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LA PERDRIX,

ET LOISELEUR.

FABLE

X I.

Ne Perdrix fans compagnie

Dans des rets tomba par

Hélas! ne m'ôtez pas la vie,

Dit-elle à l'avide Oifeleur.

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malheur.

J'ai foufert la faim, la froidure,

Qui m'ont mise en chétif état;
Et je ne fuis, je vous le jure,
Un mets friand ni délicat.

Déja depuis plufieurs années

Je me remarie au Printemps.
Toujours mes heureux hyménées

De Perdreaux ont peuplé les champs.
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J'ai quinze petits dans mon aire,
Qui ne fçauroient voler encor.
Si vous faites périr leur mére,
Vous leur donnez auffi la mort.

Par pitié donc laissez-moi vivre,
Et retourner vers mes enfans.
Foi de Perdrix, je vous les livre;
Quand ils feront devenus grands.

Entendez mieux vôtre fortune:
Je fuis un trop maigre butin.
Vous en aurez quinze pour une:
Voilà de quoi faire un festin.

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L'Oifeleur, qui voit l'artifice,
De fa prière n'a fouci.

Vous me prenez pour un novice:
On ne m'amufe pas ainfi.

Vous ne méritez point de grace.
Ne prétendez point m'échaper:
Et qui peut bien trahir sa race,
Pourroit bien auffi me tromper.

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LE PERROQUET,

LE GEAI ET LE MERLE.

C

FABLE X I I.

Ertain Geai fe trouva commenfal d'un logis Avec un Perroquet, oiseaux bien afsortis, Tous deux grands babillards, têtes des plus malfaites,

Difeurs de quolibets & conteurs de fornettes.
Les voisins étoient étourdis

De leur babil. Ce couple fans cervelle
Répétoit tous les jours la même Kirielle.
L'un imitoit le chien, l'autre faifoit le chat,
Tous deux en même tems, efpèce de combat
A qui crieroit plus fort. Ils y mettoient leur gloire.
Mais quoiqu'ils n'euffent pas une once de bon fens,

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Ils tranchoient des habiles gens.

Cela n'eft pas fort dificile à croire.
Tel ainfi qu'eux n'a que de la mémoire,
Qui fe figure être un Docteur.

Près d'eux prifonnier dans fa cage,

Un Merle étoit leur auditeur,

Ecoutant malgré lui tout leur long verbiage.

Il ne leur difoit pas un mot.

Nos deux bavards, le prenant pour un fot,
Se moquérent de fon filence.

Meffieurs, repliqua-t-il, vous raillez fans fujet.
Remerciez plutôt ma complaisance

D'oüir tranquilement vôtre maudit caquet.

LE JEUNE MASTIN ET LE VIEUX.

FABLE XIII.

A Boiard,chien hargneux,agaçoit tout le monde,

Et mettoit fouvent en lambeaux

Les jufte-au-corps & les manteaux.

Il étoit craint demi lieuë à la ronde.
Son Maître lui pendit un gros bâton au cou,
Pour modérer fa violence.

Cela ne fit qu'augmenter l'infolence
De l'Animal: Il en devint plus fou.
Croïant

que ce bâton étoit la récompense De fon mérite, il ne regarda plus

1

Les autres Chiens du voisinage :

Mais certain vieux Mâtin,que les ans rendoient fage, Eut pitié de le voir dans un pareil abus.

Ami, dit-il, jusqu'où va ta folie

De prendre pour un ornement

La marque de ton infamie?

Tu devrois te cacher. A ton acoutrement, Chacun dit : C'eft un garnement:

Mais ta cervelle est si légére

Que tu ne fens pas ta misére.

Aboïard n'eft pas feul dans cet égarement. Bien d'autres Animaux encore

Vantent fouvent ce qui les deshonore.

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