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fer. Arlequin lui demande par où on va dans ce pays-là? C'eft par ce guichet entre deux grilles de fer: elles fignifient qu'en paffant par-là, vous perdrez votre liberté; mais en récompenfe, vous allez entrer dans le pays des nôces, qui eft le plus beau pays du monde & le plus joyeux.

Le théâtre s'ouvre, & l'on découvre un heu préparé pour les nôces; les Acteurs de ce pays amenent un divertissement de danse & de mufique.

Cette Piece eft d'Autreau, qui avait déjà donné le Port-à l'Anglois; elle eut le plus grand fuccès & le mieux mérité; elle fut jouée seize fois de fuite, & reprise plus de vingt dans le courant de l'année.

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ARLEQUIN POLI PAR

L'AMOUR.

Comédie en un acte en profe,
17 Octobre 1720.

Trivelin reproche à la Fée d'avoir enlevé Arlequín, & de le garder dans fon Palais au moment où elle doit épouser l'enchanteur Merlin; la Fée lui répond que l'un fait oublier l'autre, que cela eft fort naturel.

TRIVELIN.

C'eft la pure nature; mais entre nous c'eft prendre la nature un peu trop à la lettre. Cependant paffe encore, le pis qu'il en pouvait arriver, c'était d'être infidelle; cela ferait trèsvilain dans un homme, mais dans une femme cela eft plus fupportable. Quand une femme eft fidelle on l'admire, mais il y a des femmes modeftes, qui n'ont pas la vanité de vouloir étre admirées.

Trivelin lui parle enfuite de la conduite d'Arlequin, qui depuis qu'il eft dans fon Palais, ne fait que dormir, manger, fe rendormir & ronfler. La Tome I. T

Fée répond qu'il fera plus flatteur pour elle de l'avoir formé, & qu'alors fi elle peut parvenir à s'en faire aimer, elle en fera fon époux & le mettra par ce moyen à l'abri des fureurs de Merlin. Mais, reprend Trivelin, s'il n'eft jamais ni plus amoureux ni plus fpirituel, vous épouferez donc Merlin.

La FÉ E.

Non, car Arlequin pourrait m'aimer par la fuite, & toute mariée que je ferais.

TRIVELIN.

Je m'en ferais douté fans que vous me l'euffiez dit; femme tentée, femme vaincue, c'eft tout un.

Arlequin arrive avec une démarche niaife; pendant que la Fée lui parle, il s'amufe à attraper des mouches. Elle lui demande s'il veut prendre fa leçon de danfe? Il répond que non. Une bague que la Fée a à la main, lui frappe la vue; la Fée la lui offre, il la prend groffierement, & la Fée lui dit qu'un beau garçon doit baifer la main lorfqu'il reçoit quelque chofe d'une Dame. Alors Arlequin prend la main de la Fée & la baife goulûment,

La FÉE.

ap

Il ne m'entend pas, mais du moins fa méprise m'a fait plaifir, (à Arlequin) baifez la vôtre à préfent, Arlequin baife le deffus de fa main. La Fée lui donne la bague à condition qu'il prendra fa leçon, alors le Maître à Danfer lui prend à faire la révérence, & Arlequin égaye cette fcène par toutes les balourdifes qui lui viennent à l'imagination; il dit enfuite en bâillant, je m'ennuie: eh bien, dit la Fée, en voilà affez; nous allons tâcher de vous divertir. Arlequin faute de joie, & la Fée le fait affeoir à côté d'elle pendant le divertiffement: dans le tems qu'on danfe, Arlequin s'amufe à fiffler; un Chanteur s'adresse à lui & lui dit beau brunet, l'amour vous appelle. Arlequin fe leve niaisement, & dit: je ne l'entens pas. Le Chanteur reprend, beau brunet, l'amour vous appelle, & Arlequin dit, en s'affeyant, qu'il crie donc plus haut. Le Chanteur continue en lui montrant la Fée.

Voyez-vous cet objet charmant;
Ses yeux dont l'ardeur étincelle,
Vous répetent à tous momens,
Beau brunet, l'amour vous appelle.

ARLEQUIN.

Dam, cela eft drôle.

La FÉE.

Cher Arlequin, ces tendres chanfons ne vous infpirent-elles rien? Que fentez-vous?

ARLEQUIN.

Je fens un grand appétit.

TRIVELIN

C'eft-à-dire qu'il foupire après fa collation; mais voici un payfan qui veut nous régaler d'une danfe de village, après quoi nous irons manger.

La Fée le fait raffeoir, & il s'endort. Lorfque la danfe eft finie, elle le réveille & il fe met à pleurer en appellant fon pere & fa mere; la Fée recommande à Trivelin de le diftraire, & ils fortent

tous.

Le théâtre change & repréfente au loin un valon, dans lequel paiffent quelques moutons. Silvia paraît fuivie d'un Berger, qui lui conte fon douloureux martire, & qu'elle rebutte.

Arlequin entre en jouant au volant, il vient de cette façon jufqu'aux pieds de Silvia; là, en jouant, il laiffe tom

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