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Qui vous caufent tant de fouci? Lorfque vôtre fanté fe trouvoit altérée,

Par quel moïen l'avez-vous recouvrée? Au Jasmin, à l'Oeillet avez-vous eu recours? Ne fut-ce pas la Chicorée,

Avec mes autres Sœurs, qui vous prêta fecours?
Vous en eûtes befoin, & vous l'aurez toujours.
Je ne dis rien de mon usage.

Vous le connoiffez trop. Sans doute il feroit beau
De voir une Tulipe au milieu d'un potage
Au lieu d'un Chou: cela feroit nouveau.
Mais laiffons là le badinage.

N'ai-je pas eu mainte fois l'avantage,
Avec mon frère le Porreau,

De vous racommoder le timbre du cerveau ?
Jufqu'où va vôtre ingratitude?

Vous n'avez cependant aucune inquiétude
De nos befoins. Vous nous laiffez périr;
Tandis que nous voïons fleurir
La Jonquille & la Tubéreufe,

Qui n'ont pourtant qu'un vain éclat,
Et dont l'odeur eft dangereufe.

Le Fleuriste fit peu d'état

Du Supliant & de fes remontrances.

Vous avez pour un Chou, dit-il, trop de caquet.
Taifez-vous : c'est mieux vôtre fait.

A ces mots, il retourne admirer les nuances
De la Tulipe & de l'Oeillet.

Qu'arriva-t-il ? Nôtre Chou fut Prophète;

Et ce caprice enfin à Monsieur fut fatal.
Des diverses odeurs le mêlange l'entête.
Il hume du ferein. Monfieur fe trouve mal.
On court au Potager présenter fa requête,
Pour lui compofer un boüillon:

Mais tout étoit péri, jusques au moindre Ognon. On cherche donc ailleurs, & l'on fe met en quête: Mais Monfieur, pendant ce temps-là,

Droit chez Pluton en pofte s'en alla.

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Réglons mieux nos plaifirs. L'Homme vraîment habile

Sçait cultiver l'agréable & l'utile.

M

LE RENARD

ET LE DRAGON.

FABLE V I.

MAître

Aître Renard creufant la terre,

Et s'aprochant trop près de l'Empire des Morts, Aperçut un Dragon, gardien des tréfors

Du Dieu, qui lance le tonnerre.

Seigneur, lui dit-il humblement

Le hazard m'a conduit à vôtre apartement,
Je ne vous cherchois pas. Excusez l'imprudence.

Je ne viens point, pour vous faire un larçin: Car tout vôtre or pour moi ne vaut pas un lapin. Mais puis-je avec vôtre licence,

Seigneur, vous demander quel fruit

Il vous revient de vôtre vigilance, Et de paffer vos jours dans un fi noir réduit ? Aucun, dit le Dragon. Jupiter me l'ordonne. A l'or que vous gardez vous ne touchez donc pas, Et vous n'en donnez à perfonne?

Cela m'eft défendu. Je vous plains en ce cas, Reprit Maître Renard, & je ne puis m'en taire,

Même au péril de vous mettre en couroux.

Jamais le Ciel dans fa colére,

N'a créé d'Animal plus malheureux que vous.

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Il ne s'en fert non plus que mon Dragon. Tous deux yeillent fans ceffe & fans aucun falaire: Mais malgré ma comparaison,

L'Avare a bien moins de raison.

L'un malgré lui prête fon miniftére: L'autre eft de fon tréfor efclave volontaire.

P

LEHI BOU,

L'ALOUETTE ET LE PAON. FABLE V I I.

L

E Chat-huant difoit un jour aux Oifillons:

Que vous me paroiffez avoir la tête folle!
Vous tournez à tout vent. Venez à mon école.

Je puis vous donner des leçons.
Pallas m'enfeigna la fageffe.

Je fuis fon oiseau favori.

Je veux vous faire part de ce préfent chéri.
A vôtre fort la pitié m'interreffe.
Vôtre légéreté vous caufe bien des maux :
Mais pour vôtre bonheur aquérez la prudence.
Une Alouette oïoit avec impatience

Ce Pédagogue des Oiseaux.

Vous ferez mieux de m'écouter, dit-elle.
Je fçais une chanfon nouvelle,

Dont l'harmonie & la douceur

Vaudront bien les leçons de Monfieur le Docteur.
Je donne tous les biens, en infpirant la joïe;
Et pour vous rendre heureux, c'eft la plus courte voïe.

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