페이지 이미지
PDF
ePub
[ocr errors]

IL REMEDIO A TUTTI MALI.

Le Remède à tous Maux, en trois actes.

Arlequin & Trivelin ont imaginé un ftratagême pour attraper de l'argent; ils l'exécutent au moyen d'une peau, fous laquelle ils fe mettent l'un & l'autre, pour représenter un monftre fingulier.

Octave & Cinthio viennent les voir; deux fourbes volent la bourfe de ces deux cavaliers; ils font découverts, & on leur pardonne, à condition qu'ils ferviront ces deux amans, pour les venger de leurs maîtreffes; on convient qu'Arlequin fera le Médecin Indien; ils arrivent, Trivelin tenant en leffe un animal qui porte un drapeau, & Arlequin monté fur un âne, orné de plumes, tient ce difcours :

On s'étonnera, Meffieurs, de me voir dans cette place monté fur un âne & avec cet autre animal que mon camarade conduit par la main; mais fachez que ce que vous croiez un âne, est, comme le dit Cicéron dans un fonnet

français en l'honneur de fa maîtreffe; un papillon des Indes Orientales; & que cet autre eft une punaife des Indes Septentrionales que j'ai trouyée dans la chemise du Grand Mogol; au furplus, je fuis Médecin, Chirurgien, Apothicaire. & Barbier; je connais parfaitement les infirmités, les maladies; je fçais remédier aux bleffures & autres événemens auxquels le corps humain eft fujet; j'ai des preuves fuffifantes de ma capacité, & c'eft ce que vous diraient tous mes malades, s'ils n'étaient pas morts.

Avec ma poudre de prelin pin, pin, j'ai guéri depuis huit jours un homme qui avait un furieux mal de tête dans le ventre. Comment cela fe peut-il, demande le Docteur? c'eft, répond Arlequin, qu'un taureau lui avait donné un coup de corne dans le ventre; un autre, ajoute-t-il, avait un mal de dents à la main gauche (tous les affiftans se mettent à rire); oui, Meffieurs les rieurs, & vous en conviendrez, lorfque vous fçaurez qu'un chien l'avait mordu à la main gauche; enfin ma poudre aide la ratte & le foye à digérer ; & par une infenfible transpiration, fait évacuer les poulmons; elle est salutaire

pour

pour toutes les Nations; elle guérit les Anglais de dureté, les Efpagnols de pareffe, les Allemands d'yvrognerie, les Turcs d'ignorance, les Suiffes de péfanteur, les Français de légéreté; enfin ma poudre guérit tout le monde, depuis Bergame, jufqu'à la Chine; c'est ce qu'on appelle depuis plus d'un fiécle l'onguent miton mitaine, ainsi que je l'ai remarqué dans les trentehuit maisons céleftes, dont parlent les Aftrologues. Il y a quarante ans, interrompt le Docteur, qu'il eft décidé qu'il n'y en a que douze; oui, réplique Arlequin; mais depuis quarante ans, croyez-vous qu'ils n'en ayent pas bâti d'autres.

On lui amene plufieurs eftropiés, qu'il guérit, & qui forment un balet. Arlequin entre en fe quarrant au deuxieme acte: la Médecine, dit-il, pénétre la moële des os, comme le feu pénétre les marmittes; le Docteur arrive, il lui tâte le poux, & lui demande s'il a la fiévre; c'eft l'affaire du Médecin de s'y connaître. Oui; mais je ne me connais qu'à la fiévre des Indes, répond Arlequin; il entre dans la maifon. Diamantine, après bien des façons, lui avoue qu'elle eft devenue amoureuse Tome I.

E

du Roi de Maroc, fur un portrait qu'elle a de ce Prince; il la congédie, en l'affurant qu'il l'aidera dans son amour.

Le Docteur amene avec lui Scaramouche en espéce de cul-de-jatte pour éprouver la fcience d'Arlequin, qui s'apperçoit du piége, & dit à ce dernier je vais vous faire voir à l'inftant la vertu de ma poudre ; il va chercher une botte de paille, fait affeoir deffus le prétendu eftropié, & après avoir femé de la poudre deffus la paille, il y met le feu; Scaramouche s'enfuit à toutes jambes: avez-vous jamais vu, dit Arlequin, une guérifon plus prompte.

Il paraît enfuite fur le fiége d'un carroffe, le fouet à la main, & dit qu'il eft le Cocher de Marc-Antoine, & qu'il a fervi Lépide; il me paraît, ré; plique le Docteur, que vous êtes au fait de l'hiftoire & que vous connoiffez le Triumvirat; fi je le connais, répond Arlequin; il eft mon coufin germain. Alors il détache les conducteurs de fon carroffe, & leur fait danser un ballet qui termine l'acte.

- Au troifieme acte, la ferme s'ouvre, & Arlequin paraît dans le cadre du tableau qui doit repréfenter le Roi de Maroc; Diamantine fe croyant feule, prend de

[ocr errors]

la poudre du Médecin Indien, & éternue: ta poudre, dit alors Arlequin, a plus de vertu que la mort aux rats, car elle donne la vie aux tableaux; Diamantine furprise, fui demande qui il eft; je fuis, dit-il, le Roi de Maroc, amoureux de toi, par la vertu de cette poudre, & qui veux te faire une douzaine de petits maroquins pour te faire des fouliers; il defcend du tableau pour venir l'embraffer: comme il entend parler dans la chambre voifine, il rentre dans fon cadre; le Docteur vient & eft étonné de voir le portrait dans une attitude différente. Queft-ce donc que ceci, Arlequin? c'eft le Roi de Maroc: la fourberie fe découvre, & il obtient Diamantine, & fort pour s'habiller en marié, & inviter fes amis à la nôce.

A la derniere fcêne, tous les Acteurs forment une marche; Arlequin & Diamantine font habillés én mariés; le premier dit qu'avant toutes chofes, il est néceffaire de convenir des articles du contrat, & lit ce qui fuit: Nous, Arlequin, (il ôte fon chapeau) Seigneur de Sbroufadel.

Le DOCTEUR.

Comment, Seigneur de Sbroufadel?

« 이전계속 »