ÆäÀÌÁö À̹ÌÁö
PDF
ePub

charmant. On peut être toute l'année habillé de drap d'Espa, gne, quoiqu'on foit environ à 20. dégrés de latitude Nord. Dans le fort de l'Eté on n'a qu'à se tenir à l'ombre, pour se garantir de l'incommodité que caufe la chaleur. C'eft ce qui donna lieu à la réponse que fit autrefois à Charles V. un Efpagnol nouvellement arrivé du Mexique. Ce Prince lui ayant demandé combien de tems il y avoit au Mexique entre l'Eté & l'Hyver; » Autant de tems, Sire, lui ré »pondit-il, qu'il en faut pour paf»fer du Soleil à l'ombre. Les pluyes qui commencent au mois de May, & qui ne finiffent qu'après l'Eté, contribuent beaucoup à modérer les grandes chaleurs. Enfin fi l'on confidere la quantité d'argent qu'on apporte cha que jour des mines dans cette

Ville,

Ville, la magnificence des Eglifes & des autres édifices, le grand nombre de caroffes qui roulent continuellement dans les ruës, & les richeffes immenfes de plufieurs Espagnols; on fe formera l'idée d'une des premicres, & des plus riches Villes du monde. Mais d'un autre côté quand on voit que les Indiens, qui font la plus grande partie du peuple, font mal vêtus, qu'ils vont fans linge & nuds pieds, on a de la peine à fe perfuader que cette Ville foit effectivement fi opulente.

Le 11. Mars nous commençâmes un nouveau voyage pour nous rendre à la mer du Sud.

En prenant la route d'Acapulco on fait d'abord quatre lieuës dans une plaine bien cultivée après quoi on monte pendant une heure fur une montagne, que XI. Rec.

F

les Espagnols appellent la Subida del arenal, à caufe des fables qu'on y trouve on paffe dans une forêt de Pins qui dure cinq lieuës; & on defcend pendant trois lieuës fe rendre à Cor

pour navacca petit Bourg fitué dans un terroir fertile, & dont le climat eft beaucoup plus ardent que celui des environs du Mexique.

Le pays qu'on rencontre après ce Bourg, eft rempli de Villages d'Indiens,& coupé de rivieres & de ruiffeaux qu'on paffe à gué dans des tems de féchereffe. On ne trouve que de petites plaines, des collines, des vallons, jufqu'à la Subida del passarito, qu'on defcend par un fort mauvais chemin qui eft de plus d'une lieuë. Demie-lieuë après on s'arrête à Pueblo nuevo, Village d'Indiens, fitué fur les bords

d'un lac qui a une lieuë de longueur, & trois quarts de lieuë de largeur. Ce Village eft éloigné de 21. lieuës de Cornavacca. Nous n'en partîmes qu'à quatre heures du foir, pour éviter la grande chaleur ; & après fix lieuës de marche, nous nous arrêtâmes à un autre Village nommé Palula.

Le lendemain nous fimes encore fix lieuës entre des collines chargées de ces arbrisseaux, que les Elpagnols nomment organum, & que les François appellent cierges épineux. On diroit, à les voir de loin, que ce font une in-finité de flambeaux de cire verte. Nous passâmes la riviere de las Balfas, de la même maniere qu'on la paffoit avant la conquête du Mexique : un quarré de foibles roseaux d'environ 10. pieds, fous lequel on attache

des callebaffes, fert de batteau on vous fait affeoir fur la felle d'une Mule, ou fur un balor qu'on place au milieu de cette machine, afin que le poids l'empêche de tourner. Un Indien tenant un des angles d'une main & nageant de l'autre, vous con

duit à l'autre bord de la riviere. C'eft du nom de Balfas que les Espagnols donnent à cette efpece de radeau, que la riviere a pris fon nom ils devroient plûtôt l'appeller la riviere des Mofquites; car on eft comme environné d'une nuée de ces infectes, qui ne font pas plus gros que nos plus petits moucherons, & dont les piqueures laiffent des marques, qui durent fouvent un mois entier. C'est pour éviter leur perfécution qu'on prend le tems de la nuit, pour faire les neuf lieues de chemin qu'il y a jufqu'au Village de Sompango.

« ÀÌÀü°è¼Ó »