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un peu Turque; qu'y faire, j'ai été élevée chez un Corfaire, c'eft un tour du métier. Elle fait part de fon projet à Trivelin, qui lui apprend la prochaine arrivée de Pantalon, & l'affure qu'elle aura de la peine d'enlever à Nina, le cœur d'Arlequin. Cette jeune fille revient: Fatime la queftionne encore fur fon état. Nina lui répond toujours avec la même naïveté, & Fatime lui propofe de fe marier pour se guérir. Nina demande comment le mariage guérit de l'az mour? Fatime le lui explique:

NINA..

Je ne veux donc point du mariage. il guérit trop tôt.

FATIM E.

Eh bien! essayez de l'abfence, elle guérit plus lentement.

NINA

L'abfence, qu'eft-ce que cette

drogue-là ?

FATIM E.

Ce n'eft pas une drogue, ce n'eft: qu'un régime, Ce ferait de ne plus voir Arlequin..

Sw

NINA.

Ah! ne plus voir Arlequin, tenez, Mademoiselle, ce remede-là me ferait encore plutôt mourir que la maladie. FATIM E.

Eh bien, puifque vous l'aimez mieux, mourez donc de la maladie.

NINA.

Oh! je ferons fi bien enforte, Arlequin & moi, que je n'en mourrons: pas.

(On appelle Nina des couliffes).. Nina, Nina, Nina.

NINA.

Adeffo Signora madre. Non, je ne faurais m'imaginer qu'il n'y ait point d'autres remedes que ceux-là; vous ne me les voulez pas dire.

(On l'appelle encore).

Nina, Nina.

Vado, vado, maledetta fia la matrigna.

FATIME, feule..

Voici une petite fille affez vive pour trouver fans moi d'autres remedes, &

qui par ignorance, pourrait bien s'en fervir.

Arlequin revient fuivi du Seigneur Mario, qui exprime fa joie de retrou ver Fatime, qui partage fes empreffemens, mais qui refufe abfolument de l'époufer. Mario fe défefpere & me nace de fe poignarder.

ARLEQUIN, à part.

Voilà les fentimens qui operent. Après une longue réfiftance, Fatime fe rend. Mario fait exhaler fa joie en tranfports, & Arlequin s'écrie: il eft guéri, il eft guéri. Trivelin accourt avertir Mario, que Pantalon arrive celui-ci fort avec Fatime, & Arlequin dit qu'il va effayer avec Nina, du rendez-vous, du myftere & des faveurs honnêtes. Il demande à Trivelin une lettre pour donner à Nina; Trivelin qui veut s'amufer aux dépens d'Arlequin, lui donne un billet qu'il vient de recevoir d'un de fes malades. Arlequin prie encore Trivelin de fe charger de la remettre lui-même tandis qu'il fera le myftere. Nina arrive,, & Arlequin fe cache le nez dans fon manteaur, pour miter Mario qui fe cachait en entrapes

NINA.

Quelles cérémonies font-ce là? que fais-tu donc ?

ARLEQUIN.

Paix, paix, je fais le myftere; c'eft un rendez-vous: lis la lettre.

NINA, lit.

Medico mio caro, ho pigliato il remedio che m'havete mandato hier fera, e fta matina ho fato una copiofa operatione. ARLEQUIN..

Baife, baise la lettre?

NINA.

Fi donc, m'eft avis qu'elle ne fent pas fi bon que la marjolaine. Mais, Arlequin, es-tu devenu fou? Que veulent dire tes fimagrées?

Arlequin copie burlesquement ce qu'il a entendu dire & ce qu'il a vu faire Mario.

ARLEQUIN.

Je te trouverenfin, cara Nina, & le plaifir de ta perte m'aurait fait mou▾ rir, fi la douleur de l'efpérance ne m'avait pas réchappé; mais je ne veux plus m'expofer à la colere du danger de la tirannie des lieux... Mais réponds-moi donc ?

NINA.

Tu te mocques de moi, que veux tu que je te réponde?

ARLEQUIN.

Ah cruelle! non, vous ne m'aimez point, parce que la prudence & la barbarie de l'affliction qui affaffine les fentimens. Vous ne m'aimez point.

NINA.

Mais, Arlequin, d'où vient ta coż

lere?

ARLEQUIN, à genoux.`

Ah! belle Nina, donnez-moi lá pro meffe du gage du baiser fur votre main blanche, & les chagrins de mon cœur font effacés; je fuis guéri, oui je fuis guéri. Et toi, es-tu guérie?

NINA.

Comment guérie ?

ARLEQUIN.

Le myftere, la lettre, l'opération copieufe, les fentimens; tout cela ne t'a pas guérie de l'amour?

NINA.

Guérie de l'amour! vraiment non..

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