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ouvrait en ces termes un traité du sujet qui nous occupe :

<«< On distingue deux sortes de gouvernemens des pa>> roisses le Spirituel et le Temporel. Le premier consiste » dans la célébration du service divin, l'administration » des sacremens, la prédication, l'instruction, et les céré» monies de la sépulture. Il est confié au curé que » l'evêque a institué pour conduire le peuple d'une pa>> roisse.

» Le gouvernement temporel a pour objet l'adminis»tration des biens et revenus de la Fabrique, les répa>> rations de l'église, la fourniture des ornemens, livres » et vases sacrés, et de tout ce qui est nécessaire pour » la célébration du service divin. Ce gouvernement est » confié au général de la paroisse (1). »

Le même auteur dit encore:

« Le Général doit se conduire avec la discrétion et la » prudence d'un père de famille, sans jamais perdre de » vue et le bien de l'église, dont il est le défenseur, et » l'intérêt des paroissiens, dont il est le procurateur » légal (2)... Au Général seul appartient le droit d'admi»nistrer les biens et les revenus de la Fabrique, des >> Confrairies, des Fondations, de régler l'emploi des reve»> nus, suivant leur destination naturelle (3)... A lui seul » appartient encore le droit de pourvoir aux offices et >> emplois de l'eglise, de nommer les chantres, le sacriste, » les enfans de choeur, les bedeaux (4)... >>

Outre la question de la Fabrique, qui comprend les revenus et les dépenses de l'église; dans les endroits où n'existait pas une communauté de ville, ou municipalité, le général devait s'occuper des charges et des droits des habitants, en tant que citoyens. Ces charges étaient les levées de deniers et d'impôts

(1) POTIER, loc. cit., p. 1.

(2) Eod. loc., p. 169. (3) Eod. loc., p. 172. (4) Eod. loc., p. 173.

divers. Ces droits étaient ceux de la paroisse sur les communaux, les bois, les pêcheries, la cueillette du goémon (1),

Quelle était la composition du général ? Cette «< assemblée politique» comprenait douze paroissiens qui avaient été trésoriers et dont les comptes avaient été « rendus et soldés »; de plus, deux trésoriers en fonction. A ces quatorze membres se joignaient « le Recteur et les Juges de la juridiction » d'où l'église relevait. L'association délibérait « dans la sacristie >> ou dans une chambre destinée à cet usage (2).

(1) Eod. loc., p. 313 et suiv. - Le général de Saint-Enogat poursuit ceux qui recueillent le goémon en temps prohibé (l'autorisation s'étendait du 1er septembre au 3 avril), ou les habitants des paroisses voisines qui empiètent sur les côtes (Annal. de la Soc. Hist. de Saint-Malo, année 1902, p. 41). Dans son analyse manuscrite des papiers du général de SaintServan, que M. Jules Haize, mon collègue, m'a communiquée avec une bienveillance tout amicale, je lis « 2 août 1778. Requête d'habitants de la campagne, qui demandent l'exécution de l'ordonnance de 1681, touchant la coupe du goémon. On crée des gardes-goémon, qui seront tenus de s'opposer à l'enlèvement du varech par d'autres habitants que ceux de la paroisse ».

Parmi les ressources du général, il faut placer certaines amendes. J'en découvre un exemple assez curieux à Baguer-Morvan. Des jeunes gens du pays s'étaient unis pour enlever « clandestinement » une jeune fille. Ils voulaient forcer ainsi le fermier à la donner en mariage à leur ami Bachelot. Ils la conduisirent au Mont-Saint-Michel. L'affaire était grave. Pourtant les choses s'arrangèrent. Les ravisseurs consentirent à payer une somme de 500 livres : « au profit de la fabrique de Baguer-Morvan, pour estre employée à tel usage qu'il plaira au general fixer », sans compter d'autres sommes destinées à réparer le scandale et à indemniser Julien Ruaux des courses qu'il fit afin de retrouver son enfant (ARCHIV. DÉPART. DE RENNES, Notaires, Fonds Rouault, pièce du 16 février 1784). (2) Eod. loc., p. 167, 168. Dans son Histoire de Saint-Servan, qu'il a rédigée et imprimée, M. J. HAIZE (1900, p. 166) écrit : « Le Général de SaintServan était composé du recteur et de ses deux vicaires, du sénéchal, du procureur, du premier capitaine, des trésoriers en charge, de douze anciens trésoriers délibérants, et de six notables ayant voix consultative. Quand il s'agissait d'affaires intéressant directement l'église, le recteur exposait ses motifs, puis devait se retirer. - Les séances furent publiques jusqu'en 1755 ». A Saint-Martin de Vitré, les membres de l'assemblée, obligés de s'absenter, pouvaient se faire remplacer par des parents ou des amis; le fils représente plusieurs fois son père. Au besoin, si le nombre n'est pas complet, le général nomme un délibérant, qui est forcé de venir à la séance (voir, par exemple, les délibérations des 24 juin 1770, 12 juillet 1772, 31 août 1777, 30 mai 1779).

