gras, potelé; je vaudrai quatre gars çons Pâtiffiers. VIOLETTE. Non; en arrivant, j'époufe le Pâ tiffier. ARLEQUIN. Allons, c'en eft fait; il faut mourir. M. Pantalon, n'avez-vous point quelque refte de matelote? PANTALON. Pourquoi faire? ARLEQUIN. Pour me tuer, vous dis-je; je l'avallerai tout d'un coup, & je m'étranglerai avec les arrêtes. VIOLETTE. Fi: voilà une mort gourmande; je me te regretterais point; je veux que tu meures d'amour feulement. ARLEQUIN. Mourir d'amour! on en a perdu le fecret; cela me paraît même impoffible; l'amour eft l'auteur de la vie, il ne fçaurait donner la mort. Tontine détermine enfin Pantalon à prendre Violette à fon fervice, & tous font contens. Lelio arrive, & fe plaint de l'inconféquence de la Signora Cecilia Lombardini, qui le jour de fon arrivée, va fe promener à la campagne, malgré la promeffe qu'elle lui avait faite de lui tenir un logement préparé: il rencontre Violette & Arlequin, qui feignent de ne le pas reconnaître. ARLEQUIN. 'Ah! Monfieur, faites-nous l'honneur d'entrer chez nous, nous avons d'excellens vins de toutes fortes; poulets pigeons, dindons, fricaffées, matelo tes; vous ne fçauriez être mieux. LELIO. Violette, eft-ce que ce coquin-là eft déja ivre ? VIOLETTE. Non, Monfieur, il parle fort jufte, vous ne ferez pas mieux ailleurs; entrez, vous ferez bien traité, bien fervi, bien couché, bea linge, draps blancs, excellens lits de toutes fortes, lits à dormir, lits de repos; vous ne manquerez de rien. LELIO. Eft-ce que la cervelle vous tourne? Ne reconnaiffez-vous pas le Seigneur Lelio? Oui. VIOLETTE. ARLEQUIN. Qui était fi jaloux, si brutal, fi ri'dicule ? VIOLETTE. Lui-même. (Ils apprennent à Lelio qu'ils ne font plus à fon fervice, mais à celui de Pantalon, qui eft un galant homme, qui donne toute forte de liberté dans fa maison ). Lelio effrayé, demande fes filles; Arlequin répond qu'il faut s'adreffer à la Signora Tontine; elle arrive & apprend à Lelio ce qui s'eft paffé en fon abfence; Lelio croit d'abord que c'eft une plaifanterie, & fe fâche; mais il s'emporte bien plus, lorfqu'il apprend que c'eft une vérité, il s'écrie; ô ciel! en quelle maison fuis-je tombé? TONTIN E. Il eft vrai, Monfieur, que cette maison-ci infpire furieufement les defirs du mariage. LELIO. Quoi ! je ne la quitte qu'une matinée, & voilà déja trois filles à moitié mariées, en comptant Violette. TONTINE. Vraiement, en une après-midi, il s'y fait quelquefois bien d'autres mariages. Lelio regrette d'avoir amené fes filles en France, & de n'avoir pas au moins donné Flaminia au Comte de Trinquemberg; il paraît, & après un long & ridicule compliment en mauvais Français, il fupplie encore Lelio de lui accorder fa fille Flaminia; elle vient, & fe jette aux genoux de fon pere, qu'elle prefle également, & pour elle & pour fa fœur, qui a, dit-elle, trouvé un amant connu & même allié de la famille : le Chevalier de la Baftide entre avec la confiance d'un Gascon, & fait le dénombrement de fa fortune, de fes terres & de fes châteaux, qui heureufement ne. font pas des châteaux en Efpagne; Silvia vient joindre fes prieres à celles de fa fœur & des deux amans; Lelio |