reconnoît dans cette révolution le doigt d'une Providence qui préfide à tous les événemens. L'éclat du Trône fur lequel eft affis fa fille, & qui rejaillit fur lui, ne l'éblouit pas : il ne calcule le bonheur de fa chere Ermia que fur le pouvoir plus étendu qu'elle acquiert de faire des heureux.

Cependant lorfque Taffalnis goûte le bonheur pur à la Cour du Roi de Narfec, content d'aider ce jeune Prince des confils de fa fageffe, je mets fa vertu à de nouvelles épreuves, pour lui préparer de nouveaux triomphes. Suégaut laiffe le Trône de Nolpoge vacant par fa mort. On fe reffouvient alors de Tafalnis: les voeux de fes Concitoyens le rappellent dans fa Patrie. Il héfite, il ne fe rend qu'aux plus vives inftances. A peine paroît-il fur les Terres de la Nolpoge qu'il eft de nouveau proclamé Roi par le fuffrage unanime de la Nation. Mais bientôt tous les Peuples voifins fe foulevent contre lui, & le Prince

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Cérifred - Suégant, fils du Roi Suigant, foutenu de la puiffante Maifon d'Uchérita, lui difpute le Trône. Taffalnis, obligé de combattre non-feulement pour fa Couronne, mais pour fa propre vie, donne des preuves éclatantes de valeur & de modération. Prêt enfin à fuccomber fous les efforts de fes nombreux ennemis, il fe dérobe à leur fureur; &, comme un autre Ulyffe, il fe fauve par fa fageffe à travers mille dangers.

Cependant le Roi de Narfec, juftement irrité du traitement fait à fon beaupere, déploie fes forces contre la Maifon d'Uchérita; &, en peu de temps, il la réduit à la néceffité de lui demander la paix. Il l'accorde, mais à condition que Taffalnis fera dédommagé du facrifice qu'il fait de la Couronne de Nolpoge par l'inveftiture des Etats de Ranilore, dont il tranfmettra la fouveraineté à fes Defcendans.

» Les Ennemis de Taffalnis, voyant qu'ils ne lui font jamais plus de bien que lorsqu'ils voudroient lui nuire davantage, le laiffent enfin régner en paix fur fes nouveaux Sujets. C'eft alors que, guidé par fon génie, & inftruit par les utiles leçons de l'adverfité, Taffalnis met en action tous fes talens & fes

vertus pour le bonheur du genre humain. Sage & judicieux dans fes vues, il établit un ordre admirable de police d'où réfulte la paix intérieure de l'Etat, & une aifance qui s'étend jufqu'aux dernieres claffes du Peuple. Efficacement ami des Hommes, il voudroit, en épuifant fes trésors, tarir, s'il étoit poffible, jufqu'à la fource des miferes humaines. Prince religieux & chéri de fes Peuples, il ne paroît jaloux de pofféder leur coeur que pour le plaifir d'en diriger plus furement les affections vers l'Être fuprême. Provoqué par l'orgueilleufe folie des Philofophes de fon fiecle, il trouve dans un zele ardent, dirigé par le génie, des foudres pour terraffer l'audace de ces nouveaux Titans. Car je veux que Taffalnis fache écrire auffi bien qu'il fait agir; en forte qu'après avoir été le modele des bons Rois par fes exemples, il leur laiffe encore dans des Ecrits lumineux & bien penfés, l'expreffion de fon bon efprit, & la plus touchante invitation à toutes les vertus qui font la gloire des Rois & le bonheur des Sujets.

» Enfin, pour rendre plus vif encore, s'il eft poffible, l'intérêt que doit exciter mon Héros, je veux que fa mort, non moins extraordinaire que fa vie, répande

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un nouvel éclat fur toutes fes vertus. On ne le verra donc pas mourir de la mort paifible du commun des hommes, ni de la mort plus douce encore que les Héros vulgaires vont chercher dans les combats; il expirera dans les fupplices, & au milieu des flammes, non pas infenfible, comme le Stoïcien dans le taureau de Phalaris, mais toujours patient, toujours tranquille & fans foibleffes, attendant courageufement avec la mort la récompenfe de fes vertus & le prix de fes fouffrances. «<<

"Cette ingénieufe efquiffe me charma. Je reconnus fans peine Staniflas dans Taffalnis, & les autres Perfonnages fous le mafque qui les couvroit. Mais tout ce merveilleux que devoit offrir l'Hiftoire de Staniflas dans fa plus grande fimplicité, impofoit à celui qui fe chargeoit de la compofer, une obligation plus étroite d'en garantir la vérité, & j'avois befoin pour cela de Mémoires fürs & fidelles. L'homme de Lettres qui avoit conçu le plan, me procura encore les moyens de l'exécuter. » Les Mémoires, m'écrit-il, ne vous manqueront pas, & foyez für que vous puiferez à la bonne fource. Je connois particuliére

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ment M. Alliot Fermier - Général, qui a paffé fa vie avec le Roi de Pologne, dont il avoit toute la confiance: je l'ai vu dimanche dernier, & je lui ai parlé de vous. Il m'a afïuré qu'il feroit, avec le plus grand plaifir, en faveur de l'Auteur de la Vie de M. le Dauphin, ce qu'il n'a jamais voulu faire pour perfonne : il vous ouvrira fon porte-feuille. Vous y trouverez, outre les Mémoires qu'il a recueillis lui-même, ceux qu'avoit pris foin de raffembler le Chevalier de Solignac, Ecrivain connu, comme vous favez, & qui fe propofoit depuis longtemps de donner l'Hiftoire du Monarque qu'il avoit fuivi tant en Pologne qu'en Lorraine.

» Je vous avoue, Monfieur, qu'à la vue de ces précieux matériaux, que j'ai feuilletés pendant une journée entiere, je me fuis fenti plus d'une fois attendri jufqu'aux larmes, dans la pensée que l'Ouvrage qu'ils compoferont pourra tomber entre les mains de quelques Souverains & de leurs Miniftres: que du moins il fera lu à la Cour de France; & que nos Princes fans doute fe procureront le doux plaifir d'admirer dans le Roi leur Bifaïeul le modele accompli des bons Rois.

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