SILVIA. Mais fi je changeais d'avis. MARIO. Ce ferait pour m'éprouver; mais j'aurais un moyen tout prêt pour éluder votre fineffe, je n'aurais qu'à dire que je fuis le Mario que votre tante voulait vous donner à Venife. SILVIA. Plût au Ciel je vous aurais choifi de mon propre mouvement, & à trois cens lieues d'elle. MARIO. Je vous ferai changer de fentiment, Prouvez-moi ce que vous dites, & je vous défie de m'en faire changer. SPINETTE. Madame, ne le preffez pas, il le prouverait peut-être. SILVIA. Qu'il le fafle, & je jure de l'époufer ce foir même, PANTALON. La tête lui a tourné. La BARONNE. Te tairas-tu, Chevalier bavard. MARIO. 8.07 Je vous le prouverai; mais à condition que je ne ferai de deux ans vo, tre époux. Vous le voulez, abfolument? Tenez voilà déja votre portrait que votre tante m'envoya à Paris, &c. SILVIA, d'un air tendre. C'eft vous, Mario! Un amour fi fait mérite d'être récompensé. MARIO. par Et moi, je me croirais indigne de tant de bonté, fi j'en abusais. SPINETTE. ..Oh, je connais fa, délicateffe, il va demander quatre ans, à préfent qu'il eft reconnu. SILVIA. Ah! c'en eft trop; foyez mon époux, ou ne me voyez jamais. SPINETTE. Ho, il eft attrappé; il ne peut plus reculer; car Madame la Baronne vient de vous faire figner tous deux votre contrat de mariage. PANTALON. Comment donc ne ferais-je point auffi marié, moi? La BARONNE. -Oui, Pantalon, & avec moi-même, te voilà Baron. Je l'ai bien voulu. PANTALON. Et ma niéce a donc époufé mon Valet de Chambre, un Laquais revêtu? La BARONNE. Non Baron; mais un Capitaine plein de valeur & de mérite, & de plus mon parent; allons Mefdames, réjouiffonsnous, nous avons chacune un mari, cela eft bon après fouper. On chante les couplets fuivans. Dans l'hiftoire des amours, Le Un CHEVALIER. Sommes-nous des Mulfumans, Pour en boire à toute outrance : Une CHEVALIERE Ici pleine liberté, Point de féveres grimaces; Santé, joie & volupté: Que ce foient-là nos trois Graces ; Peut-on faire un meilleur choix. Vivent, &c. Tome I. N |