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ber le volant, & en fe baiffant pour le ramaffer, il voit Silvia; il demeure étonné & courbé; petit à petit & par fecouffes, il fe redreffe le corps ; quand il s'eft entierement redreffé, il la regarde; elle honreufe, feint de fe reti rer; dans cet embarras, il l'arrête & dit: vous êtes bien preffée.

SILVIA.

Je me retire, car je ne vous connais

pas.

ARLEQUIN.

Vous ne me connaissez pas ! tant pis; faifons connaiffance, voulez-vous? SILVIA, encore honteufe.. Je le veux bien:

ARLEQUIN, alors s'approche d'elle & lui marque fa joie par de petits ris & dit:

Que vous êtes jolie!

SILVIA.

Vous êtes bien obligeant:

ARLEQUIN.

Oh! point, je dis la vérité.

SILVIA, en riant un peu à son tour.

Vous êtes bien joli auffi, vous!

ARLEQUIN.

Tant mieux; où demeurez-vous? je vous irai voir.

Silvia lui apprend qu'elle eft aimée d'un Berger qui pourrait les épier, ce qui afflige Arlequin; mais elle l'affure qu'elle n'aime point ce Berger, & Arlequin fe confole. Il lui apprend auffi qu'il loge chez la Fée, ce qui cause à Silvia de la jaloufie, parce qu'elle dit que la Fée eft plus belle qu'elle. Arlequin la raffure, elle n'a plus d'autre inquiétude que celle de fes moutons qui s'éloignent & qu'elle eft obligée de fuivre. Arlequin lui prend la main, qu'il baife, en difant: oh! les jolis petits doigts, je n'ai jamais eu de bombons fi bons que cela. Silvia laifle tomber fon mouchoir, en s'en allant, Arlequin le ramaffe & la rappelle pour le lui rendre ; mais il dit, par réflexion, qu'il veut le garder pour lui tenir compagnie, & le baifer quelquefois.

La Fée reparaît dans fes Jardins, Trivelin lui apprend que l'Enchanteur eft venu, il l'entretient des transports d'amours qu'il a fait paraître: elle eft charmée de ne s'y être point trouvée, & Trivelin lui dit qu'il doit revenir

bien-tôt, & lui demande comment ella

fe tirera d'affaire?

La FÉ E.

Jufqu'ici je n'ai point encore d'autre parti à prendre que de le tromper.

TRIVELIN.

Eh! n'en fentez-vous pas quelques remords de confcience?

La FÉ E.

Oh! j'ai bien d'autres chofes en tête, qu'à m'amufer à confulter ma confcience fur une bagatelle.

TRIVELIN, à part.

Voilà ce qui s'appelle un cœur de femme complet.

La Fée dit qu'elle s'ennuie de ne point voir Arlequin; il arrive en tenant à la main le mouchoir de Silvia, qu'il regarde & dont il fe frotte doucement le vifage; il fe tient auffi plus droit qu'à l'ordinaire; il met le mouchoir dans fon fein; il fe couche & fe roule deffus, & tout cela avec une grande gaieté.

La FÉE, en l'abordant.
Bon jour, Arlequin.

ARLEQUIN, en tirant le pied. & mettant le mouchoir fous fon bras.

Je fuis votre très humble ferviteur.
La FÉE, à Trivelin.
Il ne m'en a jamais tant dit.

ARLEQUI N..

Voulez-vous avoir la bonté de vouloir bien me dire comment on est quand on aime bien une perfonne ? La FÉE, charmée..

Trivelin, entens - tu?.. Quand on aime, mon cher enfant, on fouhaite. toujours de voir les gens, on ne peut fe paffer d'eux, on les perd de vue avec chagrin; enfin on fent des tranfports, des impatiences & fouvent des defirs.

ARLEQUIN, en fautant d'aife.
M'y voila.

La FÉ E.

Eft-ce que vous fentez tout ce que je dis-là?

ARLEQUIN, d'un air indifférent..
Non, c'eft une curiofité que j'ai

TRIVELIN

Il jase vraiment.

La FÉE.

Ce n'eft donc pas de moi parlez, mon cher Arlequin?

ARLEQUIN.

que vous

Oh! je ne fuis pas un niais, je ne dis pas ce que je pense.

La FÉE.

Queft-ce que cela fignifie? Où avez vous pris ce mouchoir ?.

ARLEQUIN, la regardant avec craintes-
Je l'ai pris à terre.
La F É¡E..

'A' qui est-il?

ARLEQUIN

II eft à... je n'en fais rien..

La FÉE, le lui arrache.

Il n'eft pas à moi, & il le baifait ! n'importe, cachons-lui mes foupçons & ne l'intimidons pas, car il ne me découvrirait rien...

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