ment fort chaud, ont befoin de fe baigner plufieurs fois le jour. J'ai même été furpris de voir que lorfqu'ils ont trop mangé, le bain étoit l'unique remede qui les guériffoit de leur indigeftion.

Nous entrâmes enfuite dans les bois où nous fîmes lever quantité de Cerfs & d'autres bêtes fauves. La fituation d'un lieu fi commode nous détermina à y établir notre Peuplade. Le lendemain qui étoit la Fête de l'Exaltation Sainte Croix , nous montâmes au plus haut de la colline, & j'y plantai une Croix fort élevée pour prendre poffef

fion de cette terre au nom de JESUS-CHRIST. Tous nos Indiens l'adorerent en fe profternant, après quoi ils chanterent le Te Deum en action de gra

ces.

Je portai auffi-tôt à la Peuplade de Saint Michel l'agréable nouvelle de la découverte que nous venions de faire. Tous les Indiens deftinés à peupler la nouvelle Colonie, fe difpoferent au départ, & firent provifion des outils qu'ils purent trouver, soit pour couper les bois, foit pour mettre les terres en état d'être cultivées: ils conduifirent auffi un grand nombre de Bœufs propres au labour. Je ne jugcai pas à propos que leurs femmes & leurs enfans les fuiviffent, jusqu'à ce que la Peuplade commençât à fe former, & que la terre eût porté de quoi fournir à leur fubfistance.

des

Les Caziques commencerent dabord par faire le partage terres que devoit poffeder chaque famille. Enfuite ils femerent quantité de coton: cette plante

vient fort bien dans les campagnes du Paraguay; la femence en eft noire & de la groffeur d'un pois : l'arbre croît en forme de buiffon; il porte dès la premiere année: il faut le tailler chaque année comme on taille la vigne en Europe. La fleur paroît vers le mois de Décembre ou de Janvier: elle reffemble affez à une tulippe jaune: au bout de trois jours elle fe fanne & se détache. Un bouton lui fuccede qui meurit peu à peu: il s'ouvre vers le mois de Février, & il en fort un floc con de laine fort blanche. C'est de cette laine que les Indiens font leurs vêtemens. Les Miffionnaires apporterent autrefois du chanvre d'Efpagne; il croîtroit dans ce pays auffi facilement que croit le coton: mais l'indolence des femmes Indiennes ne peut s'accommoder de toutes les Sy

· façons qu'il faut donner au charvre pour le mettre en état d'être filé: le travail leur en parut trop difficile, & elles l'abandonnerent pour se borner à la toile de coton, qu'elles font avec moins de peine.

Auffi-tôt qu'on cur appris dans les autres Peuplades que nous travaillions à fonder une nouvelle Colonie,chacune à l'envi voulut nous aider. Les unes nous envoyerent des Boeufs; d'autres nous amenerent des Chevaux; quelques autres nous apporterent du bled d'Inde, des pois, & des féves pour enfemencer les terres. Ce fecours venu fi

à propos, encouragea nos Indiens. Ils partagerent entre eux les travaux: une partie fut defti-née à labourer la terre, & à Y femer les grains; l'autre partie à couper des arbres pour la con

ftruction de l'Eglife & des maifons. Avant toutes chofes je choifis le lieu où devoit fe conftruire l'Eglife & la maison du Miffionnaire: De-là je tirai des lignes paralleles qui devoient être autant de ruës, où l'on devoit bâtir les maisons de chaque famille; en forte que l'Eglife étoit comme le centre de la Peuplade, où aboutiffoient toutes les ruës. Selon ce plan le Miffionnaire fe trouve logé au milieu de fes Néophytes, & par-là il eft plus à portée de veiller à leur conduite, & de leur rendre tous les fervices propres de son ministere. Pendant que mes Indiens étoient occupés à bâtir la nouvelle Peuplade, je fis une décou verte qui nous fera dans la fuite d'une grande utilité, Ayant apperçu une pierre extraordinairement dure, qu'on appelle ici