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au Printems, & au milieu de l'Eté, le rendent fort humide. Si les pluïes arrivent au même tems que les grandes marées, une partie de la campagne en eft inondée: cette inondation finit à mesure que la marée baiffe, mais elle rend l'eau des puits très-mauvaise à boire. On fupplée à cet inconvenient, en recueillant l'eau qui tombe du Ciel dans de grands vafes de terré, où elle fe purifie, & se conserve.

Le grand froid n'y dure pas plus de 12. jours: la neige qui couvre alors la terre, n'y eft jamais fort haute, & elle fe fond. aux premiers rayons du Soleil. Il n'en eft pas de même de la chaleur qui y dure près de deux mois, & qui y feroit exceffive, fi elle n'étoit moderée de tems en tems par des vents & par des

pluyes

pluyes d'orage accompagnées d'éclairs & de tonnerre. Il ne se passe point d'années qu'il n'y ait des maisons confumées par le feu du Ciel; & que la foudre n'écrafe quelques-uns de ces Infulaires. Les Infidéles regardent ces accidens comme des châtimens du Ciel; & quelque chofe qu'on leur dise au contraire, on ne fçauroit leur ôter de l'efprit, que ceux qui font ainfi frappés de la foudre, ne foient de méchantes gens & indignes de vi

vre.

Outre cela, il vient deux ou trois fois l'année du côté du Nord-Eft des coups de vent ter ribles, que nous appellons ou ragans fur nos mers, & que les gens du pays appellent Pao-fong, c'eft-à-dire, vents cruels, tyrannie de vent. Rien ne leur réfifte; arbres, maisons, tout eft renXI. Rec.

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verfé pendant deux ou trois jours que regnent ces vents, ils ruïnent entierement les travaux des pauvres gens de la campagne, & détruisent l'efpérance des plus abondantes recoltes. Ces vents furieux foufflent d'ordinaire vers la fin de Juillet, à la mi-Août, & au commencement de Septembre. Malheur aux Vaiffeaux qui fe trouvent alors fur les côtes de la Chine, il est rare qu'ils échappent au naufrage.

Nos Infulaires fe fouviendront long-tems des défordres que caufa un de ces ouragans la nuit du premier jour de leur 6. Lune, en la 35°. année du Regne de l'Empereur qui eft aujourd'hui fur le Trône. Il s'éleva dès le matin un vent violent, fa fureur augmenta durant la nuit, & là mer en fut tellement agitée,

de

qu'elle franchit fes bornes, & le répandit à plus d'une lieuë loin dans l'Ifle. Touté la récolte de l'année fut perdue, les maisons furent renversées, des milliers d'hommes, de femmes, & d'enfans furent engloutis dans les eaux: il ne se sauva que peu perfonnes, qui eurent affez de force pour gagner la terre à la nâge, ou qui eurent l'adresse de grimper au plus haut des arbres. Ce qu'il y eut encore de triste, c'eft que cette inondation infecta tellement une partie du pays, qu'il périt prefque autant de monde l'année suivante dans les lieux voifins, où la mer n'avoit pas pénétré. Cependant quand je parcours cette partie de Ifle, qui a été fi maltraittée-depuis peu d'années, je la trouve auffi peuplée & auffi-bien culti vée, que les terres les plus recu

lées de la mer, qui n'ont rien à fouffrir de l'inondation.

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Au refte le pays eft fort agréable la multitude des maifons dont la campagne est toute femée, fait un bel effet à la vûë, D'efpace en efpace on voit de gros Bourgs, où il y a quantité de boutiques de Marchands, qui ont en abondance tout ce qu'on peut defirer. Les unes font garnies de foyeries & d'étoffes fomptueufes on vend dans les autres tout ce qui peut contri-' buer aux néceffités, & même aux délices de la vie. Dans d'autres on trouve tout ce qui fert aux chofes du ménage, comme font les meubles, & les autres uftenciles domestiques.

De plus il y a entre chaque Bourg autant de maisons répandûës çà & là dans la

campagne,

qu'il y a de familles occupées

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