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DE S

REVOLUTIONS

ARRIVÉES

DANS LE GOUVERNEMENT

DE LA

RÉPUBLIQUE ROMAINE,

Par M. l'Abbé DE VERTOT, de l'Aca
démie Royale des Infcriptions & Belles-
Lettres, Cenfeur Royal, Secrétaire des
Commandements de S. A. S. Madame
la Ducheffe D'ORLEANS, Adminiftra
teur de la Commanderie de Santeny, &
Prieur de Sainte Marie d'Efne.
NOUVELLE ÉDITION
TOME SECOND.

A AMSTERDAM';

Chez DAVID MORTIER, Imprimen
& Libraire.

M.. DCC. LXXI.

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HISTOIRE

DES

RÉVOLUTIONS

ARRIVÉES

DANS LE GOUVERNEMENT

DE LA

RÉPUBLIQUE ROMAINE.

LIVRE HUITIEM E.

L. Manlius eft accufé devant l'assemblée du peuple de traiter durement T. Manlius fon fils. Action hardie de Titus pour délivrer fon pere. Il tue un Gaulois d'une taille extraordinaire, & eft furnommé Torquatus. Valerius Corvus. Pourquoi ainfi appellé. Les Samnites déclarent aux Romains une guerre qui fe termine à l'avantage de ces derniers. Premiere guerre entre les Carthaginois & les Romains. Après différents fuccès de part & d'autre les Carthaginois font obligés de demander la paix, & ne l'obtien Tome II.

A

nent qu'à des conditions três-onéreuses. Ils ré parent leurs pertes, & recommencent la guerre. Annibal paffe en Italie, & met Rome à deux doigts de fa perte. Il eft obligé de retourner en Afrique pour défendre fa patrie: Scipion taille en pieces fon armée, & prend Carthage. Les conquêtes des Romains en Grece & en Afie. Tribunat de Tiberius Gracchus rempli de troubles. Mort du Tribun.

YA République jouiffoit d'une profonde paix au dedans & au dehors de l'Etat, & le peuple regardoit le confulat qu'il venoit d'obtenir comme une victoire qu'il avoit remportée fur le Sénat & les Patriciens. Mais les Tribuns qui ne pouvoient fe faire valoir que par de nouvelles diffentions, fe plaignoient que, pour une dignité curule, que les Patriciens avoient cédée au peuple, ils euffent obtenu trois nouvelles Magiftratures; qu'on eût créé exprès pour eux la dignité de Préteur, qui les rendoit maîtres de l'adminiftration de la juftice; qu'ils euffent deux Ediles curules, dont l'autorité anéantiffoit celle des Ediles plébéïens. Ils demandoient que toutes les charges & les dignités de l'Etat fuffent communes entre le peuple & la Nobleffe ; que le mérite feul en décidât dans les élections, & que, fans diftinction de rang ou de naiffance, on pût choifir indifféremment des Plébéiens comme des Patriciens pour remplir les dignités civiles, & même celles du Sacerdoce. Tel étoit le sujet ordinaire dont ces Tribuns inquiets entretenoient la multitude dans leurs affemblées. Ils n'oublioient rien pour élever, par de magnifiques éloges, les moindres actions des Plébéïens, en même-temps qu'ils tâchoient d'affoiblir & de diminuer tout ce que les Nobles faifoient de plus utile pour la République. Ils s'attachoient

même à pénétrer ce qui fe paffoit dans l'intérieur de leur domestique, dont ils faifoient des rapports malins & exagérés, & propres à les rendre miférables.

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(a) C'est ainsi que fous le confulat de Q. Servilius Ahala & de Lucius Genutius, un Tribun du peuple appellé M. Pomponius, fit affigner L. Manlius qui fortoit actuellement de la dictature, fous prétexte que ce Patricien traitoit un de fes enfants avec trop de dureté. Ce fils de Manlius, appellé Titus, étoit né begue ; &, comme dans fes premieres années il ne faifoit pas efpérer beaucoup de fon efprit, fon pere l'avoit relégué dans une de fes maisons de campagne, où il étoit occupé du labourage & des autres foins de l'agriculture, comme en ufoient encore en ce temps-là les Romains. Cependant Pomponius en voulut faire un crime à Manlius qui d'ailleurs n'étoit pas agréable au peuple par la févérité qu'il avoit exercée dans fes Magiftratures & à la tête des armées, L'affaire fut pouffée fi vivement, qu'on ne doutoit pas qu'il ne fût condamné à une amende confidérable. Titus Manlius ayant appris l'embarras où fon pere fe trouvoit à fon fujet, fort feul de fon village de grand matin, fe rend à Rome & va à la porte du Tribun qui étoit encore au lit. II lui fait dire que le fils de Manlius demandoit à lui parler pour une affaire qui ne fouffroit point de retardement. Le Tribun perfuadé qu'il venoit ou le remercier de s'être intéreffé dans fa difgrace, ou peut-être lui découvrir de nouvelles preuves de la dureté de fon pere, ordonna qu'on le fit entrer. Manlius l'ayant falué, demanda à l'entretenir en particulier; les gens du Tribun fe retirerent auffi-tôt par fon ordre. Pour lors ce jeune homme lui porta un poignard à la gor:

(a) An de Rome 391.

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