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Vous avez au larcin certain panchant maudit. Je veux vous épargner le reste.

Sufit, je n'ai rien crû de tout ce qu'elle a dit.
Chacun fçait que Margot la pie

Ne fut jamais larronne ni harpie.
Mauvais raports font toujours odieux.
La vérité fur-tout ofense.

Après de tels avis, courte fut la féance.
Nôtre Couple malicieux
Quita brufquement la partie,

Et ne s'eft revû de la vie.

Il faut à l'amitié d'honnêtes fondemens.

D'unir les cœurs le vice eft incapable.
Les vertus & les fentimens

Rendent feuls l'amitié durable.

MERCURE

ET LE SCULPTEUR.

FABLE V I.

L

E Dieu, qui porte un caducée,

'Se mit un jour dans la pensée De changer de figure, & de quiter les cieux,

Voulant s'inftruire par lui-même

De ce que l'on pensoit de lui dans ces bas lieux.
C'étoit une imprudence extrème.
Quelque parfaits que foient les Dieux,

Ils rifquent trop d'être fi curieux.
Après diverfes avantures,

Il vint chez un Sculpteur, où trouvant les figures
De Jupiter & de Momus,

Il voulut fçavoir quelle fomme

On les vendoit. Combien, dit-il, à l'Homme,
Ce Jupiter? Deux oboles fans plus.

Nôtre Galant fourit de voir Monfieur fon Pére

Non plus prifé que quelqu'un du vulgaire.

Et ce petit Boufon? Un demi-carolus.
Mercure voit enfin le feul objet qu'il aime.

C'eft dire affez qu'il s'aperçoit lui-même.

Par le Stix, difoit-il tout bas,

On doit plus m'estimer que ces Dieux inutiles.
Je préfide au Commerce, & rens les gens habiles.
Le Monde me doit trop pour n'en point faire cas.
Le Fanfaron croïoit que tout l'or du Pactole
Ne pouvoit païer fon Idole.

Combien, dit-il, celui qu'ici je voi niché ?
Pour ce Maître Fripon, repart le Polyclète,
N'aurons débat ; & fi tu fais emplette
De Jupin ou Momus, il fuivra le marché.

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Tout Homme enflé de fon mérite,

Si de s'en informer il étoit affez fou,

Se verroit détrompé bien vite.

Tel s'eftime un mont d'or, qui ne vaut pas un fou.

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LE BOUC,

LE MOUTON ET LE RENARD.

FABLE V I I.

Compére Bouc, voulant faire un voïage

Au prémier jour avec certain Taureau,

S'informoit de fes mœurs aux Hôtes du hameau.
Ce Bouc faifoit le prudent perfonnage :

Mais, pour avoir longue barbe au menton,
On n'en eft pas fouvent plus fage.

D'abord il rencontre un Mouton,

Qui lui dit : J'en peux rendre un très-für témoignage. C'est mon voifin. N'aïez aucun foupçon. Vous ne pouviez choisir un meilleur compagnon. Il a des forces, du courage.

A fes côtez ne craignez rien.

Si le Loup vous ataque, il vous défendra bien,
Un Renard médifant lui dit tout au contraire:
Gardez-vous bien de fuivre un pareil animal.

C'est un querelleur, un brutal.

Il fe fait tous les jours quelque mauvaise afaire. C'est un gourmand enfin ; & fi vous rencontrez Un herbage friand, dont l'apât vous atire,

Vous n'en tâterez point. Je puis vous le prédire.
Le Taureau le paîtra. Vous le regarderez.
Le mal qu'on dit d'autrui perfuade à merveille.
A ce difcours malicieux

Le Bouc prête auffi-tôt l'oreille.

Par le Dieu Pan, dit-il, je ferai mieux
De me paffer de telle compagnie.

Il

part

donc feul & fans cérémonie: Mais rencontrant le Loup, il reconnut trop tard Qu'on doit croire plutôt un Mouton qu'un Renard.

LE RAT ET LA TAUPE.

C

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Ertain Rat voïageur, Rat des plus étourdis,
Paffant près d'une Taupinée,

Dit à la Dam du logis,

Qui rentroit dans fon trou: Je plains ta destinée, Tu paffes triftement tes jours

Dans une retraite profonde.

Devrois-tu fuir ainfi le commerce du monde?

Tu ne vis qu'à demi. Je fais mieux : Je parcours Les environs: Dans mes fréquens voïages J'aprens les mœurs & les ufages

K

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