페이지 이미지
PDF
ePub

Le tuf n'eft pas fort loin, pour le dire entre nous.

Je vous connois, moi, qui vous ai creusée. Vous n'êtes au dedans que fable, que

Mais celle qui de vous eft ainfi méprifée
Enferme de métaux un prétieux tréfor.
Elle paroît ftérile ; & le fond en eft d'or.

cailloux:

Combien de beaux efprits, dont le fond est semblable A la Coline de ma Fable!

Ils ont bien du brillant, mais fans folidité.

Ne jugeons point par l'aparence.

Des dehors négligez, pleins de fimplicité,
Recèlent quelquefois le fçavoir, la prudence.

LE COQ-D'INDE

ET LE COQ

FABLE I I I.

U

N Coq-d'Inde, nouveau venu,

Dans une baffe-cour répandoit l'épouvante.
Son air fembloit terrible, & fa voix menaçante :
Le tout faute d'être connu.

Les Poules, les Canards, peuple fot & timide,
Prirent la fuite à fon afpect.

Un Coq refta feul intrépide.

L'air grave du Dindon lui devenoit suspect.
Il ofa l'ataquer. Tel autrefois Hercule
Alla combatre Antée au rivage Africain.
Le Dindon recula. Le Coq, voïant enfin
Sa foibleffe & fon ridicule

Commença de le méprifer..

Faquin, dit-il, ta voix & ton énorme taille
Peuvent de loin en imposer:

Mais de près tu n'es rien qui vaille.

LES DEUX VERMISSEAUX.

FABLE I V.

Deux Vermiffeaux, logezchez un Libraire,

Grignotoient à l'envi livres & manufcrits. Tous deux de bien ronger fe difputoient le prix. Ils n'avoient rien de mieux à faire.

Au milieu d'un gros Cicéron

Se rencontrant un jour, ce fut fujet de guerre.
Quelle témérité, dit le plus fanfaron,

De venir chaffer fur ma terre!

Ce volume eft pour vous un mets un peu trop
Jamais le favoureux Latin

De Cicéron & de Térence

fin.

Dut-il fervir à vous remplir la pance ? Dévorez Apulée ou quelqu'autre Africain : Voilà vôtre gibier. L'autre lui dit : Mon Frére, Ne puis-je pas mettre en lambeaux, Tout auffi bien que vous, les livres les plus beaux? Vous avez tort d'être en colére.

Je vous vaux bien, & je fçai mon métier. Si le ftile ferré, fût-il même d'acier,

A mes dents ne résiste guére,

Un Latin plus coulant eft auffi de mon goût.
J'aime Horace, Virgile & Cicéron fur-tout.
C'est une bonne nourriture.

Bien fot qui n'en tâteroit pas.
Je fuis devenu gros & gras

Depuis qu'il me fert de pâture.

Qui font ces Vermiffeaux? Deux rivaux Traducteurs Sans goût & fans délicatelle, Défigurant à l'envi les Auteurs

De l'Italie & de la Grèce.

LE FLEURISTE

ET LES LEGUMES.

U

[blocks in formation]

N Homme avoit un parterre de fleurs,
Dont il prenoit un foin extrême.

Artiftement il mêloit les couleurs.

C'étoit-là fon plaifir fuprême.

L'or & l'azur, la nège & le corail
Y formoient le plus bel émail.

Tout à côté nôtre Fleuriste

Avoit un Potager dans un état fort trifte.
Il y portoit rarement l'arrofoir.
Les Légumes féchoient. C'étoit pitié de voir
La Laituë & l'Ozeille

Se faner, & baiffer l'oreille.
Il arriva qu'un jour
Le Maître du jardin se promenant autour,

Un Chou des plus têtas, au nom de l'Assistance,
Se plaignit de fa négligence.

Pourquoi nous oublier ainfi ?
Ne fommes-nous pas plus utiles
Que ces belles Plantes ftériles,

« 이전계속 »