D'un femblable fermon Barillaut n'avoit cure, Continuant toujours fon train; Quand il arriva d'avanture Que les Maîtres des Chiens changérent de destin. La Fortune se plaît à de femblables jeux. Tous les jours en festin, plus de philosophie. Pour en achever la peinture, Nôtre Caton devint un pourceau d'Epicure. D'autres temps, d'autres mœurs dit le commun Proverbe. Cet Animal devint fuperbe, Et regarda de haut en bas Le pauvre Barillaut, que le fort de fon Maître Le prémier chien engraiffé, qui s'oublie: Mais fi je me fouviens de ta philofophie, C'eft ton tour de craindre les loups. LE LION, LE RENARD ET LE CHASSEUR. FABLE I I I. Montre-moi ce prétendu Maître Des Animaux, dit un jour le Lion Montre-le moi, fi tu le vois paroître. Les voilà tous deux en campagne. Le Lion, au panchant d'une verte montagne, Qui de fon Compagnon eût voulu fe défaire. Aux Citoïens des bois Le faifoit redouter comme un autre Céphale. Nôtre Renard, pour cette fois, Déploïa tout fon artifice Pour mettre aux prises le Lion Avec un pareil Champion. Il ne me chaut, dit-il, lequel des deux périsse. Dieux: Je n'aurai jamais telle chance. Celui que vous cherchez, Seigneur, s'ofre à vos yeux, Cria-t-il au Lion. Alez en diligence Vous venger de fon infolence. Vous n'aurez pas besoin, je croi, de mon fecours. Cela flétritoit vôtre gloire; Et je ferai d'icy témoin de la victoire, Qui vous eft hoc. A ce discours, Le Lion s'avança, hériffant fa criniére: Mais l'adreffe fait tout, & rend l'Homme vainqueur Des Lions & de leur fureur. Celui-ci, décochant fa fléche meurtrière, Fit tomber l'Animal fanglant fur la pouffiére. Le croit fans vie, aproche de fa proïe Qui craignoit autant l'un que l'autre, De tous deux à la fois fe voïant délivré, Plus d'un Renard politique & madré MOMUS MOMUS JUGE. Q FABLE IV. Uand l'Univers fut forti du cahos, Jupiter & Minerve avec le Dieu des flots Dit à Momus de juger leur débat. Un boufon eft peu propre à faire un Magiftrat. De ces chef-d'œuvres précieux, Ofa bien s'en railler à la barbe des Dieux. S'il faut, dit-il, que je m'explique, Les cornes du Bœuf que voici, Seigneur Neptune, avec vôtre licence, Mifes plus bas que l'œil, feroient mieux de beaucoup, Le Bœuf s'en ferviroit avec plus de prudence, E |