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Car fon pére, vrai Loup-garou,

Etoit, comme j'ai dit, très-dur à la defferre.

L'Avare un jour étant aux champs,

Nôtre cadet fit fon afaire,

Subftituant un cofre à celui de fon pére,

Pareil en tout, excepté le dedans,
Qu'il remplit de cailloux. Il se passa deux ans :
Nôtre Avare croïoit avoir toujours fa fomme.
L'opinion fufit pour rendre heureux un homme.
Celui-ci donc l'étoit, fi ces fortes de gens

Le font jamais. Un jour changeant de place
Le cofre fort, il entendit un fon,

Qui lui donna quelque foupçon.
Il connoiffoit le timbre: Il ouvrit. O disgrace!
A l'afpect des cailloux il tombe en pamoison.
On court au Médecin, qui vient vite à fon aide.
Je fçais à ce mal un remède,

Dont Galien n'a point traité,

Dit il aux affiftans. Meffieurs, je vous confeille
De compter des écus auprès de fon oreille.
On le fait ; & d'abord par le fon excité

L'Avare fe réveille.

LE CHIEN, LE MOUTON, ET LE RENARD.

FABLE X V I I.

E coucher fur la dure un vieux Dogue étoit las:

DE

Il rencontre un Mouton,dont la toifon nouvelle
Lui parut propre à faire un matelas:

Au paifible animal Mouflar cherche querelle.
Tu me dois, lui dit ce fripon

Une livre de laine : Il faut en diligence
Me la païer. Ami, dit le Mouton,
Je n'ai de cette dette aucune connoiffance.
Tu me la dois, repliqua le Mâtin.
Pendant de tels débats paffe dans le chemin
Maître Renard, animal patelin,

Refpectant les Mâtins, & craignant leur colére.

Nôtre Dogue lui dit : Compére

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Nous avons un procès Maître Robin & moi.

Je ne veux point d'autre arbitre que toi,

Décide entre nous cette afaire.

Tout autre qu'un Mouton eût d'abord récufé
Maître Renard fur fa figure:

Mais nôtre Champenois, animal peu rusé,

Ne fçavoit pas la procédure.

Il le laiffa juger ; & fans être entendu
Le pauvre Robin fut tondu.

Maraud, on te demande une livre de laine,

Lui dit ce Juge à la douzaine.

On te fait trop de grace; & vous n'y pensez pas, Seigneur Mouflar, je fuis témoin du cas. Au lieu d'une il vous en doit quatre.

J'ordonne qu'il les païe. Il n'en faut rien rabatre. uca fou

Le Juge patelin fait fa cour au plus fort.
Chez lui le foible a toujours tort,

L'ORANGER

L'ORANGER,

E T LE CHESNE.

FABLE XVI I I.

UN petit Oranger content de sa figure,

Se trouvant planté d'avanture

Près d'un grand Chêne, il lui dit : Mon voisin,
Plus je te voi, plus je m'étonne

Que l'on ait refpecté tes ayeux à Dodone.
Je ne remarque rien en toi qui foit divin.
Ta fleur eft fans éclat, & n'a rien d'agréable;
Et pour ton fruit Cérès l'a rendu méprisable.
Pourquoi te confacrer au Souverain des Dieux?
Cet honneur m'étoit dû. Mes fruits délicieux,

Beaux à charmer, font dignes de fa table.
Mes rameaux toujours verds font voir en même

temps

L'Autonne & le Printemps.

L'Homme s'eft donc mépris : je te fuis préférable.

Mon mignon, vous êtes bien fier,
Reprit l'Arbre de Jupiter.

Il vous fied mal de tenir ce langage.

D

1

Je vous mets tous les jours à l'abri de l'orage.

Sans moi, batu de l'Aquilon,

Vous n'auriez pas ces fruits, ces fleurs, ce verd feuillage.

Vous êtes un ingrat, un petit fanfaron.

La puiffance des Grands aux beaux Arts eft utile.
Fleuriroient-ils fans cet afile?

LE MILAN MALADE.

FABLE X I X.

UN Milan, voleur redouté,

Et qui des Dieux méprifoit la puissance,
Tomba malade. En cette extrémité

Il ofe implorer leur clémence.

La crainte le rendoit contrit.

Ce dévot Personnage

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Vers le féjour célefte élevant fon efprit,

Apelle une Cigogne, & lui tient ce langage.
Hélas je meurs, fi les Dieux immortels
Ne font touchez de ma mifére.

Encenfez pour moi leurs Autels:

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