Et croit pofféder un trésor. La couleur du métal que l'Univers adore En goûter, le croïant des plus délicieux. Auffi-tôt qu'il en eut tâté, Il la jetta honteux, & faisant la grimace: Un marron fut le prix de fa perfévérance. Les commencemens épineux Cachent d'excellens fruits; tandis que l'Ignorance, Sous une riante aparence, N'a que des fruits amers & dangereux. L'ESTAMPE ET LA FABLE. FABLE XII. Q Ui ne croiroit que du Vulgaire Avec plus de fureur qu'en tout autre canton. De fon mérite, un jour, l'Estampe prévenue, Je fais ton plus bel ornement, Ma Commére, fans moi tu ferois un peu nuë. Convient à quelque Fable étique, Qui peut-être fans toi garderoit la boutique: Mais Car tu n'es près de moi qu'un vain amusement M'aprend par cœur, & me médite. Apollon les oüit, & leur cria: Tout beau : Vous êtes toutes deux fort belles ; LE HIBOU ET LA CIGALE. FABLE Χ Ι Ι Ι. Point de beaux jours pour un Hibou. Ce trifte oifeau hait le lumiére. Les raïons du foleil lui ferment la paupière. Le réveille en chantant. Elle fut fupliée Par le Hibou de ne l'étourdir pas: Mais l'importune Péronnelle Continua toujours, & n'en fit point de cas. Pourquoi le jour eft-il donc fait, dit-elle, Dit, en changeant de ton, nôtre rufé Compére. Mais chantant à midi pendant la canicule, Qui s'entendit louer, Vole au trou de l'Oiseau. Voilà comme nous fommes. La raison n'obtient rien de la plûpart des hommes: Mais de tout temps ils ont été Dupes de l'intérêt & de la vanité. LE LOUP ET LE MOUTON. FABLE XIV. Ur les montagnes d'Arcadie Sur Un Loup poursuivoit un Mouton. C'étoit une action hardie. Il fçavoit bien que Pan protégeoit ce canton: Quand la faim le preffoit, fon ventre étoit fon Dieu. Ne fçavoit done plus en quel lieu Se retirer; quand du Fils de Mercure Le Mouton, hors d'haleine, entre en ce lieu facré, Je ne fçai pas lequel des deux; Et je laiffe indécis un point auffi douteux. Il perdit l'apétit d'abord qu'il fe vit pris, Et refta planté, comme un terme. |