Qui vous caufent tant de fouci? Lorfque vôtre fanté fe trouvoit altérée, Par quel moïen l'avez-vous recouvrée? Au Jasmin, à l'Oeillet avez-vous eu recours? Ne fut-ce pas la Chicorée, Avec mes autres Sœurs, qui vous prêta fecours? Vous le connoiffez trop. Sans doute il feroit beau N'ai-je pas eu mainte fois l'avantage, De vous racommoder le timbre du cerveau ? Vous n'avez cependant aucune inquiétude Qui n'ont pourtant qu'un vain éclat, Le Fleuriste fit peu d'état Du Supliant & de fes remontrances. Vous avez pour un Chou, dit-il, trop de caquet. A ces mots, il retourne admirer les nuances Qu'arriva-t-il ? Nôtre Chou fut Prophète; Et ce caprice enfin à Monsieur fut fatal. Mais tout étoit péri, jusques au moindre Ognon. On cherche donc ailleurs, & l'on fe met en quête: Mais Monfieur, pendant ce temps-là, Droit chez Pluton en pofte s'en alla. Réglons mieux nos plaifirs. L'Homme vraîment habile Sçait cultiver l'agréable & l'utile. M LE RENARD ET LE DRAGON. FABLE V I. MAître Aître Renard creufant la terre, Et s'aprochant trop près de l'Empire des Morts, Aperçut un Dragon, gardien des tréfors Du Dieu, qui lance le tonnerre. Seigneur, lui dit-il humblement Le hazard m'a conduit à vôtre apartement, Je ne viens point, pour vous faire un larçin: Car tout vôtre or pour moi ne vaut pas un lapin. Mais puis-je avec vôtre licence, Seigneur, vous demander quel fruit Il vous revient de vôtre vigilance, Et de paffer vos jours dans un fi noir réduit ? Aucun, dit le Dragon. Jupiter me l'ordonne. A l'or que vous gardez vous ne touchez donc pas, Et vous n'en donnez à perfonne? Cela m'eft défendu. Je vous plains en ce cas, Reprit Maître Renard, & je ne puis m'en taire, Même au péril de vous mettre en couroux. Jamais le Ciel dans fa colére, N'a créé d'Animal plus malheureux que vous. Il ne s'en fert non plus que mon Dragon. Tous deux yeillent fans ceffe & fans aucun falaire: Mais malgré ma comparaison, L'Avare a bien moins de raison. L'un malgré lui prête fon miniftére: L'autre eft de fon tréfor efclave volontaire. P LEHI BOU, L'ALOUETTE ET LE PAON. FABLE V I I. L E Chat-huant difoit un jour aux Oifillons: Que vous me paroiffez avoir la tête folle! Je puis vous donner des leçons. Je fuis fon oiseau favori. Je veux vous faire part de ce préfent chéri. Ce Pédagogue des Oiseaux. Vous ferez mieux de m'écouter, dit-elle. Dont l'harmonie & la douceur Vaudront bien les leçons de Monfieur le Docteur. |