peine à celui qui m'en fait. Il vouloit parler de fon corps. J'ai fçu encore que le même jeune homme se trouvant expofé à une tentation violente, où un de fes parens l'avoit malheureusement engagé, s'étoit fauvé de ce danger par une prompte fuite, & avoit foulé aux pieds toutes les confidérations humaines pour conferver fon innocence. Tels font les fruits de bénédiction qu'opérent les retraites dans le cœur de nos Néophytes; vous ne ferez guéres moins édifié du zéle qu'elles leur inspirent la converfion des Infidéles pour le falut de leurs freres. Je me contenterai de vous en rapporter quelques exemples. pour & Un de ceux qui avoit fait la premiere Retraite, vint m'offrir un écu pour les frais de la feconde, voulant, difoit-il, avoir part au bien qui s'y feroit. Cette fomme toute légere qu'elle vous paroiffe, ne laiffoit pas d'être confidérable pour ce Chinois. Mon Catéchiste se disposant à aller chez un de fes parens pour des affaires de famille, on crut que la modicité de fes gages le portoit à m'abandonner. Un fervent Chrétien vint me trouver auffi-tôt, & me pria de lui permettre d'augmenter les gages du Catéchifte de trois écus par an, afin de le retenir au service de mon Eglife. « Je ferai bien récompenfé, m'ajoûta-t-il de cette fomme dont je me prive, ,, puifque j'annoncerai J. C. par la bouche du Catéchiste, & » qu'un grand nombre d'Infidéles tiendront de moi le bonheur qu'ils auront d'être convertis à la Foi, & de marcher dans les voyes du salut. Un Artisan au fortir de la retraite, alla à la campagne chez quelques-uns de fes amis, où il travailla pendant du tems fans recevoir aucun falaire : il réüffit par-là dans fon deffein, qui étoit d'ouvrir dans ces endroits deux Chrétientés, lefquelles dans la fuite pourront devenir très-nombreuses. Un autre a nourri pendant long-tems un Infidéle, qui donnoit quelque espérance de converfion, & qui s'eft converti effectivement. J'en ai vû d'autres qui jeûnoient plufieurs jours de fuite, & qui faifoient beaucoup d'autres auftérités, pour obtenir de Dieu la converfion de leurs parens, ou de leurs amis. Je ne finirois point, mon Révérend Pere,fi j'entrois dans le détail de ce que le zéle a fait entreprendre à plusieurs des Néophytes, pour gagner leurs freres à J. C. La dévotion au facré cœur de JESUS, qui croît de plus en plus en France, eft très-commune parmi nos Chrétiens, & produit dans leurs cœurs un grand amour pour la fainte humanité du Sauveur. Le livre qu'on a compofé fur ce fujet, & qui nous a été apporté par le feu Pere de Broffia, a été traduit à Macao en Portugais : j'efpere que par le moyen de cette traduction, une dévotion fi folide paffera jufques dans les Ifles Philippines, & dans l'Amérique Efpagnole. J'ai envoyé un de ces Livres à M. le Marquis de Puente notre infigne Bienfaiteur. Ce font-là des particularités que je devrois peut-être me difpenfer de vous écrire: je ne le fais qu'afin que dans l'occafion vous profitiez de ces connoiffances, pour nous le procurer un nouveau fecours de prieres des perfonnes, qui, en France comme ici, ont une dévotion particuliere au facré cœur de JESUS. J'attribue encore aux prieres ferventes de nos Chrétiens, lạ protection toute récente que Tao,ou premier Mandarin, vient d'accorder à la Religion. Ce Mandarin qui gouverne trois grandes Villes, paroît depuis long-tems goûter la Doctrine de l'Evangile, &. affectionner ceux qui l'embraffent: on crut même au commencement de fon Mandarinat qu'il profeffoit le Chriftianifme, parce qu'on remarquoit en lui beaucoup d'intégrité, & un éloignement fi grand de toute forte de fuperftitions, qu'il en étoit venu jufqu'à interdire quelques Temples d'Idoles, & à maltraiter les Bon |