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gnon dans ceux de Bourgogne & de Champagne; avouez qu'il a fait un joli

voyage.

FLAMINIA.

Mais, n'a-t-il rien perdu de fa délicatesse en ces pays-là?

TONTINE.

C'eft gagner que d'en perdre : la belle perfection pour lui, que d'être délicat & fluet comme il était autrefois! Il n'avait prefque plus de corps; au pays dont je vous parle, il a repris chair; il fe fortifie tous les jours; l'enjouement lui revient; il ne demande plus qu'à rire.

SILVIA.

Ah! ma fœur, le joli garçon ! il y a du plaifir à le connaître en ce pays-ci, puifqu'il eft de fi bonne humeur.

TONTIN E.

C'était un plaisant amusement pour lui de voir ces cercles d'amans & d'a

mantes occupés à foutenir des thèfes fur la délicateffe qui faifaient bailler ce pauvre enfant.

FLAMINIA.

Franchement, je crois que cela était

un peu ennuyeux.

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TONTIN E.

Il s'eft guéri fur-tout de la colique venteufe du bel efprit, de la migraine des élégies; il ne lui eft refté tout au plus que des Vaudevilles gaillards, ou des Chanfons à boire.

Le Chevalier de la Bastide & le Comte de Triquemberg arrivent; celui-ci est reconnu par Flaminia, pour l'amant qui l'a recherchée en mariage à Rome, & le Chevalier fe fait connaître pour leur coufin. Scéne de tendreffe entre les quatre amans, qui jurent de ne fe point féparer. La Signora Cecilia fe trouve auffi la même veuve que Lelio eft allé chercher à Paris, & qui était venue au-devant de lui au Port-à l'An

glais; elle promet de les fervir de toutes

fes

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fes forces, & les amans fe livrent à la joie.

Au troifieme acte, Pantalon qui trouve qu'Arlequin eft un garçon joyeux & alerte, penfe que ce ferait une bonne acquifition pour fon Auberge; il tâche de l'engager à fon fervice, par la médiation de l'obligeante Tontine qui lui fait un tableau féduifant de la vie que l'on mene au Port-à-l'Anglais. Arlequin qui, d'un côté, craint le retour de Lelio, & de l'autre, envisage tous les avantages qui lui font offerts, accepte le marché; il se ressouvient de Violette, & engage Pantalon à la prendre auffi à fon fervice; mais celui-ci répond qu'il ne fe fert point de filles dans fa maison, parce qu'elles ont trop de langue. Violette qui a entendu le marché, paraît; Arlequin va à elle; d'abord elle lui fait froide mine, puis elle le careffe un peu, comme pour le retenir; Arlequin retourne vers Pantalon en hésitant, & regardant de temps en temps Violette; felon les mines qu'elle fait, il avance ou recule; à la fin il reçoit le dernier adieu, & elle lui tourne le dos tout-à-fait; il lui dit en foupirant: Violette, ne rien faire, que boire & manger & être bien payé; Tome I.

K

laiffe - moi effayer pour un an feulement, Violette ne fe retourne point; il rePantalon lui a donné, porte l'écu que d'un air trifte: Tontine recommence à le tenter, par le récit de fon heureufe condition. Poulets, dindons, fricaffées, matelotes, vin à la glace....

ARLEQUIN.

Le moyen d'y réfifter! Hélas, ma ehere Violette, pour fix mois feulement.... Qu'eft-ce que tu lis-là?

VIOLETTE.

C'eft la lettre du gros garçon Pâ tiffier.

ARLEQUIN..

Quoi ce n'était pas en fonge que tu l'as reçue? Ah! ingrate, perfide! Et qu'eft ce qu'elle dit cette lettre ?

VIOLETTE.

Dès que je ferai arrivé à Paris, je prendrai boutique, je vous épouferai, & ne vous nourrirai que de petits pâtés, de tartelettes, de bifcuits, de macarons & de confitures.

ARLEQUIN.

Mais, Violette, confidere un peu ; poulets, dindons, fricaffées, matelctes, vin frais, cinquante écus & les profits.

VIOLETTE.

Petits pâtés, tartelettes, biscuits, confitures, un gros garçon.

ARLEQUIN,

Ohimé, fon difperato; (il reporte encore l'écu). Mais Tontine ajoute: Au deffert, vin de champagne, pâtifferie, fruits de toute forte, roffolis, ratafias, fromage de Milan, & tout cela, pour les garçons.

ARLEQUIN.

O pauvre Arlequin, malheureuse victime de l'amour & de la gourmandife! Ah! Violette, ma chere Violette, par pitié & même pour ton intérêt, laiffe moi engraiffer ici feulement quatre mois, je reviendrai à toi, riche,

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