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SILVIAS

J'ai crum'y divertir; mais j'y éprouve une langueur, une indolence.

SPINETTE

Il n'eft pas étonnant que dans l'état d'une veuve de votre âge, son fente par-ci, par-là... mais cela paffe.

SDLWIA. T

Qui peut donc en être la cause?

SPINETTE.

Mais, Malame, je m'imagine qu'on n'appelle le veuvage l'état de viduité, que parce qu'iblaffe le cœur vuide.

SILVIA. U SIE

Par ton cœur, tu juges du mien; une fille ne fonge qu'à l'amour, au mariage..

SPINETTE

Ma foi, Madame, je crois qu'ung

jeune veuve y fonge bien autant que

nous.

SILVIA.

Une veuve a la curiofité de moins.

SPINETTE.

Mais elle a l'habitude de plus, qui vaut bien la curiofité, je penfe.

SILVIA.

Avec l'époux que j'avais, ai-je pu former une habitude agréable?

SPINETTE.

Pour agréable, non; mais c'est toujours une habitude, & vous devez avoir encore la curiofité d'apprendre comment fait le mariage avec une perfonne qu'on aime; fi bien que de curiofité en habitude, & d'habitude en curiofité, il est évident que vous avez deux defirs contre moi un.

Silvia convient qu'elle ignore encore ce que c'est que l'amour; Spi

:

nette lui propofe de l'apprendre avec Mario Silvia le rejette avec mépris; Spinette lui parle des Français; Silvia dit qu'ils ne font point encore l'amour à fa fantaifie, ils l'ont rendu trop uni, trop fans façon; ils aiment en pofte, ce n'eft pas faire l'amour, c'eft l'achever: Spinette rappelle à Silvia que pendant la folitude où fon mari l'avait réduite, elle ne s'occupait qu'à lire des Romans, ce qui lui a un peu monté la tête fur le ton héroïque; Silvia en convient, dit qu'elle eft fi mécontente des hommes, qu'elle veut vivre retirée chez elle; & pour augmenter fa répugnance, elle veut prendre avec elle Marinette, qui dit autant de mal d'eux.

Spinette eft effrayée de cette fantaifie de fa Maîtreffe: Lelio & Mario paraiffent; Mario approuve beaucoup l'idée d'entrer Femme de Chambre auprès de Silvia; Finette s'y oppofe; je vous fouffrirais, dit-elle au lever, au coucher de ma Maîtreffe, l'habiller, la deshabiller? Elle ferait mal fervie, vous feriez trop diftrait; Mario infifte: Spinette le menace de le découvrir, & l'affure que fi fon déguisement l'avait autorifé à prendre la moindre liberté

fa Maîtreffe ne lui pardonnerait jamais; il fe foumet, & il eft préfenté fous le nom de Marinette; pour s'excufer auprès de Silvia fur ce qu'il ne peut entrer à fon fervice, il lui apprend qu'il vient d'hériter d'une tante qui lui laiffe au moins douze mille livres de rentes; voilà, dit-il, dequoi choifir un mari de mon goût.

SILVIA,

Je fuis charmée de ce que tu viens de me dire, & tu n'en dois pas douter, puifque j'avais deffein de prendre foin de ta fortune, & de t'attacher à moi.

MARINETTE.

Madame, j'y fuis plus attaché que vous ne penfez.

SIL VIA.

Mais tu parles déja de choisir un mari, tu les haïffait tant?

M v

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MARINETTE.

Il faut bien quelque jour finir par là; mais j'y reculerai le plus que je pourrai, & peut-être toute ma vie; jy fuis trop difficile.

SILVIA.

Quel ferait ton goût? Voyons.

MARINETTE.

J'en voudrais un qui eût le coeur d'un Italien, & les manieres d'un Français.

Silvia approuve affez cette maniere de penfer; mais elle fe déchaîne toujours contre les hommes; Spinette & plus encore Marinette, fuivent fon exemple Marinette en dit enfin tang de mal, que Silvia l'embraffe avec transport. AIV JTO

:

SILVIA

Viens ma chere Marinette, viens mes amours, viens que je t'embraffe; je

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