Vous avez au larcin certain panchant maudit. Je veux vous épargner le reste. Sufit, je n'ai rien crû de tout ce qu'elle a dit. Ne fut jamais larronne ni harpie. Après de tels avis, courte fut la féance. Et ne s'eft revû de la vie. ক Il faut à l'amitié d'honnêtes fondemens. D'unir les cœurs le vice eft incapable. Rendent feuls l'amitié durable. MERCURE ET LE SCULPTEUR. FABLE V I. L E Dieu, qui porte un caducée, 'Se mit un jour dans la pensée De changer de figure, & de quiter les cieux, Voulant s'inftruire par lui-même De ce que l'on pensoit de lui dans ces bas lieux. Ils rifquent trop d'être fi curieux. Il vint chez un Sculpteur, où trouvant les figures Il voulut fçavoir quelle fomme On les vendoit. Combien, dit-il, à l'Homme, Nôtre Galant fourit de voir Monfieur fon Pére Non plus prifé que quelqu'un du vulgaire. Et ce petit Boufon? Un demi-carolus. C'eft dire affez qu'il s'aperçoit lui-même. Par le Stix, difoit-il tout bas, On doit plus m'estimer que ces Dieux inutiles. Combien, dit-il, celui qu'ici je voi niché ? Tout Homme enflé de fon mérite, Si de s'en informer il étoit affez fou, Se verroit détrompé bien vite. Tel s'eftime un mont d'or, qui ne vaut pas un fou. LE BOUC, LE MOUTON ET LE RENARD. FABLE V I I. Compére Bouc, voulant faire un voïage Au prémier jour avec certain Taureau, S'informoit de fes mœurs aux Hôtes du hameau. Mais, pour avoir longue barbe au menton, D'abord il rencontre un Mouton, Qui lui dit : J'en peux rendre un très-für témoignage. C'est mon voifin. N'aïez aucun foupçon. Vous ne pouviez choisir un meilleur compagnon. Il a des forces, du courage. A fes côtez ne craignez rien. Si le Loup vous ataque, il vous défendra bien, C'est un querelleur, un brutal. Il fe fait tous les jours quelque mauvaise afaire. C'est un gourmand enfin ; & fi vous rencontrez Un herbage friand, dont l'apât vous atire, Vous n'en tâterez point. Je puis vous le prédire. Le Bouc prête auffi-tôt l'oreille. Par le Dieu Pan, dit-il, je ferai mieux Il part donc feul & fans cérémonie: Mais rencontrant le Loup, il reconnut trop tard Qu'on doit croire plutôt un Mouton qu'un Renard. LE RAT ET LA TAUPE. C Ertain Rat voïageur, Rat des plus étourdis, Dit à la Dam du logis, Qui rentroit dans fon trou: Je plains ta destinée, Tu paffes triftement tes jours Dans une retraite profonde. Devrois-tu fuir ainfi le commerce du monde? Tu ne vis qu'à demi. Je fais mieux : Je parcours Les environs: Dans mes fréquens voïages J'aprens les mœurs & les ufages K |