페이지 이미지
PDF
ePub

la terre y produit d'elle-même plufieurs fruits excellens inconnus aux autres parties du Monde, parmi lesquels le Mangouftan & le Durion font les plus eftimés même des Européans.

lui

[ocr errors]

Le Roy ne leve aucun tribut fur fes Sujets; il a des mines d'un Etain qui eft auffi blanc que ced'Angleterre, mais qui n'en a pas la folidité il en fait fabriquer des pieces de monnoye qui pefent une livre, & qui ne valent que fept fols. Il fait battre auffi de petites pieces d'or rondes de bas aloy, d'une ligne & demie de diametre, fur lesquelles font gravées des lettres Arabes : on en donne cinq pour un écu d'Efpagne. Une petite monnoye de cuivre, qui ne vaut qu'un de nos deniers, a cours parmi le Peuple. Les vivres y font fort bons, & à vil prix. Les Mar

chands de Surate viennent y charger de l'étain qu'on appelle le calin aux Indes: ceux de la côte de Coromandel y portent des toi, les de coton, & ils en rapportent du calin, de l'or en poudre, & des Eléphans.

[ocr errors]

Quand nous arrivâmes à Queda, nous apprîmes que depuis environ deux ans, un François nommé Martin , y avoit fouffert la mort pour la Religion Catholique : il étoit Pilote d'un petit bâtiment forti de Bengale, dont le Capitaine é toit Anglois. Après avoir paffé à Achen & à Batavie, il tua fon Capitaine, & s'empara de toutes les marchandises du Vaiffeau. Dans l'appréhension que fon crime ne fût découvert, il penfa à fe délivrer de ceux dont il avoit plus de raifon de fe défier: dans ce deffein il aban

donna dans une Ifle deferte fur la côte de Java, cinq Matelots Chrétiens, qu'il y avoit envoyés fous prétexte d'y faire de l'eau : mais peu après ayant été obligé de relâcher à Queda, un ef clave du Capitaine tué l'accusa auprès du Roi, qui confifqua le bâtiment, & condamna le coupable à la mort. Comme on le conduifoit au lieu du fupplice, on vint de la part du Prince lui offrir la vie & mille écus, s'il vouloit embraffer le Mahometifme: il aima mieux mourir que de renoncer fa foi. Il expira le Crucifix à la main, en prononçant ces paroles de l'Oraifon Dominicale Votre Nom foit fanctifié. Nous avons fçu ces particularités d'un Portugais, de quelques Meftis Portugais, d'un Malais qui lui fervit d'Interprête jufqu'au dernier foupir,

& des Mahometans même de Surate, tous témoins oculaires de fa conftance & de fa fermeté. Je ne pus m'empêcher d'admirer l'admirable conduite de la Providence, qui ne se laffe point de nous attendre ; & qui d'un pecheur coupable de tant de crimes, en fait en un inftant un Martyr de JESUS-CHRIST.

Nous fumes obligés de paf fer fept mois au milieu de ces Barbares pour attendre la mouffon. Je vous laiffe à penser, mon Reverend Pere, ce qu'ont à fouffrir des Miffionnaires qui fe voyent contraints de vivre parmi des hommes pervers, fans efpérance d'en convertir un feul, & privés de la feule confolation qui leur refte en ce monde, qui eft le faint Sacrifice de la Meffe. Je ne compte point parmi nos peines, celle de fe rendre les fervices

fervices qu'on attend des autres pour l'entretien de la vie : nous ne trouvâmes pas un feul More qui voulût nous aller chercher de l'eau à la riviere: outre cela Dieu nous affligea le P. Bonnet & moi d'une maladie affez ordinaire aux Européans, quand ils féjournent dans un climat auffi brûlant que l'eft celui-ci. Nous eûmes pourtant le bonheur d'aider à tirer d'esclavage un Chrétien de Macao, qui depuis quatre ans n'avoit pû obtenir fa délivrance: Hé! que fçai-je, fi ce n'étoit pas pour fecourir ce fervent Catholique, que le Seigneur avoit permis tous les contretems qui nous avoient fait relâcher à Queda!

Il y avoit long-tems que nous demandions à Dieu d'être déli vrés de cette terre barbare il exauça notre priere, lorfque nous

XI. Rec.

H

« 이전계속 »