Saint-Servan était la paroisse rurale, à côté de Saint-Malo, qui jouissait d'une communauté de ville; comme Saint-Martin était la paroisse rurale, à côté de Notre-Dame de Vitré, qui jouissait également d'une communauté de ville. De là une situation particulière. Ces généraux de banlieue deviennent plus puissants à mesure que se développent les faubourgs, et

Toutefois, quand il s'agissait d'« affaires majeures »>, pouvant donner lieu à des « levées de deniers considérables >>, la Cour demandait avec sagesse « la convocation d'une assemblée générale des habitans notables, possédans biens dans la paroisse, afin de scruter le vœu général ». Parmi les choses d'une importance plus particulière, on rangeait « la démolition d'une église, sa reconstruction, sa translation d'un lieu à un autre (1) ».

La force du général réside dans l'appui que lui prête le Parlement, c'est-à-dire la justice royale, tantôt contre les << seigneurs et gentils-hommes », qui gênaient les habitants dans l'examen de « leurs affaires politiques (2) », tantôt contre les recteurs, qui commettaient des abus et voulaient s'introduire dans la comptabilité (3); tantôt contre les membres eux-mêmes de l'assemblée, qui, au moment de l'élection des trésoriers et autres officiers de la paroisse, pratiquaient « des brigues et sollicitations » et se concertaient « dans les cabarets (4) ».

Tandis que plusieurs espéraient faire leurs affaires en faisant celles de la paroisse (5), d'autres n'éprouvaient aucun attrait pour des honneurs qui engageaient leur responsabilité;

sentent plus vivement leur sorte de tutelle vis-à-vis du voisin privilégié. Le cas de Saint-Servan, ancien établissement romain du nom d'Alet, est même excessivement curieux (DUCHESNE, Les anc. catalog. ép. de la prov. de Tours, 1890, p. 89).

(1) POTIER, Eod. loc., p. 171.

(2) Arrests du Parlement de Bretagne concernant les paroisses, troisième édition, Rennes, 1731.

p. 21.

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Arrêt du 24 novembre 1664, pour Cléder,

(3) Eod. loc. Arrêt du 4 avril 1665, contre le recteur de Paramé, p. 22-28. Arrêt du 31 août 1718, contre des prêtres de trois paroisses basses-bretonnes, p. 332, 333, 334. Arrêt du 29 octobre 1718, contre le recteur de Saint-Germain-en-Coglais, p. 339-341.

(4) Eod. loc. - Arrêt du 16 avril 1655, relatif à Saint-Etienne de Rennes, p. 8. Arrêt du 27 avril 1691, p. 145, 146.

(5) Les statuts du diocèse de Tréguier, édition de 1685, insèrent, à la page 27, l'article suivant : « Pour détruire la malice de ceux qui tâchen! par artifice de s'exemter de payer ce qu'ils doivent aux Fabrices, et pour disposer du bien se font nommer Marguilliers ou en êlire d'autres qui leur conviennent défences sont faites a toutes personnes sur peine d'excommunication d'empêcher soit par menaces, violences, promesses ou autres voyes illegitimes, que l'élection des tresoriers, œconomes des Fabrices, et auditeurs des comptes, ne se fasse avec la liberté et franchise requise.

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ces amis d'une vie « glissante, sombre et muette », comme dirait Montaigne, attendaient un procès avant d'accepter le titre proposé, et parfois offraient de l'argent pour être délivrés de leur mandat (1).

Les décisions du général se présentaient d'abord comme la résultante de trois pouvoirs concertés : le seigneur, le recteur, le populaire. Toute autorité a besoin d'un modérateur. Toute administration devient dangereuse si elle n'est surveillée. C'est pourquoi l'union des trois ordres dans la commune rurale pouvait produire un équilibre, précieux au bien public.

Par malheur, le seigneur ne crut pas aristocratique de se mêler cordialement à la vie de paroisse (2). La caste des châteaux affectait même à l'église une tenue de mauvais goût, qu'elle considérait comme une marque de supériorité (3).

(1) 24 avril 1735. Assignation devant le Présidial du sieur Rivière qui refuse d'occuper le poste de trésorier en charge, auquel il a été nommé (Notes manuscrites de M. HAIZE sur le général de Saint-Servan). En 1692, à Ploërmel, le notaire Gayol paya 45 livres, afin d'être « déchargé des fonctions de fabrique » (S. ROPARTZ, Notice sur Ploërmel, 1864, p. 73).

(2) Sans doute, au XVIIe siècle, on pourrait citer des exemples de châtelaines compatissantes, que l'esprit du christianisme incite au bien; sans doute, au XVIIIe siècle, il ne serait pas difficile de découvrir des seigneurs intelligents et généreux, chez qui l'on sent l'influence des idées philanthropiques; toutefois, à part de rares exceptions, le manoir, dans les villages, se dresse comme un souvenir féodal, casqué d'orgueil, et bardé de privilèges qu'aucun service social ne justifie plus. Aussi, l'amour des paysans bretons pour les nobles de la paroisse est une légende. TAINE, L'Ancien Régime, chap. III. LAVISSE, Histoire de France, tome VII, première partie, p. 345-358. Henri SÉE, Les classes rurales en Bretagne, du XVIe siècle à la Révolution.

(3) Dans un arrêt du 30 octobre 1666, on dit que « plusieurs personnes et la plupart de condition »> perdent le respect qu'elles doivent à l'église, tournent le dos à l'autel, avec ostentation, au moment de la consécration, font dans le lieu saint des « conversations » profanes et s'entretiennent « de railleries » (Arrests du parlement de Bretagne, 3o édit., 1731, p. 28-30). Un petit traité, qu'on attribue au duc de Luynes et qui parut en 1668, recommande aux seigneurs de ne pas faire attendre le prêtre qui doit dire la messe et d'assister aux offices avec modestie (BABEAU, Le village s. l'anc. rég., 2e édit., p. 182).

A l'époque féodale, choisi par le seigneur, le prêtre rural devint son homme, souvent il fut son serf ou son recommandé (IMBART DE LA TOUR, Les paroisses rurales du IVe au XIe siècle, Paris, 1900, p. 232-233). Au surplus, le château considéra toujours la morgue vis-à-vis du clergé comme un

Toutefois, quand il s'agissait d'« affaires majeures »>, pouvant donner lieu à des « levées de deniers considérables >>, la Cour demandait avec sagesse « la convocation d'une assemblée générale des habitans notables, possédans biens dans la paroisse, afin de scruter le vœu général ». Parmi les choses d'une importance plus particulière, on rangeait « la démolition d'une église, sa reconstruction, sa translation d'un lieu à un autre (1) ».

La force du général réside dans l'appui que lui prête le Parlement, c'est-à-dire la justice royale, tantôt contre les « seigneurs et gentils-hommes », qui gênaient les habitants dans l'examen de « leurs affaires politiques (2) », tantôt contre les recteurs, qui commettaient des abus et voulaient s'introduire dans la comptabilité (3); tantôt contre les membres eux-mêmes de l'assemblée, qui, au moment de l'élection des trésoriers et autres officiers de la paroisse, pratiquaient « des brigues et sollicitations » et se concertaient « dans les cabarets (4) ».

Tandis que plusieurs espéraient faire leurs affaires en faisant celles de la paroisse (5), d'autres n'éprouvaient aucun attrait pour des honneurs qui engageaient leur responsabilité;

sentent plus vivement leur sorte de tutelle vis-à-vis du voisin privilégié. Le cas de Saint-Servan, - ancien établissement romain du nom d'Alet, est même excessivement curieux (DUCHESNE, Les anc. catalog. ép. de la prov. de Tours, 1890, p. 89).

(1) POTIER, Eod. loc., p. 171.

(2) Arrests du Parlement de Bretagne concernant les paroisses, troisième édition, Rennes, 1731. Arrêt du 24 novembre 1664, pour Cléder,

p. 21.

(3) Eod. loc. — Arrêt du 4 avril 1665, contre le recteur de Paramé, p. 22-28. Arrêt du 31 août 1718, contre des prêtres de trois paroisses basses-bretonnes, p. 332, 333, 334. Arrêt du 29 octobre 1718, contre le recteur de Saint-Germain-en-Coglais, p. 339-341.

-

(4) Eod. loc. - Arrêt du 16 avril 1655, relatif à Saint-Etienne de Rennes, Arrêt du 27 avril 1691, p. 145, 146.

p. 8.

(5) Les statuts du diocèse de Tréguier, édition de 1685, insèrent, à la page 27, l'article suivant : « Pour détruire la malice de ceux qui tâchent par artifice de s'exemter de payer ce qu'ils doivent aux Fabrices, et pour disposer du bien se font nommer Marguilliers ou en êlire d'autres qui leur conviennent défences sont faites a toutes personnes sur peine d'excommunication d'empêcher soit par menaces, violences, promesses ou autres voyes illegitimes, que l'élection des tresoriers, œconomes des Fabrices, et auditeurs des comptes, ne se fasse avec la liberté et franchise requise.

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