페이지 이미지
PDF
ePub

Flami

amours, mais il fe trouve que nia en eft l'objet. Auffi-tôt qu'ils fe font reconnus pour rivaux, leur amour leur fait oublier leur amitié, & ils mettent l'épée à la main pour difputer Flaminia. Arlequin veut les féparer, ils ne peuvent le débarraffer de lui, qu'en lui apprenant les raifons d'un changement fi fubit. Lorfqu'ils l'en ont inftruit, il s'écrie: oh! les fottes gens! Dites-moi, continue-t-il, celui qui tuera l'autre, époufera donc cette fille?

Oui.

MARIO..

ARLEQUIN.

Oui; & favez-vous fi elle le voudra? Elle aime l'un ou l'autre, ainfi il faut lui demander avant que de vous battre, celui qu'elle veut que l'on tue.

Mais.

LELIO.

ARLEQUIN.'

Mais, mais... Oui bête que tu es ; car fi c'eft lui qu'elle aime & que tu le tue, elle te haïra d'avantage & ne voudra point de toi. Vous êtes deux ânes; au lieu de vous battre, allez trouver

cette fille, & demandez-lui celui qu'elle veut celui là l'époufera, & l'autre ira en chercher une autre, fans fe fâcher mal-à-propos contre un homme qui ne lui fait point de tort, puifqu'il a autant de raifon de vouloir cette fille que lui, & que ce n'eft pas fa faute fi elle l'aime davantage.

Le raifonnement d'Arlequin les éclaire & les ramene à des fentimens plus raifonnables & plus modérés. Arlequin rencontre enfuite un Plaideur, qui fe plaint de l'injuftice des hommes. Arlequin lui demande fi c'eft qu'il a manqué auffi d'étre pendu, il lui apprend fon hiftoire avec le Marchand. Le Plaideur conclud naturellement qu'il a affaire à un voleur, & il a lieu d'être confirmé dans cette opinion. Dans la fuite de cette fcène, qui est très-comique, il cherche à s'efquiver; mais Arlequin le retient & lui dit qu'il veut

caufer avec lui.

Le PLAIDEUR.

Excufez, je n'en ai

A

pas le tems.

ARLEQUIN,

Il faut le prendre,

Le PLAIDEUR, à part.

Je ferai bien heureux fi j'en fuis quitte pour la bourse.

ARLEQUIN.

Dis-moi? Es-tu honnête homme?

Le PLAIDEUR.

J'en fais profeffion.

ARLEQUIN.

Et comment veux-tu que je te croye; fi tu ne me donnes pas des cautions; car vous en avez tous befoin dans ce pays? Allons, donne-m'en, & après nous cauferons.

Le PLAIDEUR.

Où voulez-vous que je les prenne?

ARLEQUIN.

Fouille dans ta poche, c'eft-là où

vous les mettez.

Le PLAIDEUR,

[blocks in formation]

La chofe n'eft plus équivoque; tấ→ chons d'en fortir à meilleur marché que nous pourrons. Je vois bien, Monfieur, ce que vous fouhaitez. Voilà ma bourse, c'est tout mon bien.

ARLEQUIN.

Si quelqu'un m'en demandait autant; je le tuerais; car je fuis honnête homme, moi, & qui n'eft pas sujet à caution.

Le PLAIDEUR.

Je le vois bien, Monfieur; adieu,

'Arrête.

ARLEQUIN.

Le PLAIDEUR. Encore, ciel! tirez-moi de ce pas.

ARLEQUIN.

Je fuis fâché d'en agir ainfi avèc toi, parce que tu me parais bon homme, & que tu eftime les Sauvages.

Le PLAIDEUR.

Plût-à-Dieu que je fuffe né parmi eux! je ne ferais pas expofé à tous les maux qui me fuivent.

ARLEQUIN.

Voilà tes cautions; je te crois honnête fur ta parole, puifque tu voudrais être Sauvage.

Le PLAIDEUR.

Mais, Monfieur,

ARLEQUIN.

Sais-tu bien que je suis un Sauvage;

moi?

Le PLAIDEUR.

Vous !

ARLEQUIN.

Oui, je fuis arrivé aujourd'hui dans ton pays, & depuis que j'y fuis, j'y ai vu plus d'impertinences que je n'en aurais appris en mille ans dans nos forêts.

Le PLAIDEUR.

Je le crois, (à part) Dieu foit loué, je refpire.

ARLEQUIN.

Dis-moi donc ce qui te fâche?

Le PLAIDEUR.

C'eft la perte d'un Procès.

ARLEQUIN.

Quelle bête eft-ce là, un Procès ?

Le PLAIDEUR.

Ce n'eft point une bête; mais une affaire que j'avais avec un homme.

« 이전계속 »