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renvoyai fon avel. Il en fut fi touché, qu'il partit fur l'heure avec un Kollen qui ôta les fers à mes Catéchistes. J'acceptai auffi-tôt l'avel qu'il me préfentoit; mais j'eus bien de la peine à en faire usage, mon eftomac s'étant extrêmement rétréci par la longue abftinence que j'avois faite.

Une abftinence fi extraordinaire toucha extrêmement les Gentils l'un d'eux qui s'étoit le plus déclaré contre le Chriftianifme, donna un fanon* pour m'acheter du lait, afin de participer par cette aumône au mérite de la vie auftere que je menois: il m'a fait dire depuis qu'il penfoit férieusement à sa converfion. «Si ce Sanias étoit Pran

C'eft environ quatre fols de notre monnoye.

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» gui, difoient les autres, auroit » il pû vivre de la forte feulement pendant quatre jours ? Que de» vons-nous donc penser après » un mois entier d'une fi rude pé» nitence? On nous affuroit qu'il >> faifoit bonne chere: la faufseté » de ces bruits,qu'on femoit pour » le décrier, eft manifefte; car » enfin on ne paffe pas ainsi d'une » extrémité à l'autre.

Un des Principaux de la Ville me rendit de fréquentes visites tant que dura cette perfécution. Il ne pouvoit comprendre comment on avoit pû en user ainsi à notre égard. «Hé quoi ! me di» foit-il, vous n'avez commis au»cune faute qui mérite ce châti»ment : vous ne vous occupez ›› que de la priere, ou des exerci»ces de charité: vos Catéchistes » vivent d'une maniere irrépré» henfible: comment donc fe

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» peut-il faire que ce malheur >> vous foit arrivé? Vous avez »beau nier la tranfmigration des »ames, vous ne m'ôterez jamais "de l'efprit l'opinion où je fuis » qu'il y a eu fans doute une autre » génération, dans laquelle votre >>ame & celles de vos Disciples fe » font attirez les disgraces présen

>> tes.

Un de mes Catéchistes lui répondit, que l'homme n'eft jamais exempt des fautes du moins légéres, & que le moindre péché, par exemple, une distraction volontaire dans la priere, ou d'autres fautes de cette nature qui offenfent la Majefté Divine, méritent des peines encore plus grandes que celles que nous avions fouffertes: mais que cette vérité n'entroit pas dans l'efprit des Idolâtres, parce qu'ils n'avoient nulle idée des perfections infinies de

l'Eftre fuprême. Le Brame parut embaraffe de cette réponse: il le fut encore davantage,lorfque j'a joûtai qu'il ne falloit pas s'imaginer que les peines paffageres de cette vie, que Dieu permet fouvent pour notre plus grand bien,fuffent toûjours jointes avec le péché; qu'il s'eft trouvé des ames innocentes, qui néanmoins ont beaucoup fouffert; que les fouffrances font d'un grand mérite auprès de Dieu, & font pratiquer plufieurs vertus qui nous feroient inconnues, fi nous joüiffions de toutes les douceurs de la vie préfente; que je n'avois garde de me mettre au rang de ces ames faintes, moi qui avois tant de raifons de m'humilier; mais que je prétendois feulement le défabuser de l'erreur groffiere dans laquelle il avoit vêcu jusqu'alors.

Au refte je crois devoir donner ici un confeil à ceux que la Providence destine à ces Miffions, c'eft de ne jamais parler d'eux-mêmes en préfence des Idolâtres. Un Miffionnaire ayant dit par un fentiment d'humilité, qu'il étoit un grand pécheur, un Gentil qui l'écoutoit, alla auffitôt le redire à tous fes compatrio>> tes: Et il faut bien que cela foit » vrai, ajoûtoit-il, car il l'avouë >> lui-même.

Le P. Martin ayant appris la nouvelle de ma détention, partit à l'inftant de fa Miffion de Maduré pour venir à notre secours: il fit une diligence incroyable, & fe rendit en peu de jours au Palais de sexfacb. C'étoit s'expofer lui-même à une rude prifon, que de fe préfenter à ce Gouverneur dans de pareilles conjectures: fon zéle & fon cou

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