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Peu de temps après, on entend un bruit fubit; Arlequin s'enfuit de frayeur, & en courant; il tombe tout habillé dans la baignoire.

Acte fecond. Arlequin arrive en chaife, Octave lui donne la main pour en fortir. Scaramouche vient le recevoir, & lui demande fa qualité : je fuis, répond - il, un Gentilhomme Italien, de Mets en Efpagne. Il s'informe à fon tour de Scaramouche, s'il eft marié.

SCARAMOUCHE.

Oui, Monfieur,

ARLEQUIN.

Où eft votre femme ?

SCARAMOUCHE.

Elle eft au lit, incommodée.

ARLEQUIN.

Cela ne fait rien; il eft de mon de

voir que je la vifite

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SCARAMOUCHE.

Cela ne fe peut pas, Monfieur, attendu qu'elle va prendre un lavement. Ah! mon ami, je n'ai jamais vu mettre un lavement en place; permettezmoi de contenter l'extrême curiofité que j'ai d'avoir ce plaifir.

Scaramouche l'empêche d'entrer. Arlequin apperçoit Eularia, il veut faire la révérence, & s'embaraffant dans fon baudrier, il tombe le nez devant. Mademoiselle, dit-il enfuite; voici le Baron de Fonefte, qui vous ayant vu à la fenêtre, s'eft fenti frapper de vos yeux funeftes, qui ont fait une autre fenêtre au cabinet de mon cœur. En un mot, j'aime & j'adore votre perfonne, & fi Quint-Curce dans fes réflexions.... A propos de cela, que dit Madame de mon train? comment trouvez-vous mes gens? ils font comme moi en admiration de l'énormité de vos charmes & du volcan de vos appas. Sortez vous autres (dit-il à fes domeftiques, il n'y a qu'Octave qui reste). Tenez, Madame, dit-il à Eularia, en montrant Octave: voici un efpece de fou, qui s'imagine que toutes les fem

mes font amoureufes de lui. Allons, drôle ; un compliment à Madame. Octave & Eularia font une fcêne de tendreffe réelle. Scaramouche & Arlequin qui la croyent feinte, en rient comme des foux, fur-tout lorfqu'Octave embraffe fa maîtreffe. Arlequin fe fâche pourtant de ce manque de refpect, & veut tuer Octave; mais Scaramouche l'en empêche, en difant que ce n'est qu'une plaifanterie. Arlequin en revient à fes rubans, & demande à Eularia comment elle les trouve.

EULARIA.

Fort beaux,

ARLEQUIN.

Ce font des rubans à la mode, des rubans peints, remplis de figures, fur lefquels j'ai fait graver l'hiftoire de ma vie. Madame, j'ai fait faire un petit jardin, où je veux vous donner le divertiffement de vous attaquer & de vous prendre comme une fortereffe.

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vertiffement ne foit fort agréable; mais maintenant il eft tard je voudrais fortir.

ARLEQUIN.

Madame, acceptez une place dans ma chaife. On ne peut pas tenir deux à côté l'un de l'autre ; mais je me mettrai fur vos genoux.

Eularia refuse. Il ne trouve qu'un de fes porteurs, & il lui aide lui-même à porter fa chaife.

La fcêne change, & repréfente le fort dont on doit faire le fiége. Madame, dit Arlequin à Eularia, en la faluant de la pique; comme vous êtes parfaite dans tous les arts, & que vous n'ignorez aucune des manieres de préfenter les armes; je ne doute point que vous n'ayez le talent néceffaire pour fçavoir attaquer & prendre cette place. Monfieur, répond Eularia: j'avoue que je n'en ai jamais prife: ah! Madame, s'écrie Arlequin, n'avez vous pas emporté d'emblée l'ouvrageà corne de mon cœur? L'Ingénieur interrompt ce difcours, & avertit le Baron de Fonefte de venir reconnaître la place, Ils fe mettent tous deux à terre. Un des gens de la place, demande: qui va là?

ARLEQUI N.

Perfonne.

L'INGÉNIEUR.

Paix donc; il ne faut pas parler; nous tâcherons de prendre le fort par furprise.

ARLEQUIN.

N'y a-t-il aucun danger?

L'INGÉNIEUR.

Non.... non. Quelques coups de fufil dans la tête; mais quoi qu'il arrive, il ne faut pas parler, & aller toujours en

avant.

EULARIA.

Comment tout ceci finira-t-il?

ARLEQUIN.

Paix donc, Madame; fi vous êtes faite

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