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La Providence y a fuppléé en faifant croître tous les ans des forêts de rofeaux aux environs de ces falines. Il y a là un grand nombre de Chrétiens pleins de ferveur & de pieté, qui ont une Eglife dédiée aux Saints Anges. La premiere fois que je les vifitai, ils me firent remarquer ce trait de la Providence à leur égard.

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Voyez, me difoient-ils, com,bien cette aimable Providence eft attentive à nos befoins; car enfin s'il nous falloit aller chercher bien loin ces rofeaux que nous trouvons fous la main. ,, nous ne pourrions jamais réfif,, ter à une semblable fatigue, & ,, nos terres nous deviendroient ,, par-là tout-à-fait inutiles.

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Le grand commerce qui fe fait dans l'Ifle, fert auffi à faire fubfifter la multitude inconcevable de fes habitans. Le commer

ce n'est interrompu qu'aux deux premiers jours de leur premiere Lune, qu'ils employent aux divertiffemens & aux visites ordinaires de la nouvelle année. Hors de là tout eft en mouvement dans la Ville & à la campagne. Les uns apportent des Provinces de Kiang-fi & du Hou quang une quantité prodigieufe de ris, celui qu'on recueille dans toute l'Ifle fuffifant à peine pour l'entretenir un ou deux mois. Les autres portent dans les Villes du Continent leur coton & leurs toi les, & en reviennent avec touté forte de denrées, & avec d'au tres marchandises qu'ils débitent en très-peu de tems. J'ai vû des Marchands, par exemple, qui, trois ou quatre jours après leur arrivée, avoient vendu jufqu'à fix mille bonnets propres de la faifon.

Il n'y a pas jufqu'aux plus pau vres, qui avec un peu d'économie, trouvent le moyen de fubfifter aisément de leur commerce. On voit quantité de familles, qui n'ont pour tout fonds que 50. fols ou un écu: & cependant le pere, la mere avec deux ou trois enfans, vivent de leur petit negoce, fe donnent des habits de foye qu'ils portent aux jours de cérémonie, & amaffent en peu d'années dequoi faire un commerce plus confidérable, C'eft ce qu'on a peine à com prendre, & c'eft pourtant ce qui arrive tous les jours. Un de ces petits Marchands qui fe voit cinquante fols, achète du fucre, de la farine, & du ris. Il en fait de petits gâteaux qu'il fait cuire une ou deux heures avant le jour pour allumer, comme on parle ici, le cœur des Voyageurs. A

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VAAL

peine fa boutique eft-elle ouverte, que toute fa marchandise lui eft enlevée par les Villageois, qui dès le matin viennent en foule dans la Ville; par les Vendeurs de roseaux, par les Ouvriers, les Porte-faix, les Plaideurs, & les enfans du quartier. Ce petit négoce lui produit au boût de quelques heures 20. fols au-delà de la fomme principale, dont la moitié fuffit pour l'entrétien de fa petite famille.

La monnoye dont on fe fert pour le commerce, eft la même qui eft en ufage dans tout l'Empire: elle confifte en divers morceaux d'argent de toute forte de figures qu'on pefe dans de petites balances portatives, & en des deniers de cuivre enfilés dans de petites cordes centaine par centaine jufqu'au nombre de mille. Leur argent n'eft pas tout

de même titre. Il s'en trouve du titre de 90. jufqu'à celui de cent, qui eft le plus fin. On en voit auffi du titre de 80. c'est celui qui eft de plus bas aloi: il n'est point de mise, à moins que l'on n'en augmente le poids jufqu'à la valeur de celui qui doit paffer dans le commerce.

La livre d'argent eft du poids de deux de nos écus : il y en a du poids de 6. de 7. & même de 50. d'autres de la valeur de 250. de nos livres de France. Ces lingots font toujours de l'argent le plus fin, & on les employe pour payer les groffes fommes. La difficulté eft de s'en fervir dans le détail: il faut les mettre au feu, les battre, les applatir enfuite à grands coups de marteau, afin de pouvoir les couper ailément par morceaux, & d'en donner le poids dont on eft convenu. D'où

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