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ARLEQUIN.

Hélas! ni moi non plus.

(Il compte par fes doigts, & dit tout haut:} Voilà pourtant tout.

NINA.

Pourquoi me demandes-tu cela?

ARLEQUIN..

Parce que ce font des remedes pour foulager l'amour, à ce que m'avait pr mis Fatime..

NINA.

Cela, des remedes pour foulager Famour? cela? cela? oh! non, je sens bien qu'il m'en faut d'autres.

ARLEQUIN.

Comment ferons-nous donc?

NINA.

Ah! voilà le Seigneur Pantalon notre maître qui arrive.

Pantalon arrive & amene les violons à fa fuite pour faire danfer les vandangeufes & les filles du village. On chante

En vandange on boit, on rit,
On fait moiffon d'allégreffe ;

Le cœur même s'attendrit,

On n'y voit plus de tigreffe:

Au printems l'amour nous blesse,
En automne il nous guérit.

Pantalon veut faire chanter Nina; qui eft toute honteufe; mais Bertholdo fon pere l'y oblige, & elle chante en tremblant ce couplet fi naïf & fi connu..

Baife-moi donc me difait Blaife;
Nennin, je ne fuis pas fi niaife,.
Ma mere me le défend bien;
Mais voyez le fot Nicodême,
La fienne ne lui défend rien,
Que ne me baifait-il lui-même !

Au fecond acte, Fatime veut met tre à exécution le projet qu'elle a formé d'époufer Arlequin; Trivelin a obtenu le confentement du pere d'Arlequin, & c'eft par la balourdife de ce dernier, que que Fatime prétend faire réuffir la chofe. Il n'a, dit-elle, jamais vu que fes chevres; il ignore, auffi- bien que Nina, que ce n'eft qu'en s'époufant, qu'ils peuvent être heureux. Je vais l'en inftruire; & fous prétexte de lui apprendre ce qu'il faut faire avec elle, je l'épouferai moi

même, & la feinte deviendra unė verité. Elle communique fon deffein au Seigneur Pantalon, qui rit de fon adreffe. Arlequin paraît. Il joint Fatime, & lui dit d'un ton chagrin, oibo! Signora Fatime, voi vi burlate di me, avec vos remedes; tout cela ne vaut rien, & cela n'eft pas bien de fe mocquer ainfi d'un pauvre garçon qui eft affligé du mal d'amour.

FATIM E.

Mon cher Arlequin, mes fecrets font fort bons, puifqu'à tes yeux ils ont foulagé Mario. Il faut que tu t'y fois mal' pris pour t'en fervir; voyons comme tu as fait.

ARLEQUIN.

J'ai fait ponctuellement tous mes cinq doigts, & tout ce que j'ai vu faire au Seigneur Mario, & tous ces remedeslà ne font que de l'onguent miton mitaine.

FATIM E.

Ho bien, pour le coup, je vais t'en donner un bon, & qui réuffira; car afin que tu n'y manques en rien, je me donnerai la peine de te conduire mo même pendant toute l'opération,

Jà?

ARLEQUIN.

Comment appellez-vous ce remede

FATIM E.

Le mariage, il matrimonio..

ARLEQUIN.

Che cosa è fto matrimonio !

FATIM E.

C'est un remede, te dis-je, qui gué rit de l'amour à coup fûr, mais qui en guérit bien; demande-le, à tous ceux qui l'ont éprouvé.

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Eft-il poffible que tu ne connaiffe pas le mariage? N'as-tu jamais été à lá nôce?

ARLEQUIN.

A la nôce? N'eft-ce pas où l'on eft brave, où l'on boit, où l'on mange tant & tant, où l'on danfe aux vio, lons?

FATIM E.

Juftement.

ARLEQUIN.

Et puis encore le lendemain, où l'on porte le brouet, où l'on recommence à faire grande chere?

FATIM E.

T'y voila.

ARLEQUIN.

Quoi! c'eft-là l'opération du ma

riage?

FATIME.

C'en eft une partie au moins.

ARLEQUIN.

Ho! je m'accommoderai bien de cette opération; cela vaut mieux que les lettres, les rendez-vous, les fentimens, e tutte fte bagatelle

FATIME.

Il y a encore quelques cérémonies à faire avant la nôce, & c'eft-là le plus difficile. Or comme tu as la tête un peu dure, je veux les répéter avec toi, & faire comme fi je voulais t'époufer,

ARLEQUIN.

Mais répeterons-nous auffi la nôce?

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