t'aime de tout mon cœur; je trouve en toi mes penfées, mes fentimens, mon humeur, (à Spinette qui veut l'arrêter) ôte-roi de-là Spinette; je veux la baiser mille fois. Retire-toi folle; approche mon héroïne, je veux t'étouffer de careffes: que veut dire cela, tu l'arraches de mes bras? (à Spinette) encore une fois je te prie de t'ôter de-là. SPINETTE. Mais, Madame, vous qui avez lu les Romans, ne vous fouvient-il point du déguisement de Céladon en fille, pour approcher de fa maîtreffe Aftrée. Après. SILVIA. SPINETTE. Si Marinette, par hafard, était un garçon qui en eût fait autant; ferais je bien de vous laiffer faire? SILVIA. Ah, ah, vous plaifantez encore fur mes Romans! Si Marinette avec l'efprit & les fentimens qu'elle a, étoit un garçon, ce garçon-là ferait demain mon époux. Mario fe jettant à genoux, fe déclare; Silvia eft étonnée; Mario la preffe de la maniere la plus tendre, mais la plus foumife & la plus refpectueufe & Silvia lui pardonne en faveur de l'aventure romanefque, elle le congédie cependant pour cacher fon trouble, après lui avoir recommandé de conferver fon déguifement encore quelque temps, à caufe de Pantalon: elle confulte enfuite Spinette & lui demande fi elle ne paffera pas pour une folle, de s'être rendue fi promptement & fans fçavoir le nom de cet amant; Spinette ufe d'abord de grands détours, à caufe de fa répugnance pour le nom de Mario; elle le lui apprend enfin, mais en l'affurant que ce n'eft point le Mario de fa tante; elle lui apprend auffi le déguisement de Lelio en Valet de Chambre, fon amour, pour Rofalba, fille de Pantalon, & la paffion que celui-ci a conçu pour elle: Silvia eft enchantée de fe trouver entourée de tant d'intrigues romanefques, elle communique à Spinette l'idée qui lui vient de naître à ce fujet, mais bas à l'oreille, à cause de Pantalon qui arrive; il voudrait parler de fon amour; Spinette & Silvia trouvent toujours moyen de détourner la converfation; la Baronne arrive, & infenfiblement ils engagent Pantalon à lui faire une déclaration malgré lui; elle en rit beaucoup, & propofe pour amufer la compagnie, de faire répérer un divertiffement qui finit l'acte; il est analogue au fujet c'eft Sylene qui s'avife d'être amoureux & à qui l'on chante ce cou plet, qui eft le dernier du divertiffe ment. Vos feux tardifs font fuperflus; Buvez, Sylene, A taffe pleine; Et n'aimez plus. Toutes les premieres fcênes du deuxieme acte roulent fur l'amour épifodique d'Arlequin & de Violette, & de Ja vieille Crifpine pour Arlequin; Trivelin lui dit que fa Maîtreffe Silvia ne confentira point à fon mariage avec Violette, fi elle n'eft bien perfuadée qu'il en eft aimé : & que faut-il faire pour en être certain? rendre Violette jaloufe, en recevoir des reproches, des injures & même' des coups. Et que faut-il faire pour la rendre jaloufe? Trivelin lui donne une leçon de coquetterie, & lui enfeigne les manieres de petits Maîtres, qu'Arlequin copie ridiculement. La vieille Crifpine paraît, il répéte fa leçon avec elle, & lorfqu'il apperçoit Violette, il feint de répondre aux careffes de Crifpine, qui eft tranfportée, & lui fait préfent d'une gondole d'argent. Violette a tout vu, elle roffe & chaffe la vieille, & que relle Arlequin; celui-ci excite encore fa colere par fes réponses impertinentes; elle perd patience, & l'affomme. ARLEQUIN. Bon, courage, fur le dos; mon mariage avance; (pour exciter encore Violette) oui, Crifpine a le meilleur air, la plus belle taille, le plus joli minois ! VI VIOLETTE, frappant plus fort. Tiens, voilà pour fon air, pour fon minois, pour fa taille; & voilà pour redreffer la tienne. Trivelin vient, & Arlequin lui dit qu'il eft content des preuves d'amour de Violette, qu'il en a reçu des témoignages frappans. Pantalon paraît avec Spinette, qui fui dit que fa Maîtreffe exige abfolument qu'il fe montre amoureux de la Baronne Pantalon s'en défend; mais Spinette l'affure que c'eft le feul moyen de plaire à fa Maîtreffe, & il fe laiffe aller avec la Baronne, qui paraît à une déclaration d'amour dans laquelle Spinette l'engage malgré lui; la Baronne |