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ARLEQUIN.

Qui, Sbroufadel eft mon nom. Eftce que je ne fuis pas Seigneur de mon nom?

Confidérant la néceffité qu'il y a d'augmenter la race Arlequinique, la plus brave, à coups de poing, de toute 1'Italie, ai réfolu d'époufer la Demoifelle Diamantine aux conditions fui

vantes.

1°. Qu'elle fera obligée de laiffer manger à fon mari quatre cuillerées de foupe avant elle, pour faire voir la préférence & l'autorité que l'homme doit avoir fur la femme, & en confidération des quatre parties du monde, l'Afie, l'Afrique, l'Amérique & l'Eu

rope.

2°. Qu'elle fera obligée de me faire fept enfans mâles, tous d'une ventrée, d'ici à fix mois, pour en faire préfent à mes amis,

3°. Qu'elle me permettra de me faouler une fois par jour, & de la battre une fois par femaine, pour évacuer ma bile & pour me défenuyer, &c.

LE COLIER DE PERLE

Comédie en trois actes, de M. Girardin, mêlée de ballets & de mufique, imprimée chez Ballard en 1672, rare.

Cette Piéce eft tirée d'une aventure véritable, rapportée dans le Mercure Galant.

Le Docteur s'entretient avec Bri

guelle du peu de pouvoir qu'il a dans fa maifon, où Eularia fa fille, commande bien plus abfolument que lui, & lui fait part de la réfolution qu'il a prise de la marier avec Octave, quoiqu'il n'ait aucune amitié pour lui, afin d'éloigner de fa maison, une fille dont il eft fi peu fatisfait.

Arlequin paraît en robe de chambre. Son Valet lui annonce le Tailleur, le Chapelier & le Perruquier, qui attendent, dit-il, depuis plus de quatre

heures. On les fait entrer. Le Tailleur veut l'habiller; d'abord il lui met fa culotte fur la tête, parce qu'Arlequin fe défend; fe Chapelier qui ne veut pas céder au Tailleur, fui met fon chapeau

par-deffus fa culotte, le Perruquier qui ne veut non plus céder ni à l'un ni à l'autre, lui met fa perruque par-dessus fon chapeau. Arlequin fe défend toujours, en leur oppofant fon fauteuil autour duquel il tourne; ils profitent de fes différentes attitudes, pour l'habiller en même-temps.

Diamantine vient dire au Docteur, avec un empreffement plein de joie, qu'un Marquis de France nommé Sbrofadel, doit venir faire vifite à Eularia: cette nouvelle augmente l'impatience du Docteur qui chaffe rudement Diamantine, en fe plaignant des vifites que reçoit fa fille, particulierement des Français, dont l'humeur libre & galante, n'eft pas du goût de fon pays.

Le Docteur apprend à Octave & à Eularia le deffein qu'il a pris de les ma rier ensemble dans deux jours.

Joie des deux amants, en recevant cette heureuse nouvelle.

Le Marquis Sbrofadel vient faire vifite à Eularia. Il careffe Octave, & lui demande quelle eft cette Dame. Ce dernier répond qu'elle fe nomme Eularia.

ARLEQUIN.

En ce cas.... Hola Laquais ! qu'on

nous donne des fiéges. (Ils s'asseient) Pour revenir à notre conversation....

EULARIA.

Mais je crois, Monfieur, que vous n'avez encore rien dit.

pas.

ARLEQUIN.

Effectivement : je ne m'en fouvenais

EULARIA..

Vous avez là une jolie perruque.

ARLEQUIN, il l'ôte de deffus fa tête, & la lui préfente.

Madame, elle eft bien àvotre service: (il apperçoit le Docteur) ah! Monfieur, je ne vous voyais pas. Je fuis venu me propofer pour votre gendre, & je rends grace à mon pere qui m'a engendré pour être le gendre de la génération de votre progéniture. Mademoiselle, continue-t-il, en s'adreffant à Eularia, lorfque je fuis dans mon château, je me plaîs fort à l'agriculture; je m'amufe à femer. Il y a environ un mois que j'el ya

femé moi-même de la graine de citrouille. Devinez, Mademoiselle, ce qu'il y eft venu.

EULARIA.

Mais, Monfieur, il n'y peut être venu que des citrouilles.

ARLEQUIN.

Pardonnez-moi, Madame; il eft venu un cochon qui a mangé toute la graine.

OCTAVE.

Il eft tard. Vous fçavez, Mademoi felle, que je dois vous mener au bal,

ARLEQUIN.

Je me mets de la partie, fi vous le voulez bien. Je vais pour cela effayer un nouvel habit. Il est pareil à celui que j'ai vu à l'Arlequin de la Comédie Italienne. Comme c'eft un petit drôle que j'aime bien; je me fais un plaifir de l'imiter.

Ils fortent tous. Et le Docteur qui était forti pendant leur Dialogue, revient fur la fcêne.

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