Il renconte Cinthio, qui l'oblige de porter une lettre à Eularia, fans que perfonne s'en apperçoive; Octave rencontre Arlequin : celui ci cache la lettre fous fon chapeau; Octave la voit, la prend, la lit, & menace de tuer Arlequin, qui s'enfuit. Octave a une converfation avec Ea laria fa femme, à qui la lettre était adreffée, il la croit infidele, & l'empoisonne; il ordonne à Arlequin, qui reparaît avec un flambeau, d'enfevelir Eularia; Arlequin effrayé, veut éteindre le flambeau & fe fauver; il fait plufieurs lazis de frayeurs; & Octave impatienté, le prend au collet, & lui fait avaler le refte du poifon ah ! malheureux, s'écrie Arlequin, empoifonner un foldat de Porto-Longone; il croit fentir les approches de la mort, & fait fon teftament de cette maniere touchante : il jette fon chapeau à terre: adieu charmant parafol, qui m'avez défendu de tant d'orages: il jette auffi fon ceinturon & fa batte, en difant adieu valeureuse épée, qui avez gagné tant de batailles, & qui avez coupé la tête à tant de choux; & vous, beau ceinturon, fait de la peau de mon pere. allez ceindre les côtés d'un autre cham pignon que moi : il fent des convulfions, fait plufieurs tours fur le théâtre, & tombe à plat ventre, en faisant la culbute, de forte que le flambeau paffe entre fes cuiffes, & refte droit & allumé ( 1 ). Trivelin envoyé par Octave pour enfermer fa femme dans le tombeau, veut y mettre auffi Arlequin, qui fe leve, ramaffe fon chapeau, fa batte, & court s'y placer lui-même: Trivelin effrayé, fe fauve. Eularia s'éveillant de fon profond affoupiffement, eft étonné de fe trouver en ce lieu; Arlequin lui demande qui elle eft; je fuis femme pour mon malheur, & c'eft un ingrat que j'ai trop aimé, qui m'a mife en cet état. Approchez-vous de moi, dit Arlequin, quoique mort, je fens que j'ai encore du goût pour les femmés : à ce difcours, Diamantine, fuivante d'Eularia, accourt au tombeau, & ayant fait fortir fa maîtreffe, elle prend fa place, &demande à Arlequin qui il eft: je fuis, répond-il, un mort qui fe meurt de faim; Diaman (1) Cette fcêne eft encore dans l'Arlequin Voleur, Prevôt & Juge, qu'elle termine. tine touchée de compaffion, le fait fortir, & va rejoindre Eularia: Octave arrive, & trouve Arlequin fur pied: comment coquin, tu n'es pas mort? Pardonnez-moi, répond celui-ci, en courant fe remettre dans le tombeau : de-là, il chante pouille à fon affaffin, & le menace de porter fa plainte à la Justice. Il reprend enfuite fon refrain ordinaire: Meffieurs, quelque charité pour un foldat de Porto-Longone. TRE LADRI SCOPERTI Les trois Voleurs découverts.. Il ne refte de cette Piéce qu'un canevas fort imparfait. Arlequin & le Capitan ouvrent la fcêne: celui-ci se vante de fes exploits; mais Arlequin lui conseille, malgré toute la valeur, de prendre garde à lui, parce que les Archers le cherchent pour le mettre en prifon; on prétend, répond Arlequin, que vous faites mentir le proverbe, qui dit que la chemife eft plus proche de la chair que l'habit, & que vous ne portez point de chemife; le Capitan avoue qu'il n'en portoit pas autrefois, parce qu'étant fort velu comme Hercule, lorfqu'il fe mettait en colere, tout le poil de fon corps fe hériffait, & perçait fa chemife comme un crible.. Il eft question de porter une lettre à Eularia: Octave furvient; le Capitan se: fauve, & Arlequin dit qu'il eft un pauvre malade, qui cherche le chemin.de l'hôpital.. Dans une des fcênes fuivantes, Tri velin propose à Arlequin de voler de compagnie une maison voisine, & de convenir d'une heure, pendant laquelle il ne paffe perfonne dans la ville; Arle quin répond qu'il faut donc attendre la fin du monde; Trivelin le raffure : prends garde feulement qu'on ne mę pende, dit Arlequin; car je m'en pren drais à toi ; enfin, fi le malheur nous en veut, je prétens être pendu à droite, parce que c'eft la place d'honneur : il propofe enfuite, comme un excellent expédient, de mettre le Barigel dans la confidence, & de lui demander la permiffion de voler, qu'il ne peut leur refufer, attendu qu'ils n'ont pas le fou: Trivelin n'entend pas raillerie, & Arlequin confent enfin à tout. Arlequin vient enfuite fur le théâtre avec un fac fur la tête, dont il fe forme un capuchon; Trivelin paraît à la fenêtre, au fignal dont ils font convenus, & lui demande s'il a le faç: oui; ouvre bien la bouche: Arlequin ouvre la bouche ouvre-la bien grande veux-tu donc que je me la fende jufqu'aux oreilles? Bête que tu es, c'eft la bouche du fac, & non la tienne : Arlequin ouvre la bouche du fac; mais il la tient en bas, de peur d'en être mordu: Tri : |