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PANTALON, foutenu par Scaramouche &Scapin.

Ma mour, je reconnais trop tard votre inno

cence;

Heft vrai; mais enfin, vaut mieux tard que jamais.

Je fens

que de ce pas je m'en vais ad patres ; Confolez-vous, mon cœur, ne pleurez pas de

grace:

Vous aimez Philotas, qu'il occupe ma place. Je veux que fur ma cendre il vous donne la

main,

Et que vous l'époufiez au plutard dès demain. Puiffe-t-il avec vous vivre toujours tranquille!! Il est jeune & bien fait, & vous affez gentille. Je veux faire en mourant une bonne action; Je prétens qu'on me plaigne en cette occafion, Et qu'on dife de moi d'ici jufques à Rome; S'il vécut en coquin, il meurt en honnête homme..

Cette Parodie qui eft de Dominique, réuffit bien moins que celle d'Edipe, quoiqu'elle foit beaucoup plus gaie; mais on ne doit attribuer fon mauvais fuccès, qu'à celui d'Artemire. C'eft la feule Tragédie de M. de Voltaire, qui n'ait pas été imprimée..

LES AMANS IGNORANS,

Comédie en trois actes, en profe,. 23 Avril 1720.

La fcène eft en Italie, dans la maison de campagne de Pantalon, près de Ra-.

venne,

Trivelin, Chirurgien de village &. Hôte du Capitaine Mario, fils de Pantalon, noble Vénitien, cherche à rendre une lettre de la part de ce Capitaine, à Fatime, jeune Efclave, autrefois enlevée fur les côtes de Ravenne par le Corfaire Barbanera, & élevée à Alger auprès d'une Efclave Française, dont ce Corfaire avait fait fa favorite. Fatima était deftinée au ferail de Conftantinople, à cause de fa grande beauté;: elle y fut envoyée fur un vaiffeau dont le Capitaine Mario s'empara dans un combat: touché de fes charmes, il en devint éperduement amoureux, la fit conduire à Venife & la cacha à Panta-lon fon pere, dans le deffein de l'époufer; mais Pantalon ayant découvert ce miftere, fit enlever en fecret l'Esclave, & la remit entre les mains de Bertholefon Jardinier, pour la faire travailler

au Jardin & lui faire bien rifoler le teint au foleil, afin d'en dégouter fon fils en cas qu'il la retrouvât. C'eft dans ce village & chez ce Jardinier, que Trivelin la découvre & lui vient rendre une lettre fort tendre de la part de Mario. Fatime après l'avoir lue, prie Trivelin d'éloigner, s'il fe peut, les pourfuites de Mario.

Je ne fuis pas affez ingrate, dit-elle, pour le haïr; il a eu la générofité de ne me point ôter les pierreries dont on m'avait ornée pour plaire au Grand Seigneur, il m'a bien traitée jufqu'à préfent; je n'aurai pas moins de générofité que lui il eft riche & de qualité, il m'aime & veut m'époufer; moi qui n'étais qu'une Efclave & qui ne fuis peut-être que la fille d'un Payfan, qu'arriverait-il de-là? Je lui attirerais la haine de fa famille, les regrets fuccéderaient bientôt à l'amour, & au lieu d'être Efclave à Conftantinople, je le ferais à Venife. J'aime Mario, il eft vrai, mais je n'unirai mon fort qu'à celui d'un Payfan dont je ferai la fortune en vendant les bijoux qui me font reftés. Trivelin lui demande au moins un mot de réponse pour Mario, & Fa time. fort pour la lui écrire. Trivelin

refté feul, réfléchit qu'il eft plus avantageux pour lui que Fatime épouse un Payfan, & il abandonné les intérêts de Mario. Arlequin arrive en rêvant, Trivelin lui propofe de fe charger de remettre à Mario, la lettre que la Signora Fatima va lui donner; Arlequin ne parait pas l'écouter, Trivelin continue & lui dit: Je donnerai un beau ruban pour en faire présent à Nina, ta bonne amie.

ARLEQUIN.

Que dites-vous de Nina? Où eft Nina? Où eft-elle ?

TRIVELIN.

'Ah! Ah! Le nom de Nina te réj veille, tu l'attends ici je gage.

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ARLEQUIN.

Signor, fi.

TRIVELIN.

La Signora Fatima va venir ici te donner une lettre que tu m'apporteras, & je te donnerai de quoi faire demain, à la foire, un joli présent à Nina, m'entens-tu ?

ARLEQUIN.

A Nina?

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TRIVELIN

Qui à Nina.

ARLEQUIN.

Un préfent?

TRIVELIN

Oui, un préfent, qui la rendra encore plus belle.

Arlequin confond la lettre & le préfent, Nina & Fatima, ce qui produit uue fcêne entre lui & Trivelin, qui finit par lui dire; refte feulement ici; la Signora Fatima va venir qui t'expliquera le refte.

ARLEQUIN.

Oui, j'attendrai ici Nina, car elle m'a promis d'y venir.

Arlequin feul cherche différens amufemens en attendant l'arrivée de Nina, car, dit-il, il n'y a rien qui caufe plus d'ennui que de s'ennuyer; mais il ne peut parvenir à se distraire. Ah! continue-t-il, malheureux que je fuis, elle ne viendra pas, je meurs d'impatience; je fuis mort, me voila enterré. Il fe couche & fait le mort.

NINA.

Arlequino mio.

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