Bans le cours triomphant de fes deftins prof peres; Il fut affaffiné par des mains étrangeres : coups; Et j'ai perdu mon fils, pour fauver mon époux. Trivelin paye cette confidence par une autre, pour faire connaître à Ĉolombine le rapport qu'il y a entre leurs deftinées; il lui apprend qu'il eft né dans Montmartre; que Maître André fon pere, y tient Cabaret, & qu'un jour Ce jour présent à ma pensée Jette encor la terreur dans mon ame glacée. Je defcends, pour tirer du vin dans le Celier. Devant moi tout à coup les tonneaux s'entrouvrirent; 1 Le vin coula par-tout, & les murs en rou girent : Ma chandelle foufflée augmenta ma terreur. J Une voix effrayante fe fit entendre, & dit : Bacchus eft contre toi justement irrité; Colombine marque fon étonnement. Tout doux, tout doux, ma chere; &, vous allez trembler. Je réfolus de quitter ma patric. Je partis, & m'en fus courir la pretentaine ; Je déguifai par-tout ma naissance & mon nom; Ur jeune Plâtrier fut mon feul compagnon. Dans plus d'une aventure, en ce fatal voyage, Le vin qui me guidait, fecondait mon courage; Un jour, il me fouvient, qu'étant près de Dijon. Et, je ne fçais comment je l'avais oublié ; Dans un chemin étroit, je trouvai deux cavaliers. J'avais un peu trinqué, mon Camarade auffi ; Il fallut difputer dans cet étroit passage, Des vains honneurs du le frivole avan ... tage. pas, J'étais ivre, en un mot; Je marche donc vers eux & ma main fu rieufe, 12 Arrête des bidets la fougue infpétueufe. La victoire, entre nous, ne fut point incertaine ? L'un & l'autre, en un mot, fuccombent fous nos coups. Gros Simon qui avait accompagné Pierre dans fon voyage & qui avait été accufé du meurtre, arrive; Trivelin le reconnaît presque; mais celui-ci ne le reconnaît pas; il dit à Colombine, Eh bien, eft-ce aujourd'hui qu'il faut que l'onme pende? Vous ne fûtes jamais cruelle que pour moi> Elle lui apprend que c'eft Trivelin qui eft fon Epoux, & gros Simon dit, Ciel! Pierrot eft mort, & vous êtes fa femmez (A Trivelin). J Seigneur, Pierrot eft mort, laissez en paix La cendre. TRIVELIN. Quoi ! c'est toi que ma rage Attaqua vers Dijon, en cet étroit paffage ! SIMON. Il eft vrai, fous vos coups j'ai vu tomber Pierrot s -Vous avez fait le crime, & j'en portai l'endoffe : L'on m'a donné pour gfte un cul de baffe foffe. On vient avertir Trivelin qu'un Etranger demande à le voir; dès qu'il l'apperçoit, il le reconnaît, & lui dit, Cher Guillaume, éft-ce vous que je vois? Yous, de mes premiers ans fage Dépofitaire ; Vous, le premier garçon de Maître André, mon pere! Quel fujet important vous conduit parmi nous } GUILLAUMEJ Maître André ne vit plus. Mon pere! TRIVELIN. Eh! que me dites vous ? Après quelques réflexions, il veut partir pour aller prendre poffeffion de la maifon paternelle; mais Guillaume lui dit, A Montmartre, Seigneur, il vous faut re noncer, Si vous y paraiffez, votre mort eft jurée. TRIVELIN Qui, de mon Cabaret, me défendra l'entrée ? Guillaume lui apprend que fon pere en a difpofé en faveur de fon gendre, parce qu'il a reconnu en mourant que Trivelin n'était point fon fils; il l'instruit encore de la maniere dont il le trouva, & le porta à Maître André, qui l'adopta au lieu de fon fils mort; Mais l'Auberge, en effet, n'était point votre place; La pitié vous y mit, le remords vous en chaffe. TRIVELIN. Mais ce Vieillard, mon cher, de qui tu m'as reçu, Depuis ce temps fatal, ne l'as-tu jamais vu ? GUILLAUME. Jamais, & le trépas vous a ravi, peut-être, Le feul qui connaissait le fang qui vous fit naître. Mais il ajoute qu'il fut fi frappé de Les traits, qu'il le reconnaîtrait. Gros